“Entre les audaces de Klaus Schulze et le romantisme d'Indra, EOD est un incontournable et un des gros albums en 99 comme en 09”
1 Entering The Dream 11:53
2 Velocity 11:30
3 Lunascape 17:19
4 Silent Conversations 8:02
5 Mirage 22:58
(CD 71:55)
(Berlin School)
L'univers musical de Remy est à la croisée des audaces de Klaus Schulze et du romantisme de Indra.
Une musique enivrante, teintée d'une étrange mélancolie qui rappelle les vieux films Français, de même que l'art sombre après-guerre. Initialement réalisé en 1999, en format double-cd, EXHIBITION OF DREAMS est le tout premier essai musical de Remy. Discontinué depuis un bail, AKH Records a décidé de célébrer ce 10ième anniversaire en grande pompe avec la parution d'un cd simple (où Remy a soigneusement choisi de retravailler 5 titres), de la version complète remasterisée et d'une édition spéciale comprenant cette version remasterisée avec un cd-r des restants de cette session d'enregistrement. Ces 2 derniers items verront le jour en Janvier 2010. En attendant leurs sorties, je vais vous parler de cette sélection de 5 titres retravaillés par Remy. Il en résulte en une agréable heure d'écoute qui nous fait passer par toutes les sphères musicales du synthésiste Néerlandais.
Un doux mellotron aux souffles flûtés valse en suspension dès l'ouverture de Entering the Dream, qui est une nouvelle vision de Into the Dream. Déjà on saisit l'ambiance étonnamment romanesque qui découlera de cette sélection musicale. Une ouverture mélodieuse empreinte de nostalgie souffle sur une approche harmonieuse du séquenceur dont les boucles roulent sur les délicates pulsations d'une ligne de basse discrète. Entre le calme et le déchirement, le synthé y va de suaves approches éthérées, comme une guitare esseulée qui clame sa solitude nocturne. En mi-parcours, la séquence se détache et emprunte une tonalité plus limpide sous un tonnerre de percussions dont les roulements, ainsi que les hurlants solos de synthé, apportent une touche résolument plus rock à Entering the Dream. Velocity porte bien les couleurs son titre avec le séquenceur qui découpe une ouverture rapide et tranchante. Cette approche minimalisme bouillonne sous de bonnes strates violonées qui hachurent une structure névrotique. Tantôt supporté par des percussions et tantôt par une structure de basse ondulante, Velocity offre un rythme oppressant tout au long de ses 11 minutes. Un rythme stationnaire qui donne une étrange impression d'être à bout de souffle, avec sa cadence effrénée et ses palpitations aléatoires, un peu comme lorsque l'on est trappé dans un cauchemar. Lunascape est un petit joyau de musique scénique. Des portes grincent pour s'ouvrir sous une ensorcelante spirale séquencée qui tourbillonne lascivement autour de souffles flûtés, de chœurs feutrés et de splendides envolées synthétisées d'une inouïe tendresse. Des impulsions qui flottent dans une sphère où le rêve se façonne éveiller sous les saccades des archets de violon, des douces frappes d'une batterie électronique sensuelle et d'un synthé aux solos envoûtants. Un superbe titre où l'on sent la nette influence de Klaus Schulze et qui progresse aussi délicatement que sa cadence hypnotique.
Avec Silent Conversation nous entrons dans la zone mystérieuse d'EXHIBITION OF DREAMS. Des arpèges abandonnés flottent dans un statisme cosmique avant de former une structure séquencée qui vacille sur un rythme doux. Une douce cadence charmante qui trempe dans une délicieuse brume cérébrale où les limpides accords d'un clavier solitaire se moulent à ces vieilles trames sonores si sombres et si mélancoliques que des percussions et une moulante ligne de basse inonde d'un rythme plus soutenu. Si l'influence de Schulze, période 85-90, parfume la musique de cet album, c'est cependant sur Mirage qu'elle se fait le plus présente. Sans l'ombre d'un doute la pièce de résistance d'EOD, Mirage est un long titre complexe et finement travaillé qui s'amorce avec une séquence qui roule telle une cascade prismatique dont l'écho se fait menaçant alors que le rythme bouillonnant derrière les frappes d'un séquenceur incisif. Des accords de guitare acoustique et un mellotron aux voiles autant flûtés que violonés amplifient plus l'influence de Schulze (In Blue et Dreams) sur un rythme dont l'approche minimalisme progresse harmonieusement bien et permute avec subtilité afin d'embrasser plusieurs formes tout au long de ce titre aux dénouements musicaux inattendus. La lourdeur des frappes de la batterie, un synthé à la fois sobre et audacieux de par ses solos tortueux et une diversité des rythmes qui avoisinent autant l'atonalité que les cadences endiablées font de Mirage un incontournable dans le répertoire de Remy. Ce petit bijou se termine avec une superbe envolée du synthétiseur qui est harponné par des frappes de percussions percutantes et enveloppé de strates étouffantes qui nous amènent dans un univers où la paranoïa et la schizophrénie sont le point de rencontre d'un étonnant mirage musical. J'ai eu besoin de quelques écoutes afin de bien saisir la dimension de ce titre.
Je n'ai malheureusement pas entendu le premier volet de l'édition originale. Par contre j'ai fait la connaissance musicale de Remy avec le très inspirant et inspiré Different Shades of Dust, paru en 2004. J'y avais découvert un artiste audacieux, avec une approche artistique très progressive. C'est exactement le cas avec cette édition spéciale d'EXHIBITION OF DREAMS qui est rempli de pures merveilles d'une musique électronique de style Berlin School. Un incontournable et un des grands albums de 2009!
Sylvain Lupari (11/01/10) *****
Disponible chez Desert Island Music
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