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Writer's pictureSylvain Lupari

ROBERT SCHROEDER: Spaceland (2018) (FR)

Updated: Jul 2, 2020

“D'un bout à l'autre, ce Spaceland de Robert Schroeder est l'un de ses meilleurs depuis un bail. Point!”

1 Space Discovery 12:07 2 Dream Garden 6:41 3 Terraforming 9:14 4 Ozone 6:19 5 Mineral Extractor 5:32 6 Upcoming Life 4:34 7 Dream Garden Ext 11:45 8 Transmission 13:12 Spheric Music ‎| SMCD-2039 

(CD 69:28) (V.F.)

(Berlin School)

Déjà un 39ième album solo, oui il a aussi fait des albums en duo avec Double Fantasy qui est devenu par la suite Food For Fantasy, pour Robert Schroeder. Et de quoi est fait ce SPACELAND? Ce n'est pas Space Discovery qui nous donne la réponse! Des bruits de pas lents, une clôture qu'on ouvre en faisant souffrir ses gonds. Les portes du cosmos s'ouvrent avec une explosion sonore qui laisse ses réverbérations répandre une traînée de brouillard cosmique. Space Discovery nous place tout de suite dans les ambiances de SPACELAND! Avec des effets sonores toujours très stylisés, des carillons brassés par une douce caresse et des solos de synthé toujours gorgés de ces tonalités de saxophones futuristes; la signature Schroeder resplendi de ses milles feux sonores dans une introduction digne d'un conte interplanétaire. Les solos s'extirpent de synthés, toujours en avant de leurs temps, et s'égosillent avec des chants qui étirent leurs complaintes dans des effets de voix éraillées ou encore de longues torsades acrobatiques. La multiplicité des solos et des effets de synthé ici est aussi savoureuse qu'hautement toxique pour mes oreilles. Si les synthés sont de charme, les battements feutrés et les accords percussifs le sont tout autant. Ils soufflent une cadence douce et flottante ajustée par des séquences déchirées entre le rythme et les harmonies. Cette structure reluque un Berlin School que l'on a entendu il y a des lunes, en fait le mouvement du séquenceur est lunaire, même peinte d'une approche moderne, et qui met un peu de vie à nos pieds. Les voix chthoniennes sont pénétrantes, envoûtantes alors que cette voix d'Elfe des bois enchantés gémit à faire rêver dans ce décor musical qui graduellement dévie vers une phase de Chill Out, puis de Space Rock avec de solides effets percussifs, des riffs chevrotants et des effets de voix en staccato qui nous rappelle toujours qu'il ne faut jamais prendre rien pour acquis dans l'univers de Robert Schroeder. Le musicien d'Aachen aime surprendre son public en transitant entre les différentes époques et surtout les styles qu'il a approfondis, et même initiés, au fil de son impressionnante carrière. Mais le fil conducteur est bon et on sait déjà que les 7 autres titres de SPACELAND seront à la hauteur. Et non, Space Discovery est loin d'être représentatif des 58 prochaines minutes! Le brouillard mécanique et des restants de voix traînent la finale vers les fascinants effets spéciaux de l'ouverture de Dream Garden. Deux lignes de séquences percussives tracent une envoûtant pattern où le moderne et le rétro fusionnent dans une ouverture construite sur des rapports entre différentes approches de percussions. On plonge aisément dans les fantaisies du musicien Allemand ici avec cette vision des Caraïbes intergalactiques. De la brume et des solos de synthés en mode chants célestes approfondissent les champs de charme de ce titre dont les percussions dominent tout au long des 7 minutes. Ce rythme de fête cosmique s'évapore dans les ambiances de contaminations astrales qui embrasent les 4 premières minutes de Terraforming. L'introduction est intense avec une opaque brume nébuleuse où pulsent des cognements sourds et où flottent des solos de synthé dont les chants astraux dérivent dans une zone pétrifiée par une masse sonore radioactive. Ces ambiances se déplacent peu à peu vers une délicate ballade lunaire avec des riffs charmeurs. Ce titre évolue assez rapidement pour ses 9 minutes avec une courte approche du genre up-tempo avant de revenir sur les cendres de son ouverture.

Ozone suit avec une approche similaire. Cette fois-ci, ce sont des riffs de séquences qui gambadent amoureusement dans un contexte nettement plus onirique. Les nappes de synthé dégagent une confortable brume anesthésiante ainsi que de brèves arias incomplètes. Des effets percussifs traînent toujours dans les décors de SPACELAND et ils animent la structure de Ozone qui file vers un doux mid-tempo où la mélodie accroche encore plus avec des filets de voix séraphiques. Ce 39ième opus de Robert Schroeder défile en un beau conte musical sans interruption. Chaque pont entre les 9 titres est ainsi décoré avec minutie, plongeant l'auditeur dans un univers de découvertes sonores. C'est de cette façon que se prépare Mineral Extractor! L'impression d'être dans une grotte est omniprésente avec ces pulsations dont les échos résonnent dans les suintements des parois. Des riffs percussifs imbibées de bruits blancs tournoient délicieusement entre mes haut-parleurs, nourrissant ma pièce de musique d'une richesse contemplative. Cette brève incartade de rythme a beau durer le temps de quelques respirations que j'en suis toujours sous les charmes lorsque des battements sourds, en mode Techno pour âmes dormeuses, s'éteignent aussi dans un ciel lunaire où scintille une mélodie ambiante qui plonge mes rêves dans le très beau Upcoming Life. Cette belle berceuse lunaire présente des chants astraux qui jumellent leurs émotions avec le synthé très Bohème de celui qui nous a donné l'imposant Harmonic Ascendant en 1979. Doucement, cette berceuse illuminée par la caresse des arpèges en verre s'éteint dans un claquement sec (j'ai d'ailleurs sursauté ici) afin de nous plonger dans le splendide univers de Dream Garden Ext et dans le dernier droit de SPACELAND. On entre ici dans la période que plusieurs affectionnent; le style Berlin School du début des années 80 où Schroeder alignait des joyaux qui ont qui ont marqué ces années. Ondes réverbérantes, fracas sonores, séquences organiques et/ou de bois fantaisistes, percussions symphoniques et autres effets sonores d'une impressionnante qualité; Dream Garden Ext progresse dans un univers tarabusté par de remarquables effets percussifs. Le synthé aiguise des lames soniques qui découpent les ambiances alors que le rythme épouse une forme de hip-hop qui se dandine dans une étrange forêt de sons. Ce rythme devient plus fluide. Restant toujours dans les paramètres du Berlin School, il définit une approche tout autant mélodique qui charme sous d’immenses strates de voix chthoniennes. Évolutif, le mouvement force un bon rock électronique copieusement arrosé de ses solos aux tonalités unique à Robert Schroeder. Transmission conclut cet album en splendeur avec un mouvement ascendant lourd et incisif qui accueille des solos et une très belle mélodie sifflotée par un synthé aux multiples fonctions créatives. Transmission fini dans des bancs de brume cosmique, concluant sans aucun doute un des meilleurs albums de Robert Schroeder depuis un bail. Sylvain Lupari (07/12/18) ****½*

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