“Il y a d'excellents moments dans cet album où à aucun moment j'ai senti que René van der Wouden manquait d'inspiration”
1 Return to the Stargaze 16:07
2 Red Star Dwarf 17:32
3 Moonbeam 17:23
4 Sounding Rockets 17:23
(DDL/CD-R 68:27)
(Berlin School, Progressive EM)
RETURN TO THE STARGAZE est la suite de cet album qui a engendré la popularité de René van der Wouden dans le firmament de la MÉ cosmique propulsée par séquenceur en mode Berlin School. C'est en 2015 que Stargazer apparaissait dans les bacs et les fils de l'Internet. Avant sa découverte, je ne connaissais pas cette saga Stargazer qui connaitra son dénouement avec Astromen, ma prochaine chronique à propos de REWO. René m'a fait parvenir ce Stargazer, que je devrais chroniquer bientôt, afin d'établir des liens de comparaisons. Je n'en ai pas trouvé! RETURN TO THE STARGAZE est plus ambient avec des structures de rythme plus alambiquées qui commandent plus qu'une écoute afin de mieux les assimiler. Si les introductions des titres du premier volet sont longues, ici ce sont certaines finales qui auraient un meilleur impact si elles étaient amputées de quelques minutes. Je pense entre autres à Moonbeam qui est une véritable bombe, avec une finale trop longue. Pour le reste, j'y ai trouvé un album solide avec des rythmes hypnotiques et beaucoup d'imagination au niveau du décor. Il y a d'excellents moments dans cet album où à aucun moment j'ai senti que René van der Wouden manquait d'inspiration. Lui qui a fini 2020 avec 5 albums, dont 3 consécutifs, et une série de compilations…
Des lames de synthé qui crissent dans les creux de wooshh caoutchouteux et des effets aériens comme prismatiques sont à l'origine de la lente ouverture atmosphérique de la pièce-titre. Une tempête de vents cosmiques siffle avec vitesse et en forme de zigzags et cette chorale irréelle. Return to the Stargaze présente une introduction cousue dans un décor cosmique à haute-tension. Le séquenceur libère une ligne d'apparence fantomatique qui circule à travers cette tempête de wiishh et de waashh. On entend des débris d'épave se heurter alors que des tourbillons vidangeurs aspirent les débris restants autour des voix obsédantes. C'est entre les jets des ballastes que le séquenceur sculpte un mouvement zigzagant un peu après la 5ième minute. Incertain, le rythme prend son aplomb en causant avec des jets de brumes et un effet de dialogue extraterrestre avec un synthé créatif. Hypnotique, cette procession rythmique ne touche aucun sol, si ce n'est que ce filet de résonnance qui lui donne un appui-pied. Cette approche gagne en intensité tout en parcourant un panorama cosmique ambiant dans une figure de Berlin School ayant même amené sa muraille de voix chtoniennes. Ce n'est qu'après les 13 minutes que ce mirage du séquenceur reçoit un appui. Et ça vient de percussions, pas vraiment enflammées, qui font rouler des tambour, donnant au séquenceur un argument de plus pour faire sortir une autre ligne de rythme au débit plus accentué.
Atmosphériques mais vivantes, telles sont les 3 premières minutes de Red Star Dwarf. Des wooshh venant de loin ont cette queue de débris et de voix perdues à la traine. Des ondes synthétisées se promènent entre les deux oreilles avec cette fausse tonalité de vuvuzela et de trompette usés par le sable cosmique. L'écho de cognements mécaniques, comme des bruits industriels, disparaissent alors que le séquenceur fait circuler une ligne d'ions qui va en oscillant tout en étant martelée par divers accords, dont des ronflements d'une ligne de drones bourdonnants. Une ligne de basse pique ce rythme stationnaire qui monte et descend avec des harmonies collées à son mouvement ondulatoire. Trop fluide pour cette masse de sons ambiante, le rythme dérive vers une phase d'éléments lunaires et se laisse flotter dans ces lignes de voix qui vont et viennent depuis l'ouverture de RETURN TO THE STARGAZE. Le séquenceur réactive sa ligne de rythme autour des 10 minutes. De même vélocité, ce rythme s'ajuste à l'intensité de son enveloppe lunaire, de cette ligne de basse plus mordante et de ces petites lignes de séquences papillonnantes qui s'excitent dans cette progression devenue une suite céleste pour orchestrations cosmiques. Disons que ce n'est pas ici que je vais écrire, wow c'est du très solide REWO! Mais c'est un intense titre atmosphérique avec une belle créativité de René dans le choix de ses effets cosmiques.
Mais oui, j'écrirais wow pour le superbe Moonbeam!
Son ouverture est cousue dans les inspirations de Klaus Schulze des années Moondawn. Des nappes d’éther et de voix granuleuses doivent se méfier des attaques de basses résonnantes où se cache un superbe mouvement sournois et planant du séquenceur. Le ballant de ce rythme hypnotique est parfait. Il passe d'une oreille à l'autre dans un faux effet stéréo, l'intensité d'un aller étant plus forte que le retour. Ceux qui pensent aux structures nocturnes Remy sont sur la même longueur d'ondes que moi. Le décor du rythme est cette onde évasive qui étend ses dimensions avec une tonalité bleutée. Subitement, une ombre crépitante enveloppe la structure d'un nuage de radioactivité tonale, alors que le décor s'éveille aux sons des nappes de trompettes apocalyptiques. Des éléments percussifs inspirés de l'Électronica et du psybient imite le ballant du rythme, lui donnant même une seconde peau qui est plus nerveuse. C'est autour des 9 minutes que Moonbeam active sa seconde peau. Une peau spasmodique avec une tonalité cybernétique et une ligne de basse qui constitue l'essentiel de son élan ascendant. Mais tout change! Dans un espace-temps de plus ou moins 4 minutes, le titre cherche son identité dans de beaux éclats d'éléments percussifs avant de se tailler une place sur un rythme forgé avec des oscillations vives et radiantes, propulsant le titre vers ces rythmes électroniques conventionnels toujours avec son désir de tiraillement.
Non! Ce n'est pas Tangram! C'est Sounding Rockets qui veut rendre hommage à cette période faste de Tangerine Dream. Une ombre de rythme étend ses ions squelettiques dans une brume qui reste aussi immense qu'intense. Cette brume aux arrangements orchestraux cache aussi des éléments percussifs, comme des tintements jamais trop certains de ce qu'ils sont, et des pépiements électroniques qui restent collés à ce rythme brouillon qui ressort plus loin dans un coin de jardin séraphique. Bref, René van der Wouden prend tout son temps pour tisser une toile atmosphérique et ses précieuses cachettes, dont des nappes de synthés qui sont vraiment de l'ère Schmoelling, avant de libérer une autre structure de rythme hypnotique. Cette fois-ci, c'est cette série cachectique de séquences qui sont devenues toutes grasses et intimidantes avec leurs rayons de réverbérations. Nous sommes autour des 7 minutes et déjà René y attache de séduisants éléments percussifs qui ajoutent toujours une dimension à ses rythmes pas toujours faciles à assimiler. Mais cette fois-ci, attacher vos souvenirs de Tangram et vous avez une idée de cette structure. C'est du pur Berlin School qui monte et descend et où REWO a juste enlever un ion, histoire que le rythme boitille un peu. On monte et descend avec des claqueurs et des tssitt-tssitt, et puis avec des solos finement aiguisés et sifflotés de façon à ce qu'ils restent discrets. La séquence de rythme change de tons pour revenir timidement à son engagement initial, conduisant ainsi Sounding Rockets dans une finale toute de brume éthérée.
Un très bel album de MÉ cosmique pure! Voilà ce qui vous attend si vous partez à la découverte de RETURN TO THE STARGAZE.
Sylvain Lupari (29/01/21) ****¼*
Disponible au REWO Bandcamp
Comments