“Derrière une somptueuse faune sonore TimeWaves présente les 2 visages de Robert Schroeder et les 2 visions de son univers musical”
1 The Turn of a Dream 7:51
2 Waveshape Attack 3:23
3 Waveshape 7:43
4 Waveshape Decay 3:02
5 Love and Emotion 10:49
6 The Message 12:23
7 The Message Part II 5:44
8 Imagine 4:19
9 Flowmotion 4:55
(CD 60:12)
(New Berlin School, EDM)
Pour plusieurs amateurs et critiques de MÉ, TIMEWAVES est l'album de transition dans la carrière de Robert Schroeder. Un album où les effluves d'envoûtants et séduisants Berlin School caressent des approches plus commerciales arquées dans des synth-pop aux arômes quelque peu funky. Si le résultat surprend et à la limite décevoir certains de ses fans, une écoute plus approfondie révélera que ce 8ième opus de Schroeder cache 2 superbes bijoux qui grugent plus de la moitié des 60 minutes de cette dernière édition de TIMEWAVES que Robert Schroeder offre avec une qualité sonore rehaussée et plus détaillée, rendant justice à un album où les ambiances et les rythmes sont soigneusement nappés de cette faune électronique aux milles contrastes astraux.
Une candide ligne harmonique au léger bouquet flûté ouvre l'innocente approche de The Turn of a Dream. Une lascive ligne de basse étale ses ronflants accords qui ondulent sournoisement sur un tapis de chœurs éthérés alors que des accords perdus de synthé viennent flâner et tinter, ajoutant une touche harmonique additionnelle à un titre qui négocie son ambiance et son rythme entre la suavité des synthés et les pétarades des percussions électroniques de styles bongos. Waveshape Attack est un titre d'ambiance avec des lignes de synthé flottant à la dérive dans les entrefilets de chœurs errants et de percussions aux frappes indisciplinées. C'est un prélude électro-organique au synth-pop Waveshape et sa mélodie virginale chantonnant sur un rythme pulsatoire qui éparpille ses accords funky et ses frappes robotiques dans un univers harmonique sculpté dans des souffles flûtés. Comme Waveshape Attack, Waveshape Decay étend un nuage d'ambiance électronique avec des ondes de synthé qui sillonnent des tourmentes percussionnées. S'ensuit le superbe Love and Emotion. Pendant plus de 10 minutes, Robert Schroeder déroule le canevas d'un splendide down-tempo dont le rythme lent et suggestif s'appuie sur des frappes de percussions lentes et échoïques. Si le rythme est flottant, les harmonies sont oniriques. Les souffles des flûtes rêveuses flottent comme des chants pervers sur un rythme lascif, copulant avec des accords aux tonalités de guitare qui errent entre les filets des souffles tant musicaux que vocaux. C'est un superbe titre qui à l'époque terminait la face A d'un album où l'art électronique et ses technologies étaient encore au service de la créativité harmonique.
Voté comme la meilleure pièce de MÉ pour 1987, The Message est dans la plus pure tradition des œuvres romanesques de Robert Schroeder…à une échelle rythmique plus élevée. L'intro présente ces accords aux tonalités d'aboiements de chien si chères à l'univers électronique du synthésiste d'Aachen. Ils aboient de leurs timbres saccadés dans des brumes ocrées alors que des pulsations tracent le schéma d'un rythme hypnotique qui débauche une multitude de cercles séquencés qui tournoient dans les brumes des chœurs errants et dans les complaintes acérées d'un synthé aux solos harmoniques. Le rythme est tourbillonnant. Fusionnant ses pulsations entrecroisées aux percussions électroniques, il tourne et tourne dans les sillons d'un synthé aux arômes de saxophone intergalactique. Le titre embrasse une courte phase ambiosphérique avec des chœurs humant dans des brises argentés et des rythmes fragmentés alors que les coups de séquences enchâssées alternent avec une vélocité croissante pour rediriger The Message vers son approche rythmique initiale. Un rythme forgeur d'un formidable ver d'oreille cadencé où des percussions aux tonalités creuses et des séquences aux oscillations perverses tempêtent dans cette intense brume vocalisée qui hante continuellement les approches éthérées de Robert Schroeder. Ça vraiment tout ce qu'il faut pour être choisi comme la meilleure pièce de MÉ en 1987. The Message Part II se dévêt de son rythme de plomb pour épouser une structure spiralée qui arpente de ses accords lourds l'ascension d'une montagne onirique où tintent de fins arpèges carillonnées. Et Imagine de poursuivre sur cette tangente arabesque pour conclure avec un rythme circulaire plus lourd et musical, complétant ainsi avec panache l'amorce de The Message. La pièce en prime sur cette dernière édition de TIMEWAVES, Flowmotion, respecte l'esprit derrière ce 8ième opus de Schroeder avec un rythme musical où roulements de percussions et arpèges miroitants forgent la belle symbiose d'un synth-pop minimaliste, un peu à l'image de The Turn of a Dream et Waveshape.
Robert Schroeder a toujours refusé de stigmatiser sa créativité derrière un seul style musical. Et TIMEWAVES ne fait que confirmer son désir, entrepris sur Paradise, de vouloir apprivoiser toute la percée technologique des équipements de MÉ à travers une habile fusion des rythmes de synth-pop et des hypnotiques structures progressives de la Berlin School. C'est un très bel album qui est sous-estimé où des titres comme Love and Emotion et la saga de The Message nous amène dans des espaces que seul Schroeder sait sculpter pour le plus grand plaisir de nos oreilles.
Sylvain Lupari (February 15th, 2013) *****
Disponible au Robert Schroeder Music Shop
Comments