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Writer's pictureSylvain Lupari

ROBERT FOX: Still Waters (2013) (FR)

C'est un voyage musical superbe et poignant que nous écoutons avec un cerveau plein de paysages sonores fantastiques

1 Persian Sunrise 4:42

2 Weeping Dragon 9:15

3 Hanuman 5:49

4 Pegasus 7:16

5 Sirens 7:20

6 East to West 7:03

7 Chimera 12:05

8 Ishtar 7:09

9 Desert Song 9:02

10 Persian Sunset 5:34

(CD/DDL 75:16)

(Soundtrack, New Age, EM)

Que j'ai le gout de brailler. Mais pas de ces larmes qui viennent de la douleur. Non! Des larmes de mélancolie qui envahissent les yeux, en même temps que la mémoire se remémore notre enfance où, tout enchanté que nous étions, nous écoutions les histoires et regardions les films sur les contes des 1001 nuits. Ali Baba, le prince de Perse et Aladin. Vous vous souvenez? Peut-être suis-je trop sensible et que les antidouleurs embrouillent mes émotions, mais toujours est-il que les 15 premières minutes de STILL WATERS sont à brailler. Sculpté dans les cendres harmoniques de Short Stories, paru en 2011 (AD593CD), ce dernier album de Robert Fox nous entraîne dans les fantaisies soniques d'un monde Arabe avec une vision cinématographique dont la profondeur des détails sont l'apanage du brillant compositeur Anglais.

Des souffles d'un synthé aux arômes de flûtes persanes s'élèvent d'un continent encore endormi. À travers ses brises dorées, qui sonnent comme une Ney embrumée, Persian Sunrise dégage cette vision cinématographique d'une ville qui s'éveille un jour sacré. L'ambiance est extrêmement éthérée avec ces souffles qui flottent dans un doux parfum d'éther, ramassant dans leurs poignantes lamentations les délicats accords de sitars perses qui égrènent leur contemplativité parmi de doux tintements de carillons. STILL WATERS est une mosaïque tribale qui enchaîne ses 10 titres en un long conte musical où les essences tribales Arabes et Orientales s'affrontent dans une étonnante symbiose entre la poésie astrale et tribale pour le plus délicat plaisir de nos oreilles. Weeping Dragon accueille la finale de Persian Sunrise en soufflant des brises encore plus poignantes qui mélangent à merveille les saveurs musicales et poétiques de deux contrées riches en histoires et légendes avec une longue et douce litanie qui n'aurait pas à rougir devant la chanson thème du Titanic. Les flûtes sont superbes de tendresse et d'onirisme. Leurs chants séraphiques glissent dans la couleur d'harmonies où les réminiscences d'un Kitaro encore émouvant grugent nos souvenirs. Percussions et cordes d'instruments acoustiques tribales offrent un rythme ambiant et rêveur dont la délicate progression augmente ce sentiment de déchirement qui entoure les 15 premières minutes de cet album. C'est très beau. Ça donne le goût de brailler. Et Robert Fox qui ne cesse d'éventer ses synthés avec des souffles pleureurs. C'est derrière une voix soutirée des magies électroniques que le rythme éclot. Toujours tressé des ambiances tribales berbères, Hanuman offre un délicat rythme qui sautille avec fragilité sur les caresses de fines percussions plus électroniques que claniques. Omniprésentes et sculptant des ambiances autant attendrissantes qu'éthérées, les flûtes persanes attirent constamment l'auditeur dans ces contrées imaginaires qui respirent la vastitude des grands champs Mongoliens. Comme dans Pegasus et son impressionnant duel flûte/violon qui pleure sur un fin mouvement de séquences hypnotiques et le très beau East to West qui est une mélodieuse ballade tzigane aux effluves orientaux à la Vangelis sur une structure de rythme légèrement sautillante. Le piano et les voix séraphiques ajoutent un nuage de mélancolie qui amplifie la détresse des violons chinois. La mise en scène de Robert Fox sur ces titres est époustouflante. On ne peut avoir une vision spirituelle autant cinématographique avec ces rythmes qui croissent sans éclater, façonnant une tourmente qui est trappée dans des harmonies larmoyantes.

D'ailleurs chaque titre de STILL WATERS offre cette fascinante dualité entre les rythmes claniques ambiants et les mélodies forgeuses de larmes. On craque devant le très émouvant Sirens et ses voix d'oracles qui traînent dans l'air comme des vapeurs d'envoûtement. Après une intro rêvassante qui hésite à libérer les accords de son rythme poétique et théâtral, Chimera épuise ses 12 minutes avec une structure de rythme qui s'apparente à ces paysages soniques qui accompagnent les documentaires sur le monde Oriental. Robert Fox tisse un univers tribal à faire rêver avec des accords d'une guitare persane chimérique, des chœurs angéliques et une voix d'oracle des sables qui parsèment un univers où le rythme cinématographique se fond à ses ambiances aussi éthérées que méditatives et déchirantes. Ishtar nous amène à un autre niveau. C'est un beau down-tempo érode par la poussière des sables où l'oracle des sables offre ses litanies à un synthé aux perçants souffles perses. Nous sommes dans l'univers de Alquimia et de sa voix merveilleusement éthérée. Desert Song offre un rythme plus lent. Un slow tempo tribal où cette fois-ci ce sont des voix d'hommes qui psalmodient sur de délicates percussions tribales dont les battements hypnotiques portent aux nues des brises de violons rêveurs et des souffles de flûtes aux harmonies acérées. Persian Sunset boucle la boucle d'un album intensément poétique où Robert Fox m'a carrément subjugué avec 75 minutes d'enchantement pur.

L'info presse de AD Music cite qu'il s'agit du meilleur opus de Robert Fox. On dit ça à chacun de ses nouveaux albums. Et pourtant c'est tellement vrai. Robert Fox a ce don de se surpasser dans un créneau qui est pourtant très difficile d'exceller; le New Age. On exagère et c'est mélodramatique. On manque de jus et c'est insipide. Et si on vise juste, c'est théâtral, tendre et émouvant. C'est une histoire musicale qui s'écoute avec des images plein la tête. C'est STILL WATERS.

Sylvain Lupari (31/08/13) *****

Disponible chez AD Music

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