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Writer's pictureSylvain Lupari

RON BOOTS: Ghost of a Mist (91-02) (FR)

“Le point de rencontre entre des ambiances lunaires et des rythmes évoluant dans une approche minimaliste dessinée à l'ombre de mélodies angéliques”

1 Ghost of a Mist (The Sleepwalker) 15:16  2 In Timeroom Spirits 9:29 3 Ghost of a Mist (Ring Mist Mountain) 15:34 4 On the Field 5:28 5 Flowing Forces (Bonus track) 9:20 6 Desert Clouds 18:47 GROOVE| GR-073

(CD 73:55)

(Ambient & Ambient beats)

Voilà un album qui est passé en un coup de vent dans l'univers de la MÉ et qui pourtant est égal aux œuvres tranquilles de Steve Roach et de Michael Stearns. Tranquille, mais pas trop! GHOST OF A MIST délaisse les rythmes purs et statiques de Dreamscape pour des rythmes dormitifs qui fourmillent de séquences passives. Ce 2ième opus de Ron Boots sur Groove est une incursion dans les ambiances claniques des déserts américains, comme Australiens ou tout simplement imaginés par Ron Boots et tel que mis en musique par Robert Rich et Steve Roach. Flanqué de Klaus Hoffmann-Hoock sur Desert Clouds et fort d’un splendide titre en prime (Flowing Forces), GHOST OF A MIST fait partie de ces albums que le temps n'arrive à éroder sa fragile beauté astrale.

Ghost of a Mist (The Sleepwalker) nous plonge dans ces phases et rythmes lunaires avec d'onctueuses couches de synthé qui flottent sur une faune sonore maculée de sonorités biscornues. Elles planent sur l'horizon, entre la Terre et ses étoiles, avec de fins contrastes dans leurs teintes musicales, passant de brumeuses à irisées et de discrètes à ostensibles pour accroître leurs vélocités ou leurs oisivetés. Comme des nuages voguant dans l'infinie, ces strates contemplatives dessinent des mains invisibles qui caressent le néant alors que des percussions aux tonalités de métal léger tintent dans un délire ambiophonique d'où émerge un séduisant galop irréaliste qui se déhanche comme un cowboy solitaire dans des dunes d'une autre planète. Égal à lui-même, Ron Boots enveloppe ses structures, autant abstraites que rythmiques, d'un voile mélodique unique à sa signature qui n'en finit plus de séduire avec une horde de séquences aux tonalités aussi différentes qu'ambiguës. Des séquences hypnotiques qui palpitent et frétillent en effleurant à peine le sol. Ils cisaillent une mystique brume nappée de voix lointaines avec des mouvements plus brefs et incisifs du séquenceur avec une dextérité qui ne perturbe en aucun temps ce chant des arpèges de cristal qui chantent comme les reflets de Klaus Schulze sur Mirage. Des couches de synthé nasillardes aux sonorités autant apocalyptiques que philharmoniques emplissent nos oreilles, étalant toute la profondeur des approches harmoniques de Boots qui, sur une musique d'ambiance ou rythmée, parvient toujours à dessiner ces mélodies qui errent entre les ambiances de Roach et Schulze sans pour autant se perdre comme les souffles dans les vents. In Timeroom Spirits échappe un filet de synthé berbère, initiant une danse d'arpèges chatoyants qui tintent avec d'épars tam-tams aux envoûtantes transes claniques. Une autre onde de synthé étale ses charmes, éveillant des arpèges de verre qui tintent et dessinent une envoûtante mélodie contemplative dont chaque touche détonne sur les coups de percussions. Totalement captivante, cette première partie de In Timeroom Spirits perd sa douce approche rythmique et mélodique pour trébucher vers un lourd passage ambiant où les couches de synthé hululent à la lune, cristallisée dans un froid dont les dommages collatéraux laissent entendre des murmures spatiaux. De délicats arpèges carillonnés escaladent les flancs d'une montagne musicale pour tisser une hypnotique mélodie cosmique qui entre dans nos oreilles comme les vestiges des œuvres claniques des déserts intergalactiques imaginés par Steve Roach.

Autre excellent titre dans GHOST OF A MIST, Ghost of a Mist (Ring Mist Mountain) débute avec une délicate approche onirique de danses et transes spirituelles des nomades d'une planète aux déserts d'argile. De légers accords de verre volettent et dansent dans des vents chauds, comme des pétales soufflées par des brises ocrées. La première partie est d'enchantement alors que la deuxième, qui se met en branle vers la 8ième minute, offre une approche plus rebelle où les frappes de percussions remplacent les arpèges de verre. Elles harponnent un rythme insaisissable que seuls des souffles flûtés semblent contenir l'oisive mutinerie qui éclate pour un rythme stationnaire qui est arrosé de souffles d'un synthé aux arômes hispaniques. Avec sa lourde approche qui tangue entre le rock et un techno nourri de spasmes saccadés, On the Field détonne dans ces délicates ambiances de GHOST OF A MIST. Mais comme tout ce que touche Ron Boots, l'enveloppe harmonieuse des synthés (qui respirent tellement les élégiaques souffles de Mark Shreeve) qui enroule les lourdes et sèches frappes de percussions ainsi que les lascifs ronronnements d'une ligne de basse est d'une richesse tonale à couper le souffle. Flowing Forces est un titre offert en prime sur cette réédition et il est très beau. De fines séquences et/ou percussions résonnent dans le sillage de leurs échos, traçant une savoureuse approche minimaliste qui est très proche des sérénades tribales de Mike Oldfield, je pense notamment aux percussions de Incantations. Les synthés étalent des voiles de brumes et leurs voix angéliques susurrent dans les harmonies des fins solos harmoniques, juxtaposant une couche d'émotions supplémentaires à ce titre qui a une profonde portée onirique. Desert Clouds enfile une intro similaire à Ghost of a Mist (Ring Mist Mountain) mais avec un débit plus lent. C'est une lente procession morphique avec des arpèges qui tintent à chaque coin de nos oreilles et dont le crescendo émotif se berce sur d'onctueuses strates aux linceuls de brume. Le mouvement se perd dans ses brumes vers la 6ième minute pour exploser violemment dans les incisives morsures de la guitare de Klaus Hoffmann-Hoock dont les violents solos déchirent la texture onirique. Ses solos aux torsades et meurtrissures angéliques s'épuisent peu à peu, reconduisant l'approche morphique de Desert Clouds qui sautille timidement vers une finale où les anges psalmodient dans un univers séraphique.

GHOST OF A MIST est le point de rencontre entre les ambiances lunaires et les rythmes passifs qui évoluent avec une approche minimaliste tracée à l’ombre de mélodies angéliques. Moins percutant que Dreamscape, ce 2ième effort de Ron Boots sur Groove n'en demeure pas moins une œuvre intensément musicale où le synthésiste Hollandais étonne par sa maîtrise des atmosphères tribales dans une enveloppe musicale où les synthés prédominent sur de douces séquences passives mais tout même fortement présentes. C'est un autre album extrêmement intéressant qui dévoile un autre côté de Ron Boots qui, comme d'habitude, a l'art d’enrober sa musique d'une délicate et belle enveloppe harmonieuse. Pour rêver les yeux ouverts!

Sylvain Lupari (21/09/12) ***½**

Disponible chez Groove

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