“Un autre bon album de REWO qui, à ce jour, ne semble pas souffrir d'un manque d'idées ou de créativité dans son avalanche d'albums”
1 Black Cat 9:24
2 Tapedecks full of Blood, Sweat and Tears 4:23
3 Don't go in There 11:15
4 The Dark Side of the Console 13:48
5 A Night at the Manor 17:01
(DDL/CD-R)
(Berlin School, Progressive EM)
S'il y a un artiste qui profite à plein de la pandémie pour nous inonder les oreilles d'une attaque de créativité, c'est bien René van der Wouden. A NIGHT IN THE MANOR fait partie de cette longue liste d'albums, tous intéressants je dois préciser, que REWO a produit à la fin 2020. The Manor est ce célèbre studio où les premiers albums de Virgin ont été produits. L’idée derrière le projet remonte à quelques années et se concentre plutôt sur les ambiances du Manoir qui est plein de choses aussi magiques que stupéfiantes. Donc, nous avons ici un album dont la teinte macabre vie assez bien sur le modèle Berlin School.
Et ça débute avec la marche incertaine de Black Cat, un titre composé au début 2018. Le chat doit être gras car il tourne en rond d’une façon un peu molle, tout en progressant dans une texture ascendante idéale pour les rythmes teutoniques de la Berlin School des années 80. Les séquences sont grasses, juteuses avec une faible portée de rayonnements qui les lient tous ensemble. Les cliquetis des élytres en acier annoncent l’arrivée des percussions qui ne font que solidifier cette marche sphéroïdale, alors que le synthé fait gémir ses solos sous formes de larmoiements prolongés. Le clavier tisse le plus gros des harmonies avec des accords pincés comme une guitare chantant dans l'ombre et les résonnances de ses gémissements. Craignant une possible redondance, le synthésiste Hollandais ajoute des effets de pépiements organiques afin d'attiser la curiosité de nos tympans. Un bon titre qui s'écoute bien! Tapedecks full of Blood, Sweat and Tears offre un chill-out mariné dans le groove construit autour d'une ambiance de poltergeist. De stationnaire le rythme passe en seconde vitesse avec des percussions portées sur le style Électronica bien alimenté par des effets d'un synthé qui souffle aussi une mélodie au timbre nasillard. Don't go in There débute avec une charmante expédition dans le féérique univers des sons et éléments percussifs, notamment ces crotales géantes sonnant dans une ambiance de semi-frayeur. Cette enveloppe sonore prend différents aspects percussifs avant de se faufiler entre les étages du château dans un magnifique mouvement circulaire et spiralé digne des bons Berlin School. Des nappes décrivant la marche de fantômes enveloppés de blanc virginal séduit nos sens qui sont toujours captif du mouvement des séquences et de leur tonalités près d'une vie organique. Les ambiances collent avec l'esprit du titre avec une apparence de croque-mitaine ayant séduit facilement sa proie. C'est un très bon titre assez créatif que REWO a écrit en 2016.
On arrive dans la section plus complexe de A NIGHT IN THE MANOR avec l'ouverture de The Dark Side of the Console. Composé en Septembre 2020, le titre vit de son ouverture créée par des ambiances surnaturelles où fantômes et gnomes traversent les murs avec des effets de chauve-souris et des wooshh frôlant nos oreilles. Un mouvement ondulatoire du séquenceur sculpte un rythme légèrement sphérique où, peu à peu, René van der Wouden se transforme en DJ avec un beat entraînant et des effets breakdance. De patibulaire à intimidant, le synthé délaisse ses ambiances glauques pour siffler de très bons solos sur un rythme de plus en plus Électronica. Mais on s'en fout! Les solos étant tout simplement mirifiques avec leurs longs mouvements dessinant ces arabesques toujours portées sur le côté spectral du titre. La longue pièce-titre s'installe avec des nappes de vieil orgue jouant sur une perspective de musique de chambres pour films de peur. Composé après The Dark Side of the Console, A Night at the Manor vole avec ses nappes qui nous entoure dans une tonalité sonnant très Tony Banks, pour ceux qui veulent savoir, alors que son ouverture exploite tout de sa vision glauque, même lorsque le séquenceur déroule une approche en spirale. Lourds, ses pas résonnent presque pas et attire un mouvement plus frivole d'une autre ligne, plus lumineuse cette fois-ci, du séquenceur. Deux lignes de rythmes hybrides structurent l'ascension ambiante de la pièce-titre qui s'entoure aussi d'un voile opaque où fusent des stries menaçantes. Voix chtoniennes, rythme brodé dans une vision mortuaire, ambiances surnaturelles, et bien d'autres effets rattachés à la vision Dantesque de REWO qui attirent A Night at the Manor vers une finale qui respecte l'idée et les visions de ses origines conceptuelles.
Un autre bon album de René van der Wouden qui, à date, ne semble pas souffrir de manque d'idées ni de créativité dans cette avalanche d'albums qu'il nous offre depuis la fin Octobre 2020. À voir sur son site Bandcamp dont le lien apparait plus bas.
Sylvain Lupari (24/01/21) *****
Disponible au REWO Bandcamp
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