top of page
Writer's pictureSylvain Lupari

RICHRAD BONE: Serene Life of Microbes (2006) (FR)

C'est un livre sans textes qui prend forme avec les passions, les blessures et les pensées mélancoliques qui trahissent les regards

1 Attenuation 7:25

2 The Seduction of Dr. Pasteur 8:10

3 Protozoa, Mon Amour 5 :49

4 Autotrophic Light 3 :46

5 Evolution Primitive 6:58

6 This Radiant Life 6:20

7 Thermatoga 5:35

8 Archaea Apart 5:11

9 Going Dormant 6:22

(CD/DDL 55:55)

(Dark Ambient, Experimental)

Je ne suis pas un amateur de musique ambiante, encore moins celle que l'on qualifie de Dark Ambient. J'aime plutôt les sons et leurs progressions vers des frontières insoupçonnées. Richard Bone est un artiste américain qui se spécialise dans une forme de musique ambiante, du Dark Ambient rempli d'une palette de sons aux multiples tonalités. SERENE LIFE OF MICROBES est un album aux structures sonores riches qui alimentent l'imaginaire avec des atmosphères lourdes qui évoluent sur les nébuleuses impulsions, les poussées du synthétiseur. Constamment en évolution, c'est un premier opus pour le musicien à paraître sur AD Music, amenant avec lui ses couleurs sombres qui se bercent dans l'écho de nos réflexions.

De lointaines vagues cosmiques approchent sur un vent dense aux souffles atmosphériques menaçants. Attenuation flotte tel une masse moulante dont les particules coulent en fins ruisselets, comme cet eau dont l'on entend le clapotis, sans trop savoir sa provenance. Sans vie rythmique, la musique progresse avec des pulsations sourdes et une onde synthétisée qui flotte autour d'effets sonores parasitaires qui bêlent d'étranges voix. Univers sombre et enveloppant, un synthé échappe des complaintes placides sur un mouvement plus dense, initiant une fine séquence circulaire qui tourne à l’ombre de chœurs célestes et du synthé aux souffles solitaires. The Seduction of Dr. Pasteur flotte sur une ligne inégale, comme une ascension retenue par des forces invisibles, donnant une structure intrigante. On se surprend à se laisser caresser par cette impulsion linéaire qui défile en douceur, offrant des notes éparses et des lignes adjacentes aux souffles mélodieux et pénétrant. Une onde métallique, aux réverbérations stridentes, invite le piano mélancolique de Protozoa, Mon Amour à percer ce mur caustique d'une superbe mélodie que même les striures froides du synthé sans âme finissent par fourbir leurs indifférences et prendre chaleur. Avec Autotrophic Light, nous pénétrons un secteur un peu plus animé de SERENE LIFE OF MICROBES. Un séquenceur y fait tourner sa ligne de basses pulsions en cercles rotatifs. Cerné par un piano électrique ou encore une vieille guitare des Bayous, toujours selon la perception de nos oreilles, ce séquenceur fait tournoyer ses accords avec finesse. Cette rencontre entre ce rythme flou créé une étrange fusion et une structure magique où les harmonies des arpèges se confondent aux spirales désordonnées. Une mélodie séquencée aux notes carillonnantes encercle Evolution Primitive. C'est un superbe titre avec un piano sensible qui résonne de sa mélancolie dans une atmosphère alourdie par des strates multi couleurs aux ombres envahissantes.

This Radiant Life dégage le même esprit musical lourd. Une fine ligne séquencée filtre une sonorité qui pulse comme une ligne de vie sur des couches de synthétiseur denses et enveloppantes. Un piano s'y promène. Incertain, il croise des atmosphères troublantes aux auras fuyants. Un mouvement linéaire bourdonnant ouvre Thermatoga. L'atmosphère est sombre et le mouvement se sépare en courtes vagues sonores qui viennent mouillées les bordures d'une solitude. Une solitude bercée par de fines notes perlées qui éparpillent ses harmonies sur les relents d'une ligne qui s'évapore dans le finale. Archaea Apart suit avec une structure similaire où un suave synthé nostalgique souffle les affres de la vie au travers les vents d'une trompette virtuel. C'est un beau titre sensible coulant en douceur et illuminé par des accords célestes qui fondent en de courtes harmonies. Going Dormant termine sur les mêmes mouvements lourds et sourds qui composent la majeur partie rythmique de cet album. Des chœurs austères, comme soufflés par des moines aux valeurs intrigantes, croisent une ligne aux bourdonnements intenses. Un peu comme si un monde irréel et parallèle au notre se nourrissait de nos rêves, de nos espoirs.

SERENE LIFE OF MICROBES n'est pas un album ambiant ordinaire. À vrai dire, je m'attendais à écouter un genre de Brian Eno boosté par des échantillonnages. Mais j'ai été surpris. Agréablement surpris même. C'est un livre sans textes, un négatif sans image qui s'écrit, se dessine avec les passions, les blessures et les pensées mélancoliques qui trahissent les regards. C'est un genre de croisement entre les sphères hypnotiques de Michael Stearns sur son magnifique Chronos, les rythmes vaporeux de Patrick O'Hearn et les rêves mélodieux de Richard Burmer. C'est un beau voyage au centre de sonorités sombres, où constamment des bribes de lumières forment des cercles harmonieux insoupçonnés. Le New Age n'est pas vraiment loin des essences de cet album, même dans les recoins les plus sombres.

Sylvain Lupari (23/11/06) ***½**

Disponible au AD Music Shop

55 views0 comments

Recent Posts

See All

Comments


bottom of page