“Plus je découvre l'univers de Romeriumet plus j’aime ce que je découvre!”
1 Mare Tranquillitatis 7:20
2 Oceanus Procellarum 15:23
3 Fra Mauro 9:00
4 Hadley Apennine 5:32
5 Descartes Highlands 11:20
6 Littrow Crater 9:33
(CD/DDL 58:02)
(Hard Rock EM & Berlin School)
Plus je découvre l'univers de Romerium et plus j’aime ce que je découvre! APOLLO serait un 13ième album en solo pour le synthésiste Hollandais. Un album disponible en téléchargement sur son site Bandcamp et en CD manufacturé chez Groove. L'album sur Bandcamp offre un titre supplémentaire qui a été composé par Image not Found, Crossing The Line. Un titre plus Jazz qui, entendu séparément, ne semble pas vraiment à sa place dans cet album. Mais c’est tout le contraire. Mais en fait, qu'est-ce qui connecte les 6, ou 7, titres dans APOLLO? Oui, l'album est un hommage à ces vols des navettes spatiales dont les chaque lieux d'alunages, six en tout, sont représentés dans les titres. Mais nous sommes très loin d'une musique cosmique planante ici. Dans des structures où le niveau des percussions sonnent des charges propres à du gros hard-rock, La musique de APOLLO est tout sauf cosmique…
Et Romerium ne perd pas son temps. Des sons percussifs sautant comme une horde de doigts sur la même note sont martelés modérément sur un clavier à un accord afin de créer une structure minimaliste compacte où une mélodie simpliste tissée dans la soie musicale constitue la source du le charme dans la placide ouverture de Mare Tranquillitatis. Un genre de flûte dégage cette mélodie sentie par des pads de synthé que l'on manipule doucement. Rien à voir avec la texture de rythme qui reçoit l'appui de confrères mécaniques et autres tintements percussifs qui forment un épais rideau de rythme alors que la mélodie doit claironner avec une tonalité de guitare et de solos un peu moins musicaux. Le tintamarre sera l'agonie de cette structure qui reçoit des rayons de réverbérations corrosives et qui subitement, à l’aube des télécommunications de la NASA, se voit transformer en rock & danse avec une horde de percussions sauvages. Habituez-vous car les percussions et éléments percussifs matraquent chaque pouce-carré ici, sauf dans la structure plus éthérée de Hadley Apennine. Il y a quelque chose d'étonnement captivant dans Oceanus Procellarum. Les wooshh se découpent pour se reconstituer en gouttes feutrées qui rejoignent les autres qui sont plus dans une teinte opaline. Ces cognements résonnent dans un silence tibétain. Des accords tombent en même temps que les cliquetis sur des cymbales éveillent une faune percussive avec des percussions qui percutent nos tympans. Les frappes sont sèches, quasiment militarisés, et résonnent avec un vorace appétit rythmique qui n'effraient pourtant pas la prose d'une mélodie teutonique s'installant doucement. Le rythme est lent et fort. Un down-tempo forgé dans le rough alors que des séquences s'enlignent comme des riffs accessoires qui font rouler un train. Candidement, la faune électronique ébruite à son tour une mélodie coquine qui semblent vouloir flirter avec des voix hors-champs. Des dialogues de la NASA qui passent toujours bien car ils se joignent à cette armada d'artifices qui enjolivent ce palace musical qui profite bien de ses 15 minutes afin d’aller toujours plus loin et plus entraînant au niveau rythmique. Les riffs de percussions en ouverture de Fra Mauro me font penser à Run Like Hell de Pink Floyd. Ce reflux percussif électronique est enveloppé par une main mellotronnée dont l'air serein conjugue constamment avec cet effet caoutchouteux des percussions. Et à quelques secondes de la 2ième, Fra Mauro se fait férocement harponné par des percussions pour devenir un hard-rock électronique bien nourri par divers éléments percussifs. Il y a toujours cette ligne de mélodie depuis le début qui éclate et prend sa place avec une belle envolée pianotée qui donne quelques légers frissons.
On enchaine avec Hadley Apennine et ses nappes de synthé dérivant dans un cosmos et ses bip-bip qui annoncent les communications des astronautes. Musicales, les nappes jouent sur leurs modulations pour faire entendre un coté orchestrale lunaire avec des filets de voix astrales murmurant dans un clavier et son côté clavecin, le temps d'un instant. On sent cette note qui voudrait bien attirer du rythme, mais en lieu et place, le synthé s'éveille et dessine de bons solos dans cette structure calme, considérant les différents contextes de ce APOLLO. Sans doute pour une histoire de droits, Crossing The Line n'apparaît pas sur le CD de Groove. Descartes Highlands débute avec une panoplie d'effets, tant cosmiques NASA que de synthé, et d'ondoiements de lignes de synthé qui laissent passer aussi quelques chants astraux qui me rappellent ces sonorités si uniques du Farfisa de Adelbert Ven Deyen. Une pulsation en appelle une autre avant que la 3ième minute s'affiche au compteur. Elle palpite sans arrêt, laissant passer d'autres dialogues NASA et une nappe de voix qui s'élève quelque 50 tic-tacs plus loin. Les voix viennent en paquet de 12 et crèment les ambiances d'une chorale céleste avec des voix hautes et d'autres plus basses. Il se passe un phénomène assez unique sur ce titre; plus de 5:30 minutes sans percussions. Et lorsqu'elles tombent, c'est pour aplatir nos tympans qui se font rentrer aussi des accords résonnants comme des sitars que l'on fait laboure avec des pinces de homard et finalement de grosses nappes d'orgues des années patchoulis. Ah, j'oubliais, le rythme est foutrement entraînant! Littrow Crater est sans doute le titre le plus électronique ici. Le séquenceur et les arpèges gambadent dans une structure de rythme évasif. Bien souvent, c'est après des télécommunications de la NASA que les percussions s'activent. C'est ce qui arrive avec Littrow Crater qui reste en contrepartie dans son cocon de MÉ vintage avec de bons solos de synthé aux tonalités chaleureuses et aux modulations harmoniques. Le deuxième partie est plus expérimentale et maintien le niveau d'excellence de cet album dont le seul défaut est qu'il passe trop vite. Une excellente production de Groove et de la grosse MÉ par Romerium de Rene Montfoort!
Sylvain Lupari (03/11/20) ****½*
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