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Writer's pictureSylvain Lupari

ROBERT SCHROEDER: Cream (2010) (FR)

Riche en sons et en beat de tous genres, c'est dans cette nouvelle Dance Music de RS

1 Magnetics 13:53

2 Groove Electronically 9:52

3 The Zong 8:05

4 Funky Spacetrip 8:44

5 Foaming Waves 10:29

6 Simply Cream 16:43

(CD 67:52)

(New Dance Music & Berlin School)

Hummm…! Les aventures musicales de Robert Schroeder sont riches, tant en sonorités qu'en rythmes variés. Depuis sa renaissance en musique en 2005, Schroeder a modifié son style au goût d'une technologie toujours avant-gardiste dans les instruments qu'il conçoit. Il explore ainsi le Funk, le Groove et une musique électronique de danse (EDM) sur de lourdes percussions entourées des plus riches tonalités de ses synthés. Un mélange des genres, riche et onctueux comme de la crème! Comme CREAM! Ce 22ième album du mythique synthésiste Allemand explore tous les contrastes de sa créativité. À la fois doux et tempétueux, les rythmes suivent les lentes évolutions des introductions avec des explosions de lourdes percussions électroniques imitant le genre bongos et congas. Des rythmes qui se fracturent et s'entrecoupent en étant enveloppés de synthés qui disjoignent leurs nappes pour sculpter des chœurs, brumes et souffles angéliques sans oublier les effets de vocodeur. Bref, un puissant album aux rythmes ambivalents qui croisent les époques et ses styles musicaux depuis son album Paradise en 1983.

Des arpèges sautillent maladroitement en ouverture de Magnetics. Ils épousent une délicate ligne de basse qui sculpte un discret rythme funky sur de fines percussions, alors que de belles nappes mellotronnées flottent légèrement au-dessus de cette atmosphère tamisée d'effets sonores cosmiques. Un peu comme partout sur CREAM, Magnetics coule et remue dans une riche et onctueuse crème sonore où différentes instrumentations viennent en enrichir sa structure minimaliste et hypnotique. Les synthés y coulent avec abondance et nuance, mélangeant habilement les vocalises, les solos mélodieux et les nappes éthérées qui survolent ce rythme parfois secoué par des coups épars de percussions et des accords de claviers qui cancanent comme un canard galactique. Groove Electronically est un très beau titre avec ses accords de piano qui se déploient dans une ambiance cosmique où chuchotements, synthés très plaintifs et effets sonores couvent cette étrange intro éthérée. Des pulsations hésitantes animent finement le rythme, foulant le romanesque de cette série de notes de piano minimaliste. Des percussions déboulent et augmentent la cadence du rythme d'un cran. Sauf que Groove Electronically reste secrètement délicieux en dépit de cette panoplie de percussions et de sonorités aux formes bigarrées qui déferlent sur une structure en constante évolution et dont les contrastes au niveau des rythmes s'entendent sous des strates de synthé acuités et prismatiques. Les roulements de percussions et les accords de clavier saccadés nourrissent en parallèle ce rythme qui galope sous des ondulations de synthé errant tels des prismes cristallins qui ululent entre de brefs et savoureux solos. Ce rythme riche en sonorités s'éteint dans les notes de ce piano si savoureux, même si minimaliste. L'univers sonore de Robert Schroeder est complexe et harmonieux et il n'hésite pas à en enjoliver l'entièreté de CREAM avec une quantité d'instruments qui dégagent des nuées de sonorités aussi intrigantes qu'attirantes. Ainsi The Zong débute avec de lourdes sonorités métalliques, comme les monstres robots de La guerre des Mondes. Les percussions déferlent avec force, mais restent indécises, alors que d'autres plus nuancées forgent un doux rythme animé d'une fine basse pulsation et ceinturé d'un synthé aux ondes extraterrestres qui ululent des complaintes à la fois suaves et enfantines. Le rythme devenu plus lourd et intense, The Zong évolue dans une ambiance carnavalesque avec un rythme mi funky et mi jazzé qui zigzague sur des accords de claviers circulaires et des pulsations glauques. Un monde de rythme très diversifié et enveloppé d'un synthé aux nappes brumeuses et aux chœurs errants.

Funky Spacetrip est très représentatif de son titre. Un gros Funk cosmique avec vocodeur, des grosses percussions et un rythme vaguement ondulant accompagné d'un synthé dont les lignes se subdivisent afin de créer une riche atmosphère où les solos côtoient des nappes éthérées. Un titre très riche et près des structures de Groove Electronically. Langoureux et sensuel, Foaming Waves est tout simplement captivant avec sa douce rythmique qui coule comme une gracieuse danse exotique sous de douces nappes brumeuses. Suggestif et osé, Foaming Waves embrasse presque les textures d'un blues électronique et cosmique sur une cadence qui augmente graduellement le pas avec des accords subdivisés sous un synthé aux exquises lamentations. Un très beau titre dont l'intensité musicale va en augmentant, nous rapprochant de l'ère Paradise et Time Waves, avec d'onctueux solos de synthé qui coulent sous les pulsations d'une ligne de basse aguichante. Notes de piano hésitantes, murmures et pulsations sensuels ouvrent Simply Cream. Des percussions bongos déferlent sur ce rythme langoureux, entre du Funk et du Groove qui est nappé de superbes nappes d'un mellotron brumeux. Le synthé y est suave, le rythme suggestif et les claviers dessinent de fines lignes saccadées, couronnant une mélodie accrocheuse synthétisée. Et Simply Cream défile tel un hymne sensuel dans une forme de rétrospective musicale des 5 premiers titres de CREAM.

Riche, CREAM l'est! Riche en sonorités de tous genres et en rythmes diversifiés, Robert Schroeder manipule ses synthés avec son adresse inouïe pour nous faire découvrir une autre de ses richesses tonales où les reliefs se sentent autant qu'ils s’entendent. Une pure merveille où nous sommes rivés à nos haut-parleurs tant les rythmes et ambiances sont finement découpés et rendus avec une précision chirurgicale. Une belle, riche et onctueuse crème qui se dilue fort bien dans l'univers des rêves où la musique des années 80, avec la technologie et la sonorité d'aujourd’hui, inonde nos oreilles de doux rythmes doux et tempétueux, unique à son riche univers.

Sylvain Lupari (29/11/10) ***¾**

Disponible chez Spheric Music

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