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Writer's pictureSylvain Lupari

ROBERT RICH: What We Left Behind (2016) (FR)

Updated: Dec 12, 2020

Robert Rich réalise l'impossible en créant une musique qui nous mène tout près d'un univers préhistorique post-apocalyptique

1 Profligate Earth 6:22        2 Raku 5:13    3 Voice of Rust 5:41    4 Soft Rains Fall 4:17    5 Rhizome 2:01    6 Transpiration 5:17    7 Corvid Collections 6:32    8 Aerial on Warm Seas 9:08    9 Never Hunger 3:22    10 After Us 3:02    11 What We Left Behind 6:01    12 Meeting Face to Face 5:29 Soundscape ‎| SP027

(CD 62:24) (V.F.)

(Ambient tribal post apocalyptic)

Des chants d'oiseaux paradisiaques, des grondements de tonnerres et une nappe de synthé auréolée d'espoir aussi blanc qu'immaculée, Profligate Earth infiltre nos oreilles avec la démarche d'un survivant qui scrute sa longue route à dos de cheval. Le rythme s'anime avec une mince couche d'Électronica avec ces percussions qui claquent comme des sabots sur une terre aride alors que les larmes de la guitare Lap Steel peinture le ciel d'une ombre d'une profonde mélancolie. Avec WHAT WE LEFT BEHIND Robert Rich réussit l'impensable, pour les vrais amateurs d'ambiances et les cinéastes cérébraux; composer une musique qui nous mène tout droit aux portes d'un univers préhistorique post-apocalyptique avec une douzaine de titres très pensifs. Mis à part le genre d'Électronica qu'est Profligate Earth, le rythme enfoui sous une avalanche de strates absconses et un autre doux chant murmuré par la flûte de Transpiration et la superbe ballade de la pièce-titre, où les larmes de la Steel et les percussions fascinent l'ouïe dans un rituel Terre et Feu, les autres 50 minutes de cet album sont plutôt tranquilles.

On peut entendre des bruits de percussions et des amorces de rythmes, comme dans Raku qui épouse à merveille le paysage de désolation de Profligate Earth, mais pour le reste les chants des flûtes, les murmures et les torrents des vents ainsi que les rythmes méditatifs, chatouillés par des percussions shamaniques, plombent les ambiances de ce dernier opus de Robert Rich. Mais ce n'est pas parce que c'est tranquille que ce n'est pas beau. Loin de là! Les sons qui ornent les ambiances que tissent Robert sont envahissantes. Raku agonise dans Voice of Rust alors que Soft Rains Fall étend ses nappes sibyllines dans un paysage sonore très Steve Roach. Le chant des spectres colle à notre peau! Dénudé de percussions, Rhizome reste tout de même assez sombre et intrigant, comme une nuit sans lune, où les bruits de la faune se perdent dans des vents creux et des cognements lointains. L'ambiante, quoique quelques percussions peuvent semer le doute sur sa nature, structure de Corvid Collections me fait penser à quelqu'un qui cherche son ombre sous les roches et se fâchent devant son éternelle quête. Voyez comment l'imagination peut travailler! Ça peut même être une danse pour nomades post-apocalyptique. C'est selon! Aerial on Warm Seas est un autre titre avec des ambiances qui sont près des territoires de Steve Roach, l'acuité des vents et des chants en plus. Never Hunger est un titre très méditatif où la flûte perd son ombre devant une avalanche de strates très irisées de la Steel. C'est très intense et les réverbérations qui assouvissent sa fin se jettent dans la quiétude de After Us et de son crépitement de crotales. Une des grandes forces de WHAT WE LEFT BEHIND est la façon dont Robert Rich tempère les effets apaisants de ses ambiances en insérant des phases de rythmes dans les points stratégiques de son album. Si Transpiration éveille le sommeil qui aurait pu guetter notre état de contemplativité, il en va de même pour What We Left Behind qui est un des bons titres du répertoire de Robert Rich. Le maillage des sons sur un rythme aborigène est tout à fait séduisant. Meeting Face to Face est une finale très poignante qui siérait bien un film dramatique. Les larmes de synthé et ses ombres qui s'éparpillent avec les voix célestes est tout simplement renversant, alors que la guitare gratte tout doucement une nostalgie qui se fane sous une délicate pluie.

Encore une fois, je me suis laissé avoir par la musique de Robert Rich. Bien que le style du musicien californien soit à des années-lumière de ce que j'affectionne, j'y trouve toujours des éléments d'une beauté insaisissable et inexplicable. C'est selon moi la force de Robert Rich; trouver l'inexplicable et le mettre en musique!

Sylvain Lupari (19 Mai 2016) ***½**

Disponible chez Robert Rich

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