“C’est ce que j’appelle un véritable chef-d’œuvre de MÉ contemporaine avec un juste équilibre entre les instruments orchestraux et électroniques”
1 Movement I: Orbits of Planets 11:48 2 Movement II: Apogee 6:55 3 Movement III: Nibiru's Orbit 13:05 4 Movement IV: Anunnaki 11:38 5 Movement V: Perigee 15:47 6 Movement VI: Nibiru Cataclysm 12:40 Deserted Island Music | DIM-006 (CD 74:06) (Netherlands School, Schulze circa 85-90)
Pour le plus grand plaisir de mes oreilles, Remy s'est délicieusement accroché les pieds dans la période 85-90 de Klaus Schulze. De ce fait, sa musique oscille doucement entre les longs corridors cauchemardesques des nuits sans fin et des structures de rythmes qui refusent toute abdication. Enregistré lors d'un concert où tous les fans de Remy et de Ron Boots, parce qu’il y était, auraient aimé être, THE RETURN OF PLANET X est une œuvre à part entière qui s'inscrit dans les solides opus de la MÉ contemporaine. Ce délicieux duel entre la musique symphonique, délivré ici par des instruments à cordes, un grand piano et une chorale, et la musique électronique fut enregistré devant public le 19 Mai 2012 à la Grote de St.Bavokerk à Haarlem au Pays-Bas. Composée selon les observations de Remy Stroomer sur les théories et prophéties Mayas qui prédisaient un cataclysme planétaire en 2012, la musique reste délicieusement figée dans le temps, un peu comme si le musicien Néerlandais errait encore et toujours dans les labyrinthes de son incomparable Exhibition of Dreams. Sauf que pour la première fois depuis Different Shades of Dust, réalisé en 2004, Remy est parvenu à composer une œuvre qui survit à EOD qui, rappelons-le, fut composé en 1999. Un très solide opus qui mérite amplement sa place sur les hautes marches du temple de la MÉ.
Movement I: Orbits of Planets nous met tout de suite dans le bain avec une savoureuse introduction lente. Les mouvements des violons de Dick Bijlsma et Wouter de Ruyter et du violoncelle de Martine de Ket sont comme de longs soupirs anesthésiants qui étendent ces ombres d'inquiétude qui sont pour plusieurs d'entre nous des pourvoyeurs d'insomnie. Il existe une complexe binarité dans ces harmonies avec un violon qui pleure avec une octave plus haute. Sombre, ce mouvement explique toute la puissance de Remy à créer des ambiances teintées des romances gothiques des ténèbres! Des pas dans ces pleurs organisent la genèse d'un rythme tranquille qui peu à peu exhorte les percussions électroniques à flirter avec la vivacité latente du séquenceur. C'est autour de ces structures lentes et minimalistes que la créativité de Remy Stroomer atteint son zénith. Le musicien Néerlandais multiplie les effets percussifs qui s'accotent à une structure construite sur les bases du séquenceur où se greffent une panoplie de gémissements qui sont puisés dans les interstices de son synthé et, lorsque possible, dans les lents élans des instruments à cordes. D'incertaine à zigzagante, la structure de Movement I: Orbits of Planets atteint un bon mid-tempo qui vise un techno pour âmes amorphes avec l'ajout de bonnes pulsations basses et des percussions électroniques un peu plus libérées de la stoicité du style Kraftwerk. Avec sa série de 3 accords perdus dans la brume, Movement II: Apogee exploite un peu plus une approche de psybient. D'étranges bruissements organiques accompagnent cette marche solitaire vers Dieu seul sait où. Les instruments à cordes tissent un décor surréaliste qu'un synthé appuie avec de bons solos. C'est un segment dans la carrière de Klaus Schulze qui fut très peu exploité par ce dernier, et Remy donne le change, note pour note, au maître Allemand de la musique d'ambiances et de suspense entre 85 et 90. Alors que les chants d'une véritable chorale ajoutent au poids de la démesure angoissante, une avalanche de percussions s'abat sur Movement II: Apogee un peu avant la porte des 5 minutes, forgeant le tumulte dans la sérénité avec une dépression spasmodique. Quand le tragique et la tourmente se rencontre!
La chorale, très abyssale, entraîne la finale vers le mouvement lent de Movement III: Nibiru's Orbit qui est le témoin d'un duel inégal entre un piano en mode romance pour les ténèbres et des percussions nerveuses. Le duel s'échappe en mi-temps, dévoilant les charmes d'un bon mid-tempo avec des séquences et percussions frénétiques. Les orchestrations derrière ces rythmes d'une tribu d'une société secrète et disparue, et qui néanmoins semble bien en avance sur nous, ajoutent un poids de discorde avec des mouvements lentos qui sont rejetés par un maillage de percussions et séquences frénétiques. Cette bipolarité dans les rythme et les ambiances se poursuit avec Movement IV: Anunnaki qui copie avec nuances et subtilités dans les effets et chants en solos du synthé, les lentes évolutions des deux titres précédents. Après la brume qui suit l'explosion de sa finale, des accords de guitare synthétisée jette une aura de romantisme à l'introduction de Movement V: Perigee. Si certains d'entre vous font un lien ici avec le très solide In Blue de Klaus Schulze, je vous dirais c'est tout à fait vrai. Le mouvement étale ses 16 minutes avec une vélocité latente. Remy prend bien soin de décorer chaque seconde avec des effets organiques, une discorde dans les instruments à cordes et des accords qui augmentent l'intensité du titre qui aborde un bon gros rock électronique symphonique évolutif un peu après la porte des 7 minutes. Movement VI: Nibiru Cataclysm termine cette ode au désastre avec un genre de Messe en plein air radioactive. La chorale est de douceur et calme un piano contradicteur que l'on entend à peine derrière ce voile nucléaire. Un prêtre récite une homélie à peine chuchotée, un peu comme si la vie qui reste est honteuse de sa survie. Les bourdonnements font vibrer mes osselets dans les oreilles et me rappelle toute l'intensité de cette œuvre qui n'avait pas besoin de Movement VII: After The Deluge qui est un peu comme le prologue musical de THE RETURN OF PLANET X! Un petit chef d'œuvre dans la MÉ contemporaine!
Sylvain Lupari (18/11/17) *****
Disponible chez Deserted Island Music
留言