“De beaux rythmes ambiants dans un paysage créatif, The Biode est comme un champ botanique où l’on peut entendre respirer la flore”
1 Recalcitrant Malfeasance 3:14 2 Particles 4:34 3 Protista Mephista 8:21 4 Elevate the Hive Mind 7:28 5 Behind the Staminode 5:26 6 A Porous Membrane 4:40 7 Permeate the Divide 5:32 8 Galvanic Response 8:29 9 Aerosols for Pluviculture 2:27 10 Witchetty Vartu 7:21 Soundscape | SP031
(CD 57:32) (Progressive ambient EM)
Des cognements et des bruits glauques assaillent nos oreilles en ouverture de Recalcitrant Malfeasance. Ces sons semblent gorgés d'eau, on dirait un homme-grenouille jouant du Didgeridoo dans un étang, et murmurent une sordide incantation qui reste le seul élément harmonique de cette symphonie en tons vaseux. Peu à peu, ces cognements deviennent une base de rythme ambiant où chaque tonalité étire sa note vers la suivante afin de tisser une impénétrable muraille de tonalités qui croassent comme des batraciens en chaleur. Attendez-vous à de l'inattendu! Cet adage sied à merveille l'intrépidité d'un musicien qui défie ses instruments afin d'aller là où personne n'ira. Et c'est aussi la thématique de THE BIODE; un terme pour désigner un nœud biologique où une communauté d'organismes se combine pour devenir une unité d'individualité ou de conscience. Ce petit lexique fait partie d'une observation que Robert Rich partage à l'intérieur de la pochette six-côtés digipack aux couleurs et à la vision si réaliste d'un album riche en tonalités très biscornues où le psybient et l'Électronica s'accrochent à des ambiances qui n'en finissent plus d'étonner. On peut aussi lire cette observation sur la page Bandcamp de THE BIODE. Usant à satiété du Haken Continuum, Robert Rich tisse des chorales totalement déjantées. Comme celle des spectres difformes sur le non-rythme de Particles et de sa ligne de basse qui soupire dans sa solitude rythmique. Les bah-bah-bah-bah coulent comme des couleuvres visqueuses, défrichant un code linguistique qui semble coller au langage des micro-organismes. C'est du Robert Rich et on tangue sur des structures parfumées de sa Steel-guitare et de ses nappes de synthé anesthésiantes qui suintent timidement dans l'émiettement du squelette rythmique de Protista Mephista. Le port d'écouteurs est fortement conseillé afin de saisir les suaves mélodies d'octaves sculptées dans les possibilités du Haken Continuum. Ces octaves initient le chant flûté de Elevate the Hive Mind qui se dandine sur un rythme envoûtant tout en provoquant une guéguerre de carillons qui s'enfuient tel des serpents squelettes sur un lit de clochettes. La Steel-guitare est aussi belle que la flûte. J'ai accroché tout de go sur le décor de ce rythme lent et magnétisant. Idem pour le mid-tempo très organique de Behind the Staminode qui permute en un bon up-tempo copieusement arrosé des possibilités du Haken. Après le paysage sonique très ambiant de A Porous Membrane, Permeate the Divide revient avec une autre bonne structure de rythme plus ou moins tribal orné des magnifiques lamentations de la Steel. Un titre très intense et superbement bien décoré par une faune sonore qui a changé de ton depuis Elevate the Hive Mind. La présence des synthés conventionnels est plus remarquée sur ces derniers titres, de même que sur un autre paysage d'éléments d'ambiances en Galvanic Response qui conserve un lien de fascination avec des gloutonnements organiques. Aerosols for Pluviculture est un autre titre pour méditation avec des belles lignes et ondes de synthés au couleurs de la nuit sous les étoiles. Witchetty Vartu termine cet autre fascinant voyage au cœur de l'imaginaire de Robert Rich avec un doux rythme structuré sur des pulsations et percussions toujours aussi visqueuses. Ce rythme hypnotique est charmé en premier lieu par une très belle flûte. Les ambiances atteignent une phase d'intensité unique à l'esthétisme tonale de ce surprenant album du multi-instrumentaliste de la Californie où de lentes orchestrations caressent ce duel voix/flûtes qui fait partie de cette effervescence sonore d'un album qui va aux limites de notre imagination. Sylvain Lupari (27/02/2018) *****
Disponible au Robert Rich Bandcamp
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