“Beaucoup plus tranquille, Vestiges suit le chemin de WWLB dans des visions qui reflètent cette bataille de l'être humain contre l'oubli”
1 The Fading Shore of Memory 6:20 2 Night Seas Luminesce 6:59 3 Spectre of Lost Light 15:16 4 Obscured by Leaf Shadows 5:27 5 Equipoise and Dissolution 8:49 6 Reborn in Brackish Pools 3:40 7 Anchorless on Quiet Tide 16:00 Soundscape | SP029
(CD&DDL 62:31) (Dark ambient music)
Des cliquetis métalliques, des ombres bourdonnantes et des coups de marteaux. Un semblant de vie paisible avec des chants d'oiseaux et des cris d'enfants qui se perdent dans ces strates flottantes d'une guitare lap-steel qui a dérobée au synthé ses chants spectraux. The Fading Shore of Memory donne le ton à une suite (attendue?) à What We Left Behind. Les ambiances y sont moroses avec une plongée dans des effets de drones farouchement enveloppants, des effets de bruissements que l’on entend sous la forme d’une pluie métallique de même que ces oblongues lamentations habilement structurées avec l'union du lap-steel et du synthé. Certes, il y a quelques mouvements de rythmes, comme dans l'ouverture de Night Seas Luminesce. Mais cela reste très timide et un piano absorbe tout de go ces battements avec une délicatesse inouïe pour des ambiances aussi noires. En fait, tout est très ambiant dans VESTIGES. Sauf que Robert Rich manie l'art de saisir notre attention en nous plongeant littéralement dans les territoires très post-apocalyptiques avec des squelettes de mélodies modulés par un piano. Ce piano égare les bribes un peu partout autour de Night Seas Luminesce afin de nous amener au pinacle de la 1ière partie de ce dernier album de Robert Rich avec la chute des anges qui sévit autour des premières minutes du très intense Spectre of Lost Light. Les ambiances sont caverneuses avec un lourd nimbus de drones et de voix célestes. Des voix qui peu à peu réduisent l’ampleur de ces drones bourdonnants sévissant depuis la mutation des nappes sibyllines qui faisaient entrave aux souvenirs dans The Fading Shore of Memory. Ces voix sont comme un mirage sonore après une nuit tourmentée dans les labyrinthes des enfers. Elles nous envoûtent et apaisent ces ambiances obituaires qui s'écoulaient des enceintes de son introduction. Les dernières minutes de Spectre of Lost Light nous transportent vers un fascinant duel entre ces voix et ces drones qui se chamaillent dans une ambiance à faire dresser notre chair de poule jusqu'à ce que le vide les absorbe. Très intense comme finale!
La partie 2 de VESTIGES débute avec la symphonie des vents creux et des voix sibyllines de Obscured by Leaf Shadows. Comme la ligne de basse, le piano égrène une pensée refoulée alors que des effets ajoutent à la dimension méphistophélique que prend Obscured by Leaf Shadows afin de s'arrimer au ténébreux Equipoise and Dissolution. Dans un vide, les carillons tintent dans les faibles respirations d’une basse, qui peu à peu se réveille comme un volcan menaçant, et dans de belles nappes flûtées. Reborn in Brackish Pools détonne dans cet univers très sombre avec une fuite de nappes plus translucides qui survolent et surveillent un rameur s'échappant vers Anchorless on Quiet Tide et son piano très mélancolique qui s'extirpe des profondeurs d'une introduction cousue de soie sombre. Les notes rayonnent comme les fruits d'un carillon dans une structure très méditative afin de forger une mélodie qui échappe ses vapeurs dans ce linceul de voix étouffées et de nappes éthérées dont la quiétude sied si bien à ce piano nostalgique. Et tranquillement les drones refont surface, de même que ces pépiements qui nourrissaient une partie des souvenirs nébuleux de The Fading Shore of Memory. La boucle est ainsi bouclée!
Entre la peur de l'oubli et la torture de se rappeler, VESTIGES est un voyage purement méditatif dans les fertiles terres imaginatives de Robert Rich qui réussit fort bien à mettre en musique les reliefs de sa vision post-apocalyptique d'un univers sur le bord de se recréer à partir de ses souvenirs. C'est un combat entre la fin d'un homme dont la vie est déchirée entre le vide et ses mémoires. Et si nous l'abordons de cette façon nous comprenons tout la dimension de cette lutte inégale. Pour amateurs de musique d'ambiances sombres!
Sylvain Lupari (11/02/17) ***¾**
Disponible chez Robert Rich
Comments