“Debris est un très bon mélange de ['ramp] en mode vintage et ce côté ambiant de la série Doombient”
1 Rails 4:35 2 Skeletarl 13:50 3 Girders 2:30 4 Wreckage 4:20 5 Pieces 5:08 6 Debris 7:08 7 Coventried 4:19 8 Hamburgised 5:32 9 Dresdened 2:54 10 Bridges 8:35 11 Slow Corrosion 13:52 12 Residual Oxide 3:26 DOOMBIENT.MUSIC (CD 76:08)
(Dark ambient, Berlin School)
Une lourde onde corrosive enveloppe l'introduction de Rails dont les coups de roues envoient une vapeur ocre étend une étrange aura cosmique dans un univers industriel. Enregistré dans la tourmente d'une séparation houleuse avec l'autre moitié de ['ramp']; Frank Makowski, DEBRIS aura pris près de 3 ans avant de voir le jour. Le résultat est un album qui allie la lourdeur obscure de ['ramp] à des houleux mouvements du séquenceur qui sont étonnement violents après une série d'albums ambiants du duo Allemand.
Suivant les coups de roues de Rails, qui se concluent sur des percussions métallisées, Skeletarl avance à tâtons dans des pénombres suintants avec une ligne de basse aux pulsations arythmiques. Une explosion de violence sonore arrive. Elle est latente et vocifère avec des murmures spectraux et des percussions papillonnées qui sont éparpillées sur un mouvement hésitant de rythme avançant comme dans une montagne russe qui peine à tirer ses chariots. Avec ses réverbérations corrosives et son environnement industriel, Skeletarl nous plonge dans un univers lourd et violent où les résonances nous bouffent les tympans sur un rythme étrangement vague dont l'essence est tirée des sombres profondeurs de Redshift. Ce titre dépeint à merveille l'ambiance dure et métallique qui surplombe cette dernière parution de ['ramp] avec son mouvement sinueux qui serpente les méandres de l'atonie tout en grugeant les murs de tôle de ses griffes acérées afin de se nourrir d'un métal tordu et hurlant. De Girders à Residual Oxide, ['ramp] passe par tous les niveaux souterrains pour offrir un carnage sonore, tantôt statique et tantôt animé par un rythme séquencé, dont les courbes lancinantes sont avalées par les passages terrifiants d'une usine délabrée. C'est du ['ramp], mais aussi du Stephen Parsick qui aime les atmosphères de béton humide. Un Stephen Parsick qui exploite aussi des mouvements du séquenceur d'une lourdeur enivrante et d'une vitesse équivalente comme sur Wreckage où des roulements de tambours sur des barils d'huile contaminée s'entremêlent à un univers sonore décapant de séquences hurlantes. Des séquences qui se fondent aux lueurs tamisées de Pieces pour continuer de pulser dans un monde industriel à la dérive avant de glisser sur les roulements de billes de la pièce titre qui arrache tout simplement le métal de tours coulissantes avant que les lourdeurs de Coventried et Hamburgised ne terminent le travail de démolition. Coulé dans l'acier trempé et en une seule longue pièce segmentée de 12 volets, DEBRIS offre peu de moments ambiants. Les moments de tranquillité se trouvent dans Dresdened et ses longs souffles atonaux qui circulent parmi les débris dans une cour d'usine. Quoique lourd et incroyablement sinistre, Slow Corrosion hoquette de ses séquences pesantes dont les migrations aléatoires pulsent lourdement sous des percussions métallisées qui papillonnent surplace. Son mouvement est aussi patibulaire que Skeletarl mais n'explose pas et conserve la linéarité oscillatoire d'une grosse tortue affamée ruminant sur son appétit jusqu'aux derniers souffles caustiques de Residual Oxide.
Debris est une révélation. Alors que l'on s'était habitué aux univers placide des atmosphères tétanisées de la série Doombient, Debris arrive avec ses gros sabots et défonce cette armature froide et caustique de Doombient. Et au final, c'est aussi près de Redshift que le travail d'un seul musicien peut le permettre dans un sublime mélange des deux univers. Stephen Parsick moule subtilement et habilement ses effets de réverbérations métalliques et caustiques à des séquences aux lourdes résonnances qui font littéralement fondre les derniers vestiges de la série Doombient. C'est un incontournable pour les amateurs de ['ramp'], de Dark Ambient et de Berlin School.
Sylvain Lupari (November 2nd, 2009) *****
Disponible au [´ramp] Bandcamp
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