“Un excellent album poussé par séquenceur avec des motifs rythmiques alambiqués et des ambiances chthoniennes qui devraient vous clouer sur votre siège préféré”
1 The Uncertain Path 19:18
2 Wake up call 7:42
3 Procrastination 7:37
4 Positive Signs 12:48
5 Adaptility 9:48
6 To Calm Waters 13:29
(CD/DDL 71:14)
(Berlin School)
Pétillements soniques, gouttes d'eau perlées et une palpitation d'une ligne de basse ronflante. Il ne manque que cette ligne de synthé ondoyante, comme un patineur de vitesse sur le Loch Ness gelé, pour pousser The Uncertain Path dans un long Berlin School évolutif. Dans un décor sonore épaissit par un synthé qui multiplie ses nappes brumeuses et ses lignes harmonieuses aussi évasives que ses lignes de chevrotement qui ajoutent un aspect glacial à la pièce-titre de ce dernier album de Rene De Bakker tissé dans une vision qui flirte avantageusement avec le sens de son titre. Le séquenceur choisi scrupuleusement ses ions sauteurs qui sautillent vivement comme ces courses de chevreuils voulant défier un train. Mais plus que ça! Il joue avec la force et la vélocité du rythme en traçant des schémas qui s'entrecroisent ou qui bifurquent abruptement afin de forcer une autre rythme tout en sculptant au fond de nos tympans un ver-d'oreille rythmique constitué de 3 ions voulant grimper aussi haut que le toit du monde. Le synthé enveloppe cette explosion rythme d'une épaisse couche d'ambiances, de voiles d'épouvantes et d'effets qui se transforment en une gigantesque masse butyreuse, donnant l'apparence d'un wagon démonique attaché au parcourt imprévisible d'un train qui prend une tangente plus tranquille autour des 15 minutes. Une phase remplie de brumes nébuleuses et de parfums sonores, qui a fait travailler ma mémoire auditive pour me rappeler finalement le merveilleux Echo Wave sur l'album @shra, qui conduit The Uncertain Path vers une finale méritée. Il n'y manquait seulement que les solos de synthé. Quelle introduction mes amis! J'avais bien aimé Our Gift de Rene De Bakker. De même que je suis fan de son projet Beyond Berlin mené conjointement avec Martin Peters. Sauf qu'il y a quelque chose de différents avec THE UNCERTAIN PATH. Le son! Et ça s'explique avec les récentes acquisitions de De Bakker, des synthés et séquenceurs physiques qui enrichissent la palette des tonalités et accroissent les possibilités rythmiques. Et c'est inspiré par ces nouveaux instruments qu'il a composé la musique de ce deuxième album, son 6ième en tout, à sortir sur le label Hollandais Groove nl.
Si la finale de la pièce-titre nous a rivez à une forme de tranquillité, l'ouverture de Wake up se fait de façon fracassante qui agresse autant surprend. Une ritournelle séquencée éclot après presque 60 secondes de tintamarre électronique. Cette ossature pour balade en accueille effectivement une très belle. Dans son apparence de la musique du film Halloween démontée et restructurée avec une vision moins luciférienne, elle tournoie comme une ballerine gracieuse sous de bons solos et de beaux chants flûtés. On reste toujours dans la même conception sonore d'où émerge lentement la lourde membrane sonore de Procrastination. Cette introduction Méphistophélique s'active sur une brillante performance du séquenceur et des percussions électroniques. Il y aussi cette ligne de basse qui sert la conception procrastinatrice d'une musique en opposition entre ces lignes de rythme binaires qui supportent une masse sonore gélatineuse. Un superbe titre qui dévie vers un Funk organique sur une structure de rythme alambiquée. Il y a énormément de créativité dans ce titre! Échappant à une ombre sortie d'un Mellotron, Positive Signs étire sa membrane autant que son temps pour finalement s'accrocher à une démarche incertaine. Le rythme ambiant est légèrement spasmodique et avance à tâtons dans un riche univers de brume matérialisée nourrie de lamentations, de demi-airs harmoniques et de solos ayant déjà danser avec Lucifer. Positive Signs se termine par un bon rock électronique autour des 9 minutes. Adaptility est un autre titres aux ambiances lourdes et nébuleuses. La texture musicale avance avec une étendue sonore qui accroît son pouvoir acoustique comme une masse d'eau glauque envahissant ses berges. La texture rythmique est plus nerveuse mais n'arrivera jamais à faire débouler une texture alourdie par les résonantes réverbérations d'une méga ligne de basse. S'adapter aux eaux calmes? Et pourquoi pas avec To Calm Waters qui suit avec une vision opposée à Adaptility. Mis à part les grosses nappes d'orgues, ce sont les cliquetis des percussions et séquences affolées qui sont les premiers à souffler les ambiances. Cette ouverture bourdonnante de cliquetis réussie à virer le vaisseau de To Calm Waters sens dessus-dessous qui deviendra une texture de sérénité autour des 7 minutes. Et ce jusqu'à la finale de THE UNCERTAIN PATH, un très bel album de Rene De Bakker qui est disponible en CD manufacturé et en téléchargement sur les plateformes de Groove nl.
Sylvain Lupari (03/07/20) ****¼*
Disponible chez Groove NL
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