“Derby! est un incontournable et une sorte de plus grands succès avec une nouvelle interprétation”
1 A Half Hour of the Wolf 10:44
2 Howling Whispers 11:00
3 Giants in the Derby Sky 7:25
4 Reattachment of Worldly Affairs 9:02
5 Acoustic Shadows 6:30
6 Canyon 7:30
7 Battle of the Somme 10:02
8 A Storm in the Guildhall 8:34
9 Tainted Bare Skin at the International 7:56
(CD/DDL 78:46)
(Cosmic progressive E-Rock)
Un concert de Ron Boots est toujours un événement. Le synthésiste Hollandais sait s'entourer de très bons musiciens, dont son inséparable ami et batteur Harold van der Heijden qui frappe ses peaux avec la précision chirurgicale d'un Harald Grosskopf. Pour son concert présenté au Electronic Music festival le 5 Septembre 2009, Ron Boots s'était aussi adjoint les services du guitariste Allemand Frank Dorittke ajoutant ainsi une profondeur plus rock, jazz et progressive à une musique déjà fort bien colorée.
DERBY! démarre tout doucement. Avec des vapes éthérées qui introduisent A Half Hour of the Wolf de l'album See Beyond Times And Look Beyond Words. Une douce intro vaporeuse où des accords perdus flottent tout en scintillant sous un ciel strié de déchirements hurlants d'un synthé aux ondes oscillantes qui soufflent les harmonies solitaires de ses chœurs esseulés. Lentement la structure prend vie sous de fines brises étoilées, qui rappellent les moments cosmiques de Klaus Schulze, juste avant que le morceau n'explose avec une avalanche de percussions endiablées et un synthé aux solos torsadés, rappelant encore plus la période Schulze/Grosskopf sur Body Love. Explosif et cosmique, tout comme Battle of the Somme qui virevolte sur une structure très similaire, mais avec une basse rythmique plus mordante. Howling Whispers suit avec une douce intro flûtée et mellotronnée qui se bagarre avec des percussions indisciplinées. Une ouverture sereine s'anime légèrement sous des riffs lointains d'une guitare qu'on peine à deviner. Le synthé conserve son approche flûtée dans un univers sonore statique mais bousculé par de lourdes pulsations de batteries et les riffs d'une guitare que l'on ne peine plus à entendre. Une six-cordes qui se chamaille avec un synthé aux solos virulents dans un univers cosmique où les percussions d'Harold van der Heijden martèlent constamment une cadence infernale, nous plongeant au cœur d'un rock plus progressif que cosmique qui s'appuie sur les riffs incisifs de Frank Dorittke. Giants in the Derby Sky ramène le rythme dans une proportion plus blues avec l'excellente guitare de FD Project qui crache de lourds solos sensuels sous de solides frappes des percussions. C'est un très beau titre qui a beaucoup d'émotions et de sensibilité que l'on retrouve sur le dernier Ron Boots et qui est plus près des zones progressives qu'électroniques, tout comme le jazzy et très rock A Storm in the Guildhall. L'intro de Reattachment of Worldly Affairs sautille délicatement sur une douce séquence jumelée à un xylophone carillonné. Une douce ouverture à faire rêver et qui pulse sur une approche séquencée plus lourde dont les résonances se moulent aux tssitt-tssitt cymbales, annonçant un rythme plus soutenu avec des solos de guitare et de synthé se chamaillant la lourde atmosphère qui enroule la finale.
Acoustic Shadows apporte une petite touche dramatique à ce concert avec une intro nébuleuse qui oscille entre les mystères de Pink Floyd et les lentes réverbérations d'une guitare superbement poétique. La narration explicite de Ron Boots sur la nature des ombres acoustiques est brisée par un superbe solo de synthé qui entremêle ses lamentations à la guitare inspirée de Frank Dorittke qui profite de l'ouverture pour plonger dans les rythmes saccadés de Canyon; un titre sculpté dans les riffs et solos de guitares aussi incisifs qu'étonnants. On croirait entendre du Ashra tant c'est délicieux et onirique. Rythme hésitant sous un synthé aux nappes très Vangelis, Tainted Bare Skin at the International clôture cette captation audio sur une séquence en staccato qui est mordue par une guitare rêveuse et un clavier aux accords spasmodiques avec ses effets de ventouses. Un autre titre du répertoire de Ron Boots qui reprend une nouvelle vie grâce à une bonne basse rythmique, un beau jeu de percussions et une guitare mordante qui facilite les envolées synthétisées virevoltant dans une finale qui nous fait regretter déjà la conclusion de ce concert.
DERBY! est un incontournable pour 2009. Un album en concert certes, mais un album où la musique de Ron Boots prend une nouvelle forme. Une nouvelle forme animée par la guitare de FD Project qui entraîne ses compositions dans un univers plus rock et progressif que purement électronique. C'est du space rock à son meilleur qui est performé par un excellent trio de musiciens. Et que dire du travail de Harold van der Heijden? Génial! Il complète à merveille la musique de Ron Boots, comme cette complicité entre Klaus Schulze et Harald Grosskopf, qui multiplie les solos et les nappes mélancoliques sur des séquences sculpteures de rythmes peu commode pour un batteur. En bref, DERBY! devrait plaire aux fans de Ron Boots, de même que ceux qui affectionnent le space rock, comme le rock progressif avec la présence de Frank Dorittke.
Sylvain Lupari (15/12/09) *****
Disponible chez Groove NL
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