“Voilà! La boucle est en boucle et non, je n'ai jamais trouvé le temps de revoir 5 albums de REWO d'affilée”
1 Astromen 10:23
2 Geomagnetic Storms 17:54
3 Gravitational Attraction 11:00
4 Magnetic Compass 12:43
5 Sunspot 9:30
(DDL 61:32)
(Berlin School)
Voilà! La boucle est bouclée puisque ASTROMEN est la conclusion de la trilogie Stargazer. Et un peu plus que dans Return to the Stargaze, mis à part pour Sunspot, je ne vois aucun lien avec cet album sorti 5 ans plus tôt. Et s'il y a une constance à faire c'est au niveau des compositions qui sont nettement plus élaborées ici que dans Stargazer. ASTROMEN clôture une fin d'année très créatrice de REWO qui, pandémie oblige, s'est mis à produire une série d'albums depuis Sounds of Silence en Juillet 2020. C'est un total de 5 albums de musique originale, accompagnés de 6 compilations, où j'ai redécouvert la musique de René van der Wouden. Et non, je n'ai jamais trouvé le temps long…
Après un 45 secondes de brises autant cuivrées qu'écarlates, Astromen infiltre mes oreilles avec un rythme intelligent. Un rythme qui structure une nouvelle danse futuriste avec un mouvement sec mais assez musical du séquenceur. Les séquences libérées jouent au chat et à la souris avec des mouvements de va-et-vient qui écoulent leurs pas saccadés sous de souffles flottants et relaxants du synthé. Le rythme à cette sensation de bondissements caoutchouteux, répondant ainsi à l'émotivité gargantuesque des nappes de synthé devenues plus orchestrales. Astromen propose ainsi des duels d'intensité, tandis que le titre fond dans un point atmosphérique un peu après les 5 minutes. La modification est drastique avec des nappes gorgées de voix fondues en particules acides et un rythme tintamarresque qui dépasse la barrière de stupéfaction pour envahir mes oreilles conquises pour les dernières minutes de Astromen. Un titre immense que je veux réentendre encore et encore… Geomagnetic Storms propose une première moitié sous le signe du cosmos avec une panoplie d'effets cosmiques et de bruits bizarres, nous rappelant que l'espace est un grand territoire avec ses us et coutumes. Des orchestrations se tissent au même moment que défilent des étoiles scintillantes. Des fredonnements semblent sortir timidement des nappes orchestrales plus intenses et donneuses de frissons cérébraux inspirée des visions intergalactiques de Klaus Schulze. Des accords de clavier tintent aussi, donnant une vision plus romantique à cette espace ambiant où la Lune resplendit comme dans un miroir sur le lit des arpèges abandonnés. Il y a de l'intensité dans le débit des arpèges tintant comme à la recherche de secours. D'effets sonores en effets sonores, nos oreilles captent des morceaux de bois qui se frottent tout en créant un fascinant tic-tac en bois. Nous sommes autour des 8 minutes et l'univers de Geomagnetic Storms se transforme aux sons des orchestrations dont les lames coupantes font très Redshift. Les arpèges tintent à nouveau et s'arriment à une ligne de basse-pulsations. Délicieusement, René van der Wouden nous attire dans les territoires sombres et sournois de Arc avec une séquence qui se promène entre des embuches, contournant et sautant même par-dessus des éléments tout en faisant siffloter un synthé qui se subdivise afin de lancer quelques solos aussi aiguisés dans une finale qui rappelle l'idéologie derrière le titre Geomagnetic Storms.
Une séquence sombre active son ombre sonnant comme une contrebasse dont on pince fermement les cordes et qui monte tranquillement un escalier invisible construite par les chants flûtées du Mellotron. Nous sommes au cœur d'une tempête de wooshh et de wiishh à laquelle le séquenceur répond par la résonnance du poids de ses ions escalateurs. Une chorale astrale dépose son air en même temps que des effets sonores d'une arcade en dérive sortent à en perdre l'oreille. Le mellotron est très bon ici et son chant attire toute l'attention, tant que l'on remarquera que tout se transforme dans le décor sans préavis. Le changement de peau de Gravitational Attraction semble douloureux et prisonnier d'une tempête atmosphérique. Des orchestrations dominent jusqu'à ce que des accords gras et résonnants bouleversent son équilibre fragile. Un mouvement du séquenceur lance une ligne de rythme dont le milieu est dribblé. Un autre mouvement, aussi menaçant que ces nappes de synthé, ajoute une texture plus mouvementé à ce titre qui sans le savoir court à une finale qui ne lui aurait donné aucune chance. Anyway! Magnetic Compass est un titre ambiant qui déploie lentement ses ailes chloroformiques avec des parfums orchestraux. Le mouvement se développe par l'intérieur avec une panoplie de tonalités électroniques qui sont conformes à nos découvertes des années vintages. Ici aussi, le séquenceur active sa présence dans un environnement où l’escalade des tonalités a attient sa limite. Nous sommes autour des 7 minutes et la ligne de rythme délicate dérive dans un cosmos nappé de voiles orchestraux dans une constellation sonore garnie de riffs et d'effets vocaux des années Johannes Schmoelling de Tangerine Dream. Magnetic Compass subit un autre virage pour une finale plus intense au niveau de l'arche sonore. Mais le tout reste dans une zone de turbulences émotionnelles et d'ambiances. En moins de 10 minutes, Sunspot démontre le savoir-faire de René Van Der Wouden. Si on utilise la règle de 3, l'ouverture orchestrale-astrale est conforme à la durée pour un titre de 19 minutes. Donc, quelque part après les réverbérations tordues, soit après les 2 minutes, le séquenceur dresse un rythme pressée qui danse avec les semelles en bois d'un gros pantin bonasse. Inattendu et charmant! Un voile anesthésiant épouse la marche de cette structure devenue bi-rythmique avec des reflets de voix piratées. Un troisième changement de peau nous amène dans une phase-repos avec des nappes de synthé tentant de nous arracher du sol. La grippe onirique dure à peine 2 minutes lorsque le rythme reformule son idée dans une finale tout aussi séduisante et plus entrainante. Non, je n'ai jamais trouvé le temps long dans mes analyses des derniers 5 albums de René van der Wouden.
Sylvain Lupari (13/02/21) ****¼*
Disponible au REWO Bandcamp
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