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Writer's pictureSylvain Lupari

RON BOOTS: Signs in the Sand (2012) (FR)

“Etrange et éblouissant, délicieux et compliqué mais surtout sublime! Telle est l'analyse concise que l'on peut faire de ce dernier album de Ron Boots; Signs in the Sand”

1 Klaustrofobie 26:53 2 Dream but not of Today 23:02 3 Signs in the Sand 7:05 Groove | GR-196 (CD 57:08) (Minimalist sequenced baseBerlin School)

Ne soyez pas étonné si vous avez l'étrange impression d'entendre Klaus Schulze de sa période Inter Face à En=Trance lorsque vos oreilles croiseront la toute dernière merveille de Ron Boots. Concocté à l'ombre des titres joués lors de son concert donné le 19 Mai 2012 à l'église de St. Bavo à Haarlem aux Pays-Bas, SIGNS IN THE SAND est inspiré par un musicien qui a influencé Ron Boots et une centaine de musiciens de MÉ; Klaus Schulze. Sur 2 superbes longs titres aux oblongs mouvements minimalistes, Ron Boots dessine les esquisses d'un envoûtant univers de surréalisme où des chœurs noirs chantonnent des airs absents sur des rythmes expérimentales en continuel évolution.

Un concerto pour voix de schizophrènes errant dans les corridors d'une aile psychiatrique ouvre les abysses du sombre Klaustrofobie. Cette intro bigarrée de voix absentes amorce les 27 minutes d'un titre épique qui allie psychédélisme et éclectisme sur une longue structure rythmique minimaliste giratoire où traîne une pléiade de tonalités déjantées (tonalités de téléphones, serpentins vibrants, murmures absents, vents creux, gongs paranormaux, etc.). Des accords d'un séquenceur chétif s'extirpent de cette brumeuse toile de folie aliénante pour danser en une valse de délicats hoquets spasmodiques qui perdent leurs illusions dans les lignes repliées d'un synthé et de ses solos aux étranges odeurs claustrophobes. Tranquillement le rythme de Klaustrofobie collige pulsations et accords égarés pour amplifier une cadence qui gagne en prestance. Les solos sont vicieux. Tournoyant comme des spectres de folie ou des lassos sans force, ils ceinturent un rythme devenu plus lourd et plus fort. Ce rythme difficilement cernable atteint sa maturité avec un alliage de pulsations glauques, de percussions sourdes, de brèves incisions de nappes de synthé aux brises de verre. Mais surtout de séquences aux tonalités bicolores où des tonalités d'enclumes de verre contrastant et de xylophones erratiques éclatent d'une délicieuse aura harmonique pour un titre qui emprisonne sa passion dans les couloirs de la démence. Les comparaisons avec Schulze? Il y en a. Tout d'abord ce rythme minimaliste qui engraisse sa gourmandise avec l'ajout de séquences égarées dans ces longs couloirs rotatoires. Il y aussi ces superbes solos aux dimensions insaisissables qui survolent ce rythme indescriptible comme des nuages d'éther bleus qui tentent l'asphyxie cérébrale d'un mourant refusant son sort. Sont-ce des souffles oniriques ou de démences? Peu importe car l'illusion d'une folie annoncée dans les premières secondes de Klaustrofobie persiste tout au long de cet étonnant titre qui par moments emprunte les longs corridors de la folie intérieure de Remy (The Great Church Trilogy et Exhibition of Dreams).

L'intro de Dream but not of Today continue l'exploration d'ambiances noires et paranormales avec des chœurs absents humant une détresse qui se perd dans d'oblongs cerceaux musicaux dont chaque contour éveille une irréelle faune aquatique. Des larmes de violoncelle caressent le désespoir des âmes insoumises dont les voix éteintes moulent des bourdonnements d'abeilles repenties alors que les ondes de synthé roulent sur la mer de la tranquillité, reflétant sur ses vagues le désir scintillant des étoiles muettes. Une fine ligne de séquence fait dandiner ses ions un peu après la 6ième minute, dessinant un rythme sautillant qui s'agrippe à une solide ligne de basse résonnante et à des percussions qui assomment le rythme avec des frappes discordantes. Et docilement le rythme abroge l'incohérence pour embrasser une belle cohésion harmonique autour des souffles flûtés et de ces fines séquences qui scintillent comme des lustres prismiques. Les chœurs absents et leurs voix occises apportent une dimension cauchemardesque à ce long mouvement minimaliste qui embellit sa structure devenue onirique avec des solos torsadés qu'Erik van der Heijden dessine comme à la belle époque analogue de Klaus Schulze. Superbe! La pièce-titre change de registre avec une approche beaucoup moins expérimentale. Des accords de clavier sont à la traîne d'un rythme qui s'annonce groovy, avant de moduler son approche avec un mouvement ondulatoire séquencée qui continue de bercer ces accords fragilisés qui dansent toujours dans des souffles aphrodisiaques. Étrange et déroutant, savoureux et intrigant mais surtout sublime! Tel est l'analyse concise que l'on peut faire de ce dernier opus de Ron Boots.

SIGNS IN THE SAND est à la mesure du grand talent du synthésiste Néerlandais. C'est un album riche en ambiances et en harmonies rampantes qui bourgeonnent sur des rythmes hypnotiques qui se cramponnent à l'ouïe avec ces fines et subtiles permutations. C'est une œuvre titanesque qui est plus que respectueuse de l'objet de son culte; Klaus Schulze. Mirifique, c'est près du chef d'oeuvre! Sylvain Lupari (15/01/13) *****

Disponible chez Groove nl.

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