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Writer's pictureSylvain Lupari

RON BOOTS: Dreamscape (1990-2002) (FR)

Un très bel album qui démontre que Ron Boots a sa place à côté des Klaus Schulze, Manuel Göttsching, Edgar Froese, Vangelis et Steve Roach

1 Cougarland 6:45 2 The Stand 14:02  3 Silent Nature 11:14 4 Rivers 7:35 5 Cry of the Heart 8:40  6 Dreamscape Part I 9:20 7 Dreamscape Part II & III 12:00 8 Rivers (New 2003 version) 7:43 GROOVE| GR-074

(CD 77:37)

(Berlin School)

En survolant la biographie de Ron Boots, on constate son impressionnante feuille de route, tant en tant qu'artiste que producteur et homme d'affaires avec son label internationalement reconnu; Groove Unlimited. Père fondateur du mouvement de la Netherlands School, Ron Boots est un véritable vétéran qui est largement responsable de l'évolution de la MÉ, avec son label et les 2 festivals qu'il met sur pied à chaque année; E-Live et E-Day. Ces évènements servent de lancement aux nouvelles parutions de Groove avec des albums provenant principalement d'artistes des Pays-Bas et une musique fortement imprégnée de la Berlin School avec une touche Hollandaise. Sa carrière débutait en 1987 avec Linear Waves, un album réalisé et distribué en format K7, format qui allait soutenir la parution de ses 5 œuvres suivantes. Initialement réalisé sur le label Synteam, qui devint Groove en 1990, DREAMSCAPE est une œuvre à propos des rêves. Des rêveries et des rêves lucides qui sont habilement transposés sur une musique où les rythmes et ambiances départagent la mélancolie de l'espoir. Avec cet album, qui fut choisi comme le meilleur album de MÉ par le German Schwingungen Club, Ron Boots a visé le sommet et y a resté depuis. En fait, DREAMSCAPE explique par ses structures et sa musique tout l'impact de Ron Boots sur l'échiquier de la MÉ contemporaine, dans un style Berlin School.

C'est avec des pulsations hésitantes, avec des contours érodés de résonances argentées, que Cougarland installe un rythme lent alimenté d'une approche d'un séquenceur qui peine à escalader son ascension spiralée. Le rythme est lourd et lent, comme les pas d'un puma qui encercle sa proie. Cherchant l'appui de fines percussions, genre tablas, et de tintements perdus, il tournoie sous les souffles épars d'une flûte qui égare ses harmonies dans les chants d'un synthé. Ses solos rêveurs harmonisent ses réflexions avec des chœurs flottants, enrobant le délicat staccato de Cougarland d'une tendre approche onirique. The Stand est un superbe titre qui étale ses 14 minutes par phases interposées. On croirait entendre les premiers balbutiements des séquenceurs de Steve Roach et Edgar Froese, dans Drunken Mozart in the Desert sur une approche tribale de Vangelis et son Opera Sauvage. L'introduction reprend cette étonnante fusion légèrement saccadée des souffles de synthé sonnant comme des flûtes et des chœurs psalmodiant une comptine céleste. Des accords, sonnant comme des coups de xylophone en bois, viennent gambader autour de cette délicate approche alors que graduellement Ron Boots entoure sa longue procession d'un beau canevas musical qui va en s'amplifiant avec toute la douceur que commande la rêverie. Peu à peu, The Stand devient assiégé par un voile menaçant alors que la direction rythmique dévie vers de sombres pulsations qui mordent les ambiances et la font tournoyer dans un beau mouvement sphéroïdal bourré de séquences harmoniques. Elles virevoltent sous de lourds voiles plein de résonances où les harmonies et les rythmes s'enlacent dans une étonnante symbiose allégorique. L'énergie se dissipe et les séquences changent de tons. Elles empruntent les souffles délicatement saccadés d'un synthé qui subdivise constamment ses lignes en flûtes et en chœurs angéliques dont les portées rêveuses sont délicatement harponnées par ces tintements de verre et des percussions tablas qui errent à la recherche d'un rythme à façonner dans un espace devenu ambiant et idyllique. En ce qui me concerne, The Stand et l'étonnant boléro au crescendo philarmonique qu'est Rivers sont deux titres incontournables du registre de Ron Boots. Silent Nature propose un beau panorama ambiant avec d'innombrables couches de synthé, certaines passives et d'autres plus musicales, flottent et encerclent les éphémères pulsations d'une nature endormie.

Ce genre de structure ambiante cernant une faune de percussions égarées se trouve également sur Cry of the Heart. Ce reflet de musique stationnaire coule entre des éléments Zen avec des souffles argentés d'un synthé qui flottent avec des chœurs astraux et des lamentations de baleines. On avance dans DREAMSCAPE et une chaude brise d'Orion libère de fines particules étoilées qui tintent sur un tapis de brume. Dreamscape Part I entre dans nos oreilles avec ses tonalités tintant comme une baguette de cristal sur une enclume qui rayonnent avec des riffs de claviers voletant en un envoûtant ballet harmonique, comme une tempête d'ions sonores. Ce long prélude à une deuxième partie totalement indépendante respire les paisibles harmonies d'un ballet statique à la Steve Roach avec des arpèges chatoyants qui tournent en une délicate spirale stationnaire et des chœurs aux timbres hachurés qui en recouvrent son approche virginale. Dreamscape Part II débute avec une belle ballade où la guitare acoustique de Ron Doesborg caresse la voix de Desiree Derksen qui récite un poème de Reina de Jong en Espéranto. L'approche onirique se perd peu à peu dans des percussions éparses et des souffles réverbérants, entraînant Dreamscape Part II vers des percussions plus soutenues qui martèlent un rythme de plomb tout autour d'arpèges carillonnés. Des lourdes nappes de synthé emmitouflent cette tempête implosive alors que les accords de xylophones soufflés dans le verre courtisent les lourds tam-tams tribaux et les souffles rauques d'un trombone coincé dans l'univers de fantaisies sonores d'un synthé. Dreamscape Part II plonge dans un intense bouillonnement statique qui calme sa colère lyrique dans d'apaisantes lames de synthé aux prismes irisés. Une nouvelle version de Rivers clôture cette nouvelle édition de DREAMSCAPE sur Groove. Ses pulsations qui augmentent la lourdeur du Boléro sont toujours aussi intenses. En contrepartie, les émanations vaporeuses du synthé revêtent une profonde essence philharmonique, restituant à ce titre intense une noblesse qui lui faisait défaut. Un détail que l'on remarquait à peine sur la version originale tant Rivers est immensément beau.

DREAMSCAPE est un très bel album où les rythmes puissants, comme statiques, embrassent des phases ambiantes séraphiques. Et que ce soit au travers ses ambiances ou ses rythmes, la force de Ron Boots réside en cette capacité à structurer et greffer des mélodies avec une aisance peu commune. Des titres comme The Stand et Rivers rehaussent indéniablement son titre d'album incontournable que je recommande fortement et qui vous initiera à l'univers d'un excellent musicien-compositeur qui a sa place auprès des noms tel que Klaus Schulze, Manuel Göttsching, Edgar Froese, Vangelis et Steve Roach. Des grands de la MÉ dont on perçoit une nette influence sur Ron Boots.

Sylvain Lupari (21/09/12) *****

Disponible chez Groove

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