“Si vous aimez les premiers albums de Schroeder, c'est un agréable complément”
1 The Roots of the Spirit 12:43
2 Immaterial World 4:05
3 Jumpin' Energy 8:30
4 Frogs 4:17
5 Lullaby 6:06
6 Planetary Dance 6:21
7 Organyser 10:21
8 Dreamcream 4:57
9 Soundscape 4:16
10 Oberhausen 1981 Part 1 11:48
(CD-R 73:10)
(Experimental Berlin School)
Avec Harmonic Ascendant, paru en 1979, Robert Schroeder a estampillé la MÉ de sa sonorité particulière; un synthé fluide aux lamentations stridentes et mélodieuses sur un mouvement rythmique minimaliste progressif. À cette époque le musicien de Aix-la-Chapelle construisait ses propres équipements, d'où la singularité de ses eurythmies. S'ensuivit Floating Music, Mosaique et le sublime Galaxie Cygnus A. Une période fortement imprégnée de la Berlin School à la Klaus Schulze. Et pour certains, c'était sa meilleure phase. D.MO Vol.1, pour démo, est une collection de titres inédits qui retrace cette époque du synthésiste Allemand qui de 1978 à 1982 tentait des expériences avec ses nouvelles conceptions. Et c'est l'esprit derrière cette compilation qui s'adresse principalement aux fans de cette période. Et il faut être fan puisque le son est visiblement pas en meilleure forme avec des grésillements qui, en contrepartie, sonnent comme des effets sonores séquencés. Et ça sonne littéralement comme la période ciblée.
The Roots of the Spirit nous replonge dans l'univers analogue de la musique électronique (MÉ) avec un beau mouvement sautillant d'un séquenceur en mode Berlin School. Le débit est fluide avec une structure ascensionnelle qui aime respirer la brume synthétique et où se posent de très bons solos de synthé. Le mouvement du séquenceur reste noble avec une tonalité basse. Et les solos ont cette empreinte nostalgique du temps de Galaxie Cygnus A. Quoiqu'exploitant un débit plus rapide, et j'entends bel et bien le caquètement d'un canard en caoutchouc, Planetary Dance semble être de la même époque avec une qualité sonore tout aussi décente Un métronome assure la survie de ce rythme minimaliste dans le milieu de la 7ième minute. Simple, accrocheur et rétro séquenceur. J'adore! Ancré aussi dans une phase minimaliste, Immaterial World propose un rythme flottant avec des solos trop pointus pour être efficacement retransmis sans un léger effet de distorsion du son qui érode même le mouvement du séquenceur. Jumpin' Energy met en relief un furieux rythme construit comme un carrousel ayant perdu le nord dans un décor de zombies fous, fous, fous! Les solos de synthé sont très énergisants, quoique beaucoup dégradé lors de l'enregistrement. Enveloppé dans un linceul sonore légèrement abimé, Frogs propose une structure de Jazz sur un rythme résonnant comme la balle caoutchouteuse d'un bolo. Lullaby porte bien son nom avec sa prise de son très cristalline qui picote les tympans. À ne pas écouter fort et pour une berceuse, c'est plutôt rythmé. Organyser y va dans le complexe avec une structure de rythme circulaire et des bruit-blancs tout autour ainsi que des signaux sonores aussi agaçants que ces bips de sous-marin. La mélodie a beau être du genre enfantine qu'elle sonne vieillotte avec des pastiches des années 60. Et sa texture cybernétique froide lui enlève toutes formes de charme. On entend aussi beaucoup de statique sur Dreamcream. Un effet de statique qui semble séquencé, c'est peut-être la même chose pour Organyser. Mais ici le mellotron lance de belles structures ambiantes et mélodieuses, comme une flûte. Soundscape est bruyant pour rien et n'offre aucune structure. Tout le contraire avec ces grésillements séquencés qu'on retrouve aussi sur Oberhausen 1981 Part 1 qui rejoint les beautés et splendeurs de The Roots of the Spirit et Planetary Dance. Une collection de démos reste une collection de démos. Des titres bruts, sans retouches, qui démontrent la fluctuation de l’artiste sur ses œuvres finales. À cet égard, Oberhausen 1981 Part 1 démontre la nette influence de KS sur Schroeder. À mi-chemin entre Galaxie Cygnus A et Timewind, c'est un titre tiraillé entre ces époques qui aurait mérité un meilleur approfondissement.
Si les premières œuvres de Robert Schroeder vous ont séduites, D.MO Vol.1 se veut un agréable complément. Un CD-R de bonne qualité qui présente des titres originaux, non remixés, nous trempant dans cette atmosphère unique que le synthésiste Allemand avait créé autour de ses premières œuvres. En attendant la sortie prochaine de D.MO Vol. 2…
Sylvain Lupari (20/10/07) ***½**
Disponible chez Robert Schroeder
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