“Transit Realities est aussi bon qu'Elmery et il regorge aussi de souvenirs de Tangerine Dream!”
Alaska (28:19) 1 Denali 2:08 2 Kenai 2:39 3 Alatna River 12:40 4 Bering Glacier 6:58 5 Snowmobile Race 4:10 6 Fairbanks 1:44 Metropolitain (26:22) 7 Transit Line 6:31 8 Bahnhof Zoo 6:05 8 Palast 8:15 10 The Big Star 5:31
(CD/DDL 56:41) (V.F.) (E-Rock)
Après un premier album modulé sur les empreintes de ses influences, René Splinter nous offre en TRANSIT REALITIES un album plus personnel. Un album dont on peut toujours sentir des réminiscences de Tangerine Dream mais où le synthésiste des Pays-Bas démontre une belle approche mélodieuse et orchestrale. Divisé en 2 actes musicaux, son deuxième album est un voyage musical entre les frontières de l'imaginaire et de la réalité. Alaska est composé à partir des photos d’un livre sur ce pays arctique et offre une approche plus poétique et romanesque alors que Métropolitain suit un périple effectué en Allemagne et nous couvre d'une enveloppe aux forts parfums teutoniques. Sur ces 2 visions totalement à l'opposé, René Splinter dessine deux longues toiles musicales surréalistes où les nerveuses séquences papillonnantes forgent des rythmes évolutifs et où les structures mélodieuses s'enchevêtrent comme les lignes de séquenceurs dans de beaux et saisissants arrangements orchestraux qui ne sont pas sans nous rappeler un certain Johannes Schmoelling.
Court et efficace, Denali ouvre ce voyage imaginaire d'Alaska avec une belle approche symphonique. Une ligne de basse pulsatrice et sautillante éveille les roulements de grosses caisses ainsi que de solides percussions qui supportent une structure rythmique mouvementée, fragmentée par les impulsions des cors et des envolées de violons. Ces arrangements encadrent un rythme lourd et saccadé d'où s'échappe une douce mélodie au tendre fumet asiatique délicatement pianotée sur un clavier. Un piano dont les notes se fondent à un mouvement du séquenceur et qui nous guide aux portes du romanesque Kenai. Cette courte mélodie mélancolique aux notes et accords sautillant délicatement dans des nuages de brume et des cordes de violons, transpire les belles mélodies de la période Underwater Sunlight . Elle nous transporte à Alatna River et ses rythmes évolutifs. Une série de séquences entrecroisées palpitent et déboulent sous divers souffles et lamentations d'un synthé aux sonorités aussi ténébreuses qu'irisées. Avec ce rythme en constante permutation, Alatna River dévoile un très bon jeu de séquences qui s'accouplent à des percussions pour former des rythmes sectoriels. Des rythmes tantôt pilonnés, tantôt saccadés et tantôt hypnotiquement arythmiques qui encadrent de belles mélodies des années Underwater Sunlight et Tyger et où le synthé crache des lignes de violons, libère des brumes mélancoliques et fusionnent ses solos aigus avec ceux d'une guitare fictive. Après une intro aux tonalités hétéroclites teintées de parfum du psybient, Bering Glacier secoue ses parcelles sonores avec un beau mouvement séquencé progressif. Le rythme croissant sur des séquences et des percussions électroniques aux castagnettes de crotales, le titre dévoile une belle approche mélodieuse avec des chœurs virginaux et des coups de violons qui se poursuivent dans les sillons de Snowmobile Race, alors que Fairbanks clôture ce voyage musical en Alaska avec une tendre mélodie et son piano qui accompagne un synthé flûté, éveillant en nous la finale de Legend. Très bon!
Une sinueuse onde résonnante perce le néant, poussant une séquence pulsatrice à battre un tempo hypnotique. Le ciel strié d'iridescentes lames de synthé, Transit Line ouvre la partie Metropolitain avec des séquences nerveuses qui palpitent frénétiquement dans une structure rythmique lourde où se joint des percussions et des puissantes cymbales métalliques. Ce titre construit sur une structure riche et assez complexe est nourri d'un rythme lourd qui monte et descend sur des séquences trépidantes, fustigeant aux passages un synthé aux riffs lourds et aux puissantes nappes. Un synthé avec une vision symphonique qui nous berce aussi de beaux solos et de fines harmonies moulées dans un tintamarre urbain. Bahnhof Zoo colle à la finale de Transit Line en offrant une structure rythmique plus suave et chaleureuse. Les réminiscences de Tangerine Dream abondent sur ce titre aux séquences divisées entre un rythme ondulant ou pulsatoire. Un rythme fluide ou saccadé où les percussions claquantes et leurs échos sont infiltrées par un synthé aux airs nasillards. Un synthé qui sectionne ses mélodies pour les offrir parcimonieusement dans un beau mélange de ses tonalités. Tantôt serein et tantôt convulsif, ce rythme indécis nous submerge dans les souvenirs musicaux de Thief et Exit. L'introduction de Palast ralentit la cadence avec une mystérieuse brume synthétisée qui flotte dans un univers de perdition. Une pulsation émerge et éveille un synthé dont les souffles aigus et les lamentations fantomatiques recouvrent un rythme latent. Encore là, les réminiscences de Tangerine Dream nous bouffent les oreilles avec cette intro voilée d'une approche aux sonorités irisées. À la 3ième minute René Splinter couche de superbes arrangements orchestraux avec une nuée de violons qui tracent la forme harmonique d'une chute de flocons de neige. Cette mélodie saccadée débouche sur un mouvement entrecroisé du séquenceur dont les courbes ascendantes sont nourries par de percussions, de riffs de synthé aux sonorités bien connues et aux solos avec des parfums d'une guitare que l'on reconnaîtrait entre toutes. Palast nous accroche avec une finale rebelle pour conclure vers la nébuleuse intro de The Big Star et de sa belle ballade qui nous amène indéniablement au cœur de la glorieuse période Franke, Froese et Schmoelling.
Plus personnel que Almery et moins centré sur l'épicentre de ses influences, René Splinter étonne avec TRANSIT REALITIES. Certes que l'on y entend les emprises musicales de Tangerine Dream. Mais cette fois-ci l'approche est plus différente avec des superbes arrangements qui embellissent les harmonies des synthés, ainsi que les solos, tout en gravitant autour d'un savoureux mélange de séquences et de percussions. Il en résulte en un très bel album où les rythmes progressifs et modulaires supportent des structures aussi mélodieuses que mystérieuses. Des structures envoûtantes qui nourrissent 2 longs volets musicaux aux antipodes d'un voyage imaginaire, effectué au cœur des influences épisodiques de Tangerine Dream.
Sylvain Lupari (31/10/11) ****½*
Disponible chez Mellow-Jet Records
Comments