“Nous avons ici un Robert Schroeder poétique et cosmique qui déploie tout son talent”
1 Moderation (Concert Introduction) Hosted by Stefan Erbe 1:20
2 The Way to Cygnus A 14:20
3 Oscillation 12:40
4 Dreamland Prologue 4:40
5 Dreamland 7:35
6 Dreamland Epilogue 3:50
(CD 46:14)
(Berlin School, EDM)
C'est dans le cadre des cérémonies entourant le prestigieux gala consacré à la MÉ, le Schallwelle Award, que BOCHUM LIVE 2011 fut enregistré. Un concert intimiste où seulement 250 spectateurs étaient conviés à cette offrande du musicien et concepteur d'instruments de musique électronique qui dévoilait un nouvel équipement de son arsenal déjà fort bien garni. Pour l'occasion, Robert Schroeder était secondé du batteur Gigi Frieg et, à la surprise générale, de Bernd Kistenmacher pour les parties de Dreamland. Une offrande? Absolument! Ensemble, ce trio d'un soir nous fait voyager dans l'univers musical de Robert Schroeder où les premiers élans de la MÉ de style Berlin School étaient au rendez-vous, accompagnés des approches plus contemporaines et groovy du célèbre synthésiste de Aachen.
Les balbutiements introduisant The Way to Cygnus A se font entendre dans un silence aussi opaque que le vide dont seuls quelques faibles toussotements se font entendre. Avec un titre aussi alléchant on devine de quoi il en retournera, avec raison et surtout sans déception. Une sombre onde émerge, traçant le sobre mouvement linéaire flottant du légendaire Galaxy Cygnus A auquel s'accrocheront de fines lignes synthétisées qui ondulent et vacillent parmi une chorale astrale et des superbes souffles flûtés. Des serpentins résonnants tournoient autour des chœurs en suspension, donnant le coup d'envoi à cette merveilleuse séquence qui a tellement endormie nos rêves. The Way to Cygnus A décolle d'un rythme actualisé par de bonnes percussions qui roulent et frappent un rythme devenu groovy. Un rythme sautillant légèrement et soutenu d'une bonne ligne de basse qui enrobe cette séquence minimaliste qui gruge l'ouïe, comme le plus doux des vers d'oreille, où les lamentations et stridents solos torsadés nous ramènent aux premières prémices cosmiques de Galaxy Cygnus A qui subit ici toute une restructuration musicale. Un rendez-vous temporel où les solos de synthé sont plus mordants et le rythme plus vivant, notamment avec ce solo de glockenspiel qui renforci le charme de cette étonnante sculpture musicale que le temps, ni les modifications n'arrivent à user. C'est tout simplement superbe! Oscillation nous présente le meilleur des mondes musicaux de Robert Schroeder et se glisse tout doucement parmi les cendres de The Way to Cygnus A avec une intro aux sonorités très similaires. Le rythme se dessine sur de fines pulsations qui battent à un bon débit tout en étant ceinturé des lamentations synthétisées, uniques au métallique univers cosmique de Schroeder. Le rythme s'accélère avec l'arrivée des riffs de clavier et de percussions plus soutenues qui sont appuyées de cymbales tssitt-tssitt, embrassant une fine ambiance de soft techno. Le synthé y va de beaux solos alors que la batterie pilonne un rythme qui emprunte une tangente minimaliste et que des accords de claviers qui y dansent ajoutent une approche mélodieuse.
L'univers est bariolé de stries métalliques s'entrecroisant dans un firmament musical qui graduellement se réfugie dans les vapeurs d'un univers cosmique où tout tourne au ralenti. Nous sommes subjugués par des voix qui chuchotent dans les effets sonores d'un titre qui devient le point de rencontre entre les sonorités très Californiennes de Double Fantasy et l'univers cosmique et poétique de Robert Schroeder. Et doucement, Oscillation sort des limbes cosmiques pour ré embrasser son envoûtant rythme d’ouverture, guidant l'auditeur dans les plaines minimalistes nourries de délicats riffs de synthé. Dreamland Prologue nous transporte dans l'univers de Klaus Schulze et son sulfureux PTO de Body Love. C'est une superbe pièce construite sur une vacillante onde de synthé où de délicates notes de piano et solos de synthé s'enlacent parmi les étoiles filantes. Un pur moment de magie cosmique philarmonique qui va en s'intensifiant dans les riffs saccadés de Dreamland. Des riffs qui se collent à un mouvement du séquenceur appuyé par de percussions qui deviennent de dures frappes de batterie alors que les synthés claironnent des mélodies aux airs de trompettes, unifiant les mondes de RS et Double Fantasy sur un curieux rythme aux essences hawaïennes. Superbe et très original, Dreamland évolue sur un rythme fragilisé par l’apparition d’un piano qui lance ses notes mélodieuses sur un rythme qui tressaille et sautille au gré des frappes d'une batterie toujours aussi féroce. Dreamland Epilogue ferme ce court concert où le temps s'est arrêté avec la délicatesse morphique de son prologue où la quiétude des astres semble avoir atteint son paroxysme en ce soir du 12 Mars 2011.
Comme me l'avait si bien dit Robert; je vais aimer BOCHUM LIVE 2011 car c'est un très beau voyage musical. Et j'ai plus qu'aimé, j'ai adoré! Dommage qu'il y ait ces toussotements qui apparaissent dans les moments de quiétude, nous ramenant vite à la réalité. Dommage aussi qu'il y ait ces trop longues et nombreuses interventions de Stefan Erbe, sinon BOCHUM LIVE 2011 serait un petit chef d'œuvre. Nous avons ici un Robert Schroeder poétique et cosmique qui étale tout son talent sur une musique qui porte sa signature. S'il est vrai que les rêves se réalisent, le mien serait de voir cet excellent album refait en studio, avec les mêmes musiciens, apportant un joyau de plus dans le trésor et l'héritage musical de Robert Schroeder.
Sylvain Lupari (06/08/11) *****
Disponible chez news-music de
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