“Doombient 4: Caverna Larvarum est la somme d'une imagination sans limite qu'un compositeur transpose à son auditeur”
1 Caverna Larvarum 7:55
2 Summoning 14:40
3 In Dead Cold 6:10
4 Ektoplasma 3:05
5 Bioluminiscence 6:00
6 Spectral Moths 2:00
7 A Long Descent 12:25
8 The Deep Well 3:40
Doombient.Music (CD 55:55)
(Dark Ambient, Berlin School)
['ramp] ou Stephen Parsick? Stephen Parsick ou ['ramp]? Un questionnement qui a toute sa justification, tant les hémisphères musicaux des deux entités sont quasi identiques. Enregistré après le très sombre et ambiant concert du Kunstfeld-Feldkunst Visual Art Performance (Doombient: Verbrannte Erde 2002), Doombient 4: Caverna Larvarum est un prolongement des territoires lourds, complexes, sombres et ambiants de Verbrannte Erde mais avec un étrange zest de claustrophobie. Et ça s'explique! C'est dans la grotte de Dechenhohle, éclairée par mille et une bougies, que Caverna Larvarum fut enregistré. Bah! Il y a bien quelques petits problèmes sonores, mais ils passent inaperçus dans ce dédale de sons ténébreux et résonnants. Et j'insiste à dire que cet album confirme le statut de Stephen Parsick en tant que maître absolu du Dark Ambient poétique aux textures industrielles.
Un synthé souffle une lourde onde teintée d'une opacité méphistophélique dont les délicates oscillations flottent parmi de lourdes résonances. Cette brise des enfers initie les premières émanations musicales des étranges et lointaines cryptes de Caverna Larvarum. De superbes nappes flûtées subdivisent leurs tendres harmonies errant dans ces lourdeurs cénotaphes pour dévier dans le plus pur occultisme avec la chorale chthonienne de Summoning. Lent et très envoûtant, le plus long titre Doombient 4: Caverna Larvarum nous transporte aux portes des ténèbres avec une oblongue structure atonale teintée d'étranges frissonnements, ou murmures, qui s'échappent avec une intensité variable telle une messe satanique qui survit au centre de la terre. Quoique long, Summoning est absolument envoûtant avec ses incantations sataniques dont la puissance des octaves l'emporte sur les lourdes et sombres strates d'un synthé stigmatisé par une frayeur enfouie dans les territoires abyssaux d'un univers en perdition. Un monde qui glisse encore plus bas avec In Dead Cold et ses tintamarres industriels qui s'agitent sous les hurlements d'un gyrophare apocalyptique.
Nous sommes dans les entrailles d'un chaos qu'Ektoplasma ravive de stridents sifflets, comme une immense bouilloire hurlante, dans un univers parallèle alors que plus doux et plus chaleureux Bioluminiscence installe les bases d'un monde ambiant qui tranquillement cherche l'air oxygéné dans une belle foulée aux puissantes vagues synthétisées qui le refoulent dans le ressac de son incantation. La vie s'installe avec douceur, embrassant les esquisses musicales des grands ténors de l'ambiant comme Michael Stearns et Steve Roach avec de douces et tendres vocales qui embrassent une fois de plus les lourdeurs souterraines avec Spectral Moths et ses striures d'une guitare hurlant à l'abandon. Un bref titre qui nous conduit aux portes de la démence avec A Long Descent, là où la guitare de Marcus Reuter flirte toujours avec la noirceur, moulant ses hululements avec la paranoïa d'une solitude forcée alors que les premières frappes du gros Moog de Mark Shreeve résonnent avec force au plus profond de nos tympans. A Long Descent se transforme en une étrange transe hypnotique avec un rythme lourd et lent qui pulse entre les cliquetis d'une cymbale amochée et des boucles d'une guitare aux solos infernaux, étalant tout le paradoxe rythme et atonie dans un splendide giron hypnotique qui s'épuise graduellement afin d’embrasser la noirceur abyssale de The Deep Well.
Doombient 4: Caverna Larvarum est la somme d'une imagination sans limite qu'un compositeur transpose à son auditeur. Une pure merveille d'un monde musical sombre et ambiant mais enchanteur où Stephen Parsick puise au plus profond de ses ressources pour offrir un spectacle très représentatif de son environnement. On peut y entendre les parois de la caverne vivre et gémir sur une musique à la fois corrosive et chaleureuse. On peut sentir toute la paranoïa qui guette ceux qui sont pris ou caché dans les ombres de ces grottes aux 1,001 passages avec des strates et des chœurs aussi intenses que noirs. Un album intense, qui est à la hauteur de cette sensibilité qui guide les œuvres de Stephen Parsick, que je recommande fortement aux amateurs de Dark Ambient. Ne serait-ce que pour A Long Descent… Ouf!
Sylvain Lupari (23/08/10) ***½**
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