“Halo est un album vaporeux qui bouge avec la grâce d'un escargot au ventre plein”
1 Leviathan 10:00
2 Rhode Kill 2:46
3 Panzer 4:03
4 Different Light 2:35
5 Halo 14:21
6 Savage Messiah 7:00
7 Rise & Shine 5:14
8 Turbine 7:11
9 Leaving 4:57
(DDL 58:07)
(Dark ambient Berlin School)
Voilà un album pour le moins particulier de l'univers Redshift. Que diriez-vous d'un album sombrement éthéré? Plus ambiant que rythmique, HALO est le 5ième album de Redshift, mais disons plutôt de Mark Shreeve puisque c'est ce dernier qui l'a conçu de A à Z. Ça explique cette vision d'album plus intimiste et plus tranquille aussi avec une musique toujours aussi lourde où Shreeve démontre qu'il est le plus Redshift que les autres membres de Redshift.
Comme son titre, Leviathan est imprégné de mystère! Il ouvre HALO avec de sournois battements dont l'ombre élastique forge un rythme soutenu dans une brume azurée. Des arpèges scintillent, sautillent et virevoltent innocemment sur cette structure pour le moins paisible avec ces airs arabiques soufflés entre les vents qui ne charment pas seulement que les serpents. Ces arpèges deviennent séquencés et, avec les battements, solidifient la structure du titre. Son long parcours minimaliste secoue par moments sa torpeur avec des agitations momentanées, des secousses stroboscopiques qui allument notre intérêt de facto. Le rythme, comme les ambiances, accroît sa vélocité jusqu'à devenir plus fluide après la 5ième minute. D'ambiant, il devient la propriété d'un bon vieux Redshift où il ne manque que sa lourdeur légendaire. Cette fluidité guide Leviathan vers des territoires venteux et glauques autour de la 7ième minute. Là où tout est à refaire, sauf qu'épuisé le titre se laisse trainer vers les abysses méphistophéliques. Ce territoire unique à Redshift! De cette finale naît Rhode Kill et ses notes de piano électrique qui sautillent dans une brume Redshift, là où les voix absentes dominent. Aussi belle que lugubre dans cette ambiance industrielle tamisée par la sueur de la peur, cette mélodie sans ombre tente d'exorciser la force de ces vents mécaniques. Mais voilà, nous sommes dans Panzer! Et ici, on court après son souffle sur une structure débridée offerte par un séquenceur aux ions sautant plus vite que leur ombre dans une grotte où l'air se rarifie. De spectaculaires harmonies de synthé et de guitare s'échangent leurs airs diaboliques et déchirent cette ambiance sulfureuse piétinée par la course du séquenceur. Une poursuite métallique futuriste digne d'un bon sci-fi! Different Light est un titre atonique où les couches de synthé remplissent un univers immobile, abstrait.
La pièce-titre est la plus longue avec son souffle luciférien qui fait dandiner une ligne du séquenceur. Les ions ont cette tonalité limpide que l'on remarque souvent dans le répertoire de Redshift. Un peu comme Halloween mais en version plus accélérée. L'écho de leurs tintements résonnent et structurent un voile ambiant où d'autres ions y dansent sur la pointe des pieds. Entre Mirage et les fabuleux contes musicaux de Mark Shreeve, Halo progresse sournoisement, même avec son carrousel de séquences qui entre dans la bouche de sa tanière autour de la 4ième minute. Les accords lourds qui tombent instaurent ce climat chtonien qui ceinturent de plus en plus ce mouvement hypnotique et qui tapissent le sol de façon à accueillir une nouvelle spirale séquencée qui s'éteint dans de lourds bourdonnements 5 minutes plus loin. La suite de Halo est un piège pour âmes virginal cherchant à flirter avec les ténèbres. Sa finale s'étend au-delà de Savage Messiah qui, sans être comme Panzer, offre un rythme frénétique étouffé par l'obscurité. Le séquenceur se détache avec une brillante ligne de rythme qui zigzague avec une mélodie diabolique de coller sur son dos. C'est lourd et vivant, avec ce séquenceur en mode Berlin School qui fait onduler le rythme comme le jeu d'un cerf-volant sous des vents obscurs. Le synthé tisse de belles harmonies qui s'étirent sous formes de solos alors que le rythme fonce comme une bête avec ses pas résonnants sur une terre de boue. Du bon gros rythme électronique lourd avec un beau clin d'œil à Statosfear de Tangerine Dream. Parlant TD, Rise & Shine nous transporte aux parfums sonores de Rubycon. Un titre atmosphérique lourd et sombre qui se poursuit avec Turbine où Redshift maintient propose un rythme amphibien dans une ambiance sans oxygène où hurlent des voix aussi difformes que ce rythme qui se rompt le corps, ramassant ses notes une après l'autre pour retrouver sa furie dans une ambiance de Heavy-métal diabolique. Leaving solidifie cette présence de musique atmosphérique ténébreuse qui entoure HALO. La brume chtonienne libère cet air lugubre d'une séduisante orgue que des voix absentes avalent sans compenser pour autant cette ambiance méphistophélique qui règne autour de ce dernier album de Redshift.
HALO demeure un album qui m'a toujours divisé. Au début je n'ai pas vraiment aimé. Sans doute que je m'attendais à plus après avoir succombé aux charmes de Siren. Pourtant, la majorité des amateurs de Redshift s'entendent pour dire que c'est le meilleur. Voyez comme la nature honore ses goûts de façon bien singulière? HALO est un album velléitaire qui se déplace avec la grâce d'un escargot qui a le ventre plein, exception faite de Panzer et de Savage Messiah. Mais j'ai fini par aimer, surtout après une seconde analyse. Comme quoi la musique est un art qui ne s'explique pas, mais qui se vit! L'album est discontinué depuis longtemps, mais il est à nouveau disponible en format téléchargeable sur la page Bandcamp de Redshift.
Sylvain Lupari (25/09/06) ***¾**
Disponible chez Redshift Bandcamp
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