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Writer's pictureSylvain Lupari

[´ramp]: Astral Disaster (2012) (FR)

“Astral Disaster est un festin électronique où la passion de Stephen Parsick pour l'art de la MÉ transcendes le coeur de ses influences”

First Set - Flatten Them! (37:55) 1 Forever Returning 7:15 2 Blast 11:08 3 Rather Far Out 5:51 4 Halo Inductor 13:41 Second Set - Doomsday Is Family Time (38:32) 5 The Nameless is the Origin 9:30 6 Oscillator Planet 5:20 7 Astral Disaster 8:03 8 Jericho 15:39 Doombient. music (CD/DDL 76:27)

(Dark Ambient, Berlin School) (V.F.) Chœurs chthoniens humant sur les vestiges d'une société déchue, lourdes réverbérations flottant comme une odeur de mort sur des rythmes ambivalents et pulsations de machinerie diaboliques moulant des cadences imprécises; tels sont les éléments sonores qui ornent l'univers méphistophélique de ['ramp]. Enregistré en concert au Bochum Planetarium, ASTRAL DISASTER continu dans la foulée entreprise par Stephen Parsick avec les puissants albums Steel and Steam et Return; deux albums qui figurent dans mon Top 10 de 2011. Bien campé derrière sa panoplie de synthés et équipements analogues, le synthésiste Allemand tisse les grandes lignes d'une messe noire qui fait frémir et gémir les plus incrédules des oreilles, tant c'est puissant, tant c'est ….puissant!

Flatten Them! débute la prestation de ['ramp] avec un lointain souffle agonisant qui fractionne sa décrépitude pour libérer une série d'halètements tournoyant comme d'oblongs lassos apocalyptiques. Forever Returning nous plonge tout de go dans le sombre et théâtrale univers luciférien de Stephen Parsick. Le titre (issu de Return) est une lente procession arythmique ornée d'ondes sombres et de brises de machineries sataniques. Ces ombres et ces brises flottent dans une obscurité dont l'opacité est légèrement perturbée par un chapelet de cerceaux lumineux qui ruissellent dans une marée d'âmes mugissant de soupirs réverbérants. Ces cerceaux hululent d'une contrastante limpidité alors que les souffles des machines continuent leurs lents martèlements jusqu'aux lourdes pulsations de Blast. Et tranquillement un rythme s'installe. Un rythme aussi pesant que lent avec de lourdes pulsations résonnantes qui peinent à se défaire de l'emprise des chœurs chthoniens. Une ligne de séquences émerge. Elle fait tournoyer ses accords qui voltigent avec frayeur alors que les lourdes pulsations augmentent la cadence, poussant Blast vers une intense démarche titubante. Une envoûtante mélodie méphistophélique se fraye un chemin harmonique entre ces deux mouvements alambiqués dont les paradoxes sèmeront une cacophonie, tant harmonique que rythmique, qui nous conduira au temple de Rather Far Out et de ses anges déchus qui s'agrippent aux couloirs intemporels. Des séquences papillonnantes en émergent un peu après les deux minutes, dessinant des boucles entrecroisés qui volettent dans les entrailles des lourds mugissements infernaux. Ce rythme névrotique tourbillonne avec furie dans une spirale affolée d'où s'échappent les brins d'une mélodie abstraite qui sépare le rythme de l'arythmie dans un étrange ballet pour gnomes aux ailes de lucioles. Halo Inductor étend son rythme fragile avec de fins accords qui dansent sur les cendres de Rather Far Out. Délicat, ce rythme reste incertain. Il fait sautiller ses séquences de verres noires sur un champ de brume ocrée où chœurs angéliques détonnent dans ce décor de cataclysme électronique. Tournoyant dans un carrousel harmonique, qui est propulsé par des spasmes d'une machinerie discrète, Halo Inductor valse avec la noblesse de sa noirceur onirique. Point de ruades. Juste un rythme délicat qui voltige sur place, cerné d'un chapelet de notes qui scintillent dans un univers parallèle où les stupéfiants chœurs séraphiques le conduisent à son dernier battement dans une finale sereine à faire rêver les âmes les plus rebelles.

Plus tranquille, la 2ième partie d'ASTRAL DISASTER, Doomsday is Family Time, est une longue suite de souffles sombres, d'ondes oscillatrices et de tonalités électroniques puisées dans l'antre du VCS-3 et dans les fils d'un Mellotron aussi sombre que musical. C'est un retour dans le temps où les ambiances planantes et psychédélicosmiques recueillent dans leurs tonalités de longilignes lamentations ectoplasmiques, ressuscitant des réminiscences de Pink Floyd dans Echoes et Ummagumma ainsi que des premières œuvres expérimentales de Tangerine Dream dans Zeit et Atem. The Nameless is the Origin et Oscillator Planet avancent ainsi comme des spectres sillonnant les déserts de Doomstown jusqu'au puissant Astral Disaster, de l'album Return, qui étend ses lents voiles vampiriques sur cette portion très sombre et ambiante de ce concert sous les étoiles du planétarium de Bochum. Aussi lourd et tonitruant que Blast, Jericho conclut ce dernier opus de ['ramp] avec une approche caractéristique des rythmes lents mais puissants qui se retrouvent dans les œuvres de Stephen Parsick. À mi-chemin entre les lourdeurs aphrodisiaques de Redshift et des rythmes titubants d'Arc, Jericho percute les murs environnants avec d'éclatantes lourdeurs réverbérantes dont les échos sont emmitouflés par des chœurs aux chants hybrides et des brumes de mellotron avant d'éclater de toute sa puissance dans une finale tempétueuse. Les oreilles ne tiennent pas le coup dans un casque d'écoute…mais on en redemande.

Arc, Redshift et ['ramp] sont les porte-étendards d'un genre que peu ose aborder tant les risques de perdre l'auditeur dans l'ennui sont immenses. Mais on ne s'ennuie guère, loin de là. ASTRAL DISASTER est une fête dans le genre Dark Ambient propulsé par séquenceur. C'est un puissant album dont chaque détail et chaque ligne est soigneusement défriché puis replacé dans un imposant collage de structures qui respirent la beauté de son magnétisme méphistophélique. C'est une œuvre envoutante où les rythmes et ambiances se fondent dans une superbe symphonie électronique sculptée dans les armoiries de DoomHell. À ajouter à la collection des Debris, Steel and Steam et Return ... Et dépêchez-vous, c'est disponible en édition limitée de 300 CD numérotés. C'est maintenant disponible sur le site Bandcamp de ['ramp].

Sylvain Lupari (21/11/12) ****½*

Disponible au ['ramp] Bandcamp

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