“Ambient Occlusion suit le chemin de Dream Access mais dans une enveloppe sonore plus expérimentale”
1 Palpitation 8:52 2 Gravity 6:37 3 Rigid Body World 8:20 4 Ambient Occlusion 9:19 5 Motion Blur 5:49 6 Operating Systems 10:19 7 Live in Harmony 6:51 8 Meditation 6:00 9 Something Happened 6:53 Spheric Music | SMCD 2035
(CD 69:00) (Modern Berlin School)
On aime ou on n'aime pas Robert Schroeder! On ne peut pas être entre les deux car son univers est très stylisé et parfois assez difficile à apprivoiser, tant la recherche des sons est l'essence qui fait carburer son goût pour la composition. Et AMBIENT OCCLUSION n'échappe pas à cette règle. Un peu plus expérimental au niveau des sons, mais pas trop pour ennuyer qui que ce soit, que Dream Access, ce dernier album du magicien d'Aachen offre une autre panoplie des styles qui ont jalonné sa musique depuis son retour en 2005, mais dans une enveloppe sonore toujours aussi relevée. Toujours en quête de renouveau.
Et cela s'entend, se découvre dès les premiers mouvements ambiosphériques de Palpitation. Des arpèges errent mollement dans de luxuriantes nappes de synthé qui multiplient les effets et les couleurs entre ceux de la sédation cérébrale et de la curiosité auditive. La turbulence des sons explose par fragments, surprenant et déjouant les sens. Et comme la signature habituelle de Schroeder, des bribes de mélodies se détachent des ambiances afin de rôder comme ces rythmes inachevés qui naissent des ambiances psychédéli-cosmiques de celui à l'on doit les superbes Paradise et Harmonic Ascendant. Et d'ailleurs c'est un peu à cette époque que Robert Schroeder nous amène avec Gravity et son introduction bourrée de dialogues extra-terrestre. Les échos de cognements de machines étendent un effet de rythme réverbérant derrière un lourd rideau électronique. La structure de rythme principale est arquée sur un jeu de percussions aux tonalités aussi disparates que la cadence peut être alambiquée. Le synthé n'est pas en reste et sculpte des harmonies flottantes qui rampent comme des ombres vampiriques sur cette structure qui plonge, pour un court instant, dans une belle immersion multi sonique. C'est mon premier coup de cœur ici. Rigid Body World est un peu dans le même genre mais avec plus d'éléments mélodieux. Un splendide ruisseau sonique fait onduler et scintiller ses prismes matérialisés en belles séquences limpides. Perturbé par de brèves explosions et caressé par les chants d'un saxophone lunaire, cette structure de rythme, plus séraphique qu'entraînante, se détache pour ondoyer en solitaire ou s'acoquine avec des éléments plus véloces afin de tanguer entre l'ambiant et le up-tempo dans des ambiances aussi charmeuses que saisissantes. La pièce-titre est le deuxième pincement à l'âme. Une délicieuse ligne de basse implante une structure molle qui serpente une muraille d'éléments soniques de tout acabit. Nous sommes dans la jungle, comme dans le cosmos. Des cognements et des séquences émiettent ombres et effets percutants dans ce qui ressemble à ces vieux rocks mous et lascifs des années 70. Peu à peu Ambient Occlusion se détache de son intro savoureusement empruntée au rock psychédélique pour se faufiler dans une phase de Groove cosmique qui est nimbée d'effets de voix glauques et de beaux effets des années analogues.
Orné d'éléments semblables, mais moins psychotroniques, Motion Blur offre un beau Chill-out fluide avec un bon jeu de séquences basses et de sobres percussions. Avec sa nuée d'étoiles chantantes, ses effets cosmiques, ses chœurs astraux et ses solos forgés d'éléments organiques le synthé a des allures de bête intergalactique. Smooth et aérien! Operating Systems est un long titre qui émiette des bribes de rythmes dans un univers d'expérimentation sonore avec des ambiances qui flirtent entre un Berlin School très flottant et du Chill anesthésiant. Ici, les oreilles dominent les sens! Live in Harmony est la pièce de résistance de cet album. Un genre de titre venu de nulle part avec un rythme animé, un peu saccadé, construit autour d'un beau mouvement de séquences qui étirent leurs luminosités stroboscopiques et des percussions empruntées aux hymnes de danse Électronica. OK, les voix articulées grossièrement peuvent déranger! Mais l'effet de dansotte que le rythme offre, la musicalité et la désharmonie de cette structure de rythme atteint une symbiose inimaginable. Alors imaginez avec les effets, les implosions un brin dramatique et les nappes cosmiques... Un délice! Après un Meditation qui a exactement la texture de son titre, mais dans un univers sonore toujours aussi recherché, Something Happened termine AMBIENT OCCLUSION avec une structure de up-tempo doucement anesthésiée par de luxuriantes nappes et des effets voix aux dimensions soniques décuplées par ce désir d'aller plus loin et encore plus loin de Robert Schroeder. Un autre bel album!
Sylvain Lupari (23/07/16) *** ½**
Disponible chez Spheric Music et chez CDBaby
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