“Incluant sa vision Cosmic Funk, la grande qualité du CD est de s'éloigner de la tendance du début des années 80”
A1 Mosaique 12:03
A2 Utopia 6:09
B1 Aix-La-Chapelle 4:25
B2 Computervoice 12:33
IC | KS 80.016
(LP 35:10)
(Berlin School, Cosmic Funk) Toujours très avant-gardiste, Robert Schroeder aimait aller en dehors des sentiers battus en propulsant sa musique électronique, guidée par le synthé PPG Wave 2, dans une approche de rock band avec l'apport de vrais musiciens, soit; Charly Büchel à la guitare, Rob van Schalk à la basse et Fred Severloh à la batterie. Le résultat donnait un album plutôt Funky, un style que Robert Schroeder poussera encore plus dans les années à venir. La particularité de MOSAIQUE était qu'il pouvait être lu autant en mode 45 tour comme en mode 33 tour, sans oublier que ce 3ième album dans la discographie du musicien Allemand n'est sorti seulement qu'en vinyle. Pour une raison des droits d'auteur et d'édition, cet album, que Robert Schroeder semble renier, n'a jamais eu de rééditions, ni de remasterisation avec de légères différences comme avec Floating Music et Paradise. Et plusieurs personnes, dont votre humble serviteur pour avoir abordé la question avec Robert lui-même, ne voit pas quand une édition CD remasterisé, ça serait bien plaisant avec les deux vitesses, verrait le jour. On peut toujours rêver, non!? Mais est-ce un si grand album? Produit par Klaus Schulze, la grande qualité de MOSAIQUE est de s'éloigner de la tendance du début des années 80 qui donnait un timbre métallique à la musique avec des instruments digitaux. Eht oui, c'est un très bel album!
La pièce-titre affiche donc rondeur et chaleur avec une bonne basse qui structure un Funk ambiant bien décoré par les effets électroniques de Schroeder qui pépient et tiennent un langage codé tout au long des 12 minutes de Mosaique. Un peu comme dans FLOATING MUSIC, le Cosmic Funk est roi et la musique est copieusement enrobée d'effets électroniques et de boucles de chants folâtres qui roulent en arrière-plan. Des nappes sous formes de riffs tranchent sur d'autres qui sont plus flottantes et d'autres qui délient des harmonies avec une tonalité de vieil orgue. La machine du groupe s'organise avec timidité, laissant plutôt la place à Rob van Schalk et à Robert Schroeder. Si les percussions épousent les gargouillements de la basse, et par ricochet d'une ligne de synthé, la guitare lance de fameux solos en mode fuzz wah-wah avec un penchant psychédélique de par son utilisation du fameux TalkBox. C'est après ces solos que Mosaïque délaisse son orientation incertaine pour exploser dans un bon rock soutenu par des percussions sauvages et une férocité accrue de Charly Büchel. C'est intéressant d'entendre du rock bataillé sous des nappes cosmiques et éthérées. Ça donne une dimension unique, qui encore aujourd’hui reste une avenue que bien peu d'artistes tentent. Utopia entre dans nos oreilles avec un mouvement qui clopine comme l'allure de ce canard que Robert Schroeder fait caqueter à travers son PPG Wave 2. Ce premier mouvement est délicieusement oscillant et libère une ombre qui scintille dans l'écho de sa démarche claudicante. Le titre devient un genre de fascinant Boléro électronique tant par l'apparition d'autres effets électroniques que par l'intégration de la batterie et de la basse. Robert Schroeder module ici des solos de synthé qui se font très discrets, tout comme la guitare, faisant les charmes de Utopia qui accélère la cadence avec une batterie plus vivante. Aix-La-Chapelle est une étonnante marche militaire pleine de vie, de gaieté et de tons. C'est sur MOSAIQUE que Computervoice a pris forme. Et nous sommes assez loin de cette version écourtée sur l'album du même nom paru 3 ans plus tard. L'introduction baigne dans une très belle enveloppe cosmique avec des nappes qui frissonnent tout en accueillant de délicats arpèges qui y sautillent sans réelle destination. Ce mouvement de séquences si séduisant perce cette membrane d'ambiances cosmiques pas tellement loin du point des 5 minutes. Les 3 prochaines minutes appartiennent à l'histoire mais avec des percussions nettement plus incisives. Computervoice s'éloigne de l'histoire pour conclure avec une approche pianotée. Le synthé y déroule ses solos et ses harmonies flûtées alors que la guitare balaie les horizons avec des chutes de notes, comme une étrange harpe, ajoutant ainsi un poids dramatique à une finale que l'on n'aurait jamais soupçonnée. Je tente d'imaginer maintenant le délire si joué à la vitesse 45 tours minute!
On parle très peu de MOSAIQUE et pourtant c'est un très bel album, j'ai moins aimé Aix-La-Chapelle, qui a toute sa place dans la discographie de Robert Schroeder. La première version de Computervoice est nettement plus musicale alors que la Face A tout entière est tout simplement en avant de son époque. Même que ça s'écoute encore très bien aujourd'hui. Dommage, on ne trouve plus aucun souvenir de cet album, quoiqu'on peut trouver des albums à un prix assez décent sur eBay. Moi, j'ai un ami que le possède en vinyle et je l'ai aussi acheté lors de sa sortie. Je l'ai mis sur K7 et finalement sur un Mini-Disc. Mais le son était déjà une chute de fritures… Merci à mon ami Nick qui me l'a couché sur CD-r. Ce qui m'a permis d'écrire cette chronique.
Sylvain Lupari (05/11/08) ***½**
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