“Véritable album en 2 temps, Die Unendlichkeit Des Augenblicks contient 37 minutes de pur bonheur Berlin School qui vaut très certainement d'entendre les 32 autres minutes d'un genre livre-audio en Allemand”
1 Wem Die Stunde Schlägt 6:53 2 Ad infinitum 3:34 3 Monolith 3:57 4 Vanitas 7:49 5 Niemand Kennt Zeit Noch Stunde 4:54 6 Ewigkeit 9:31
7 Rede Des Toten Christus Vom Weltgebäude Herab, Dass Kein Gott Sei 32:02
(CD 68:45)
(Berlin School, Cinematographic, Audio-Book)
DIE UNENDLICHKEIT DES AUGENBLICKS est littéralement un album en 2 temps. Si la première moitié de l'opus propose près de 37 minutes de Berlin School tout simplement délectable, le très long Rede Des Toten Christus Vom Weltgebäude Herab, Dass Kein Gott Sei est un véritable livre audio haut en couleurs cinématographiques et en narration d'une grande intensité affichée par Roland Paroth. Mais débutons par la partie musicale de ce dernier album de Rudolf Heimann qui est de toute beauté.
Wem Die Stunde Schlägt sera le premier titre à vous mettre d'accord avec ce que je viens d'écrire. Des arpèges séquencés sautillent avec une vive alternance sur deux lignes de séquenceur. La fusion de ces deux lignes structurent une approche rythmique nourrie qui titube légèrement, fixant un axe rotatif où tombent les premiers accords de clavier avec une résonance très Tangerine Dream. Ces accords, ainsi que leurs poudres soniques d'une couleur d'aluminium, tombent avec une vision dramatique et incarnent une image musicale de Visage et Fade to Grey. Un violoncelle surgit de nulle part et redimensionne ces ambiances mélodieuses avec de longues plaintes horizontales. Une voix de femme caresse nos oreilles de ses suaves fredonnements tandis que le violoncelle continue ses chants moroses. Les carillons d'une immense horloge se mettent à résonner un peu avant la barre des 3 minutes. Ils activent une 2ième partie plus rock électronique de Wem Die Stunde Schlägt avec des percussions, fraîchement débarquées, et des solos de synthé aux amples mouvements de valse cosmique. Et 3 minutes plus loin, le violoncelle revient conclure un titre introductif qui sera le premier objet de charme dans DIE UNENDLICHKEIT DES AUGENBLICKS. Nous avons ici le schéma de compositions des longs titres de cet album. Les titres plus courts ont une approche plus conservatrice avec une vision minimale. Avec un premier mouvement de rythme qui se dandine avec des accords d'orgue, Ad infinitum possède réellement les parfums de sa signification. Tout est construit à partir d'un orgue bucolique sur ce titre. Une série de nappes s'empile, divisant nettement la portion de rythme ambulant de la vision mélodieuse pastorale et des ambiances lugubres et cathédralesque. Intense et puissant! On passe à un autre registre avec le Blues lourd et électronique de Monolith. Un Blues électronique ou Gospel? Disons que nous sommes dans du gros rock progressif avec de bons claviers et de bons solos de guitare. La musique atteint un niveau plus religieux dans ses dernières 90 secondes avec une nappe de synthé parfumée de voix éthérées et de sels pour méditation.
Lourd, lent et circulaire; Vanitas est un gros rock électronique propre au rock progressif. Le basse et les séquences montent et descendent avec des orchestration afin de bien les ficeler ensemble. La guitare crache des solos comme un guitariste un peu stone sur une invasion de séquences gargouillant de faim pour du rythme pesant. Les percussions regorgent d'attraits avec des effets d'épées de bois qui s'entrechoquent et qui se greffent à une structure lourde et molle mais vachement entraînante. Niemand Kennt Zeit Noch Stunde est un voyage musical dans le temps de X. Une oblongue nappe de violons et violoncelle ouvre une introduction en mode méditation. Le violoncelle s'échappe et étire ses complaintes dans des arrangements orchestraux qui donnent naissance à un savoureux mouvement lento d'une salve de violons. Le violoncelle pleure et les arrangements deviennent un mouvement en staccato assez léger. Un peu plus de temps au compteur, qui n'a pas d'heure sur la pochette, et on aurait rêvé d'Harald Grosskopf! Il y a beaucoup de références à faire avec les œuvres pour séquenceur de Chris Franke sur le très mélodieux Ewigkeit. Le séquenceur marche, court et déboule à la Franke alors que les ambiances nous plongent dans l'univers de Pacific Coast Highway. Le synthé aux airs de flûte brumeuse, le rythme qui sautille comme ces gamins qui marchent et courent dans les airs en même temps et les harmonies de fin d'années 80 sont des parfums qu'il fait bon sentir et qui font que ce dernier album de Rudolf Heimann mérite amplement que l'on se tape le long roman-audio qu'est Rede Des Toten Christus Vom Weltgebäude Herab, Dass Kein Gott Sei.
Si on perçoit une tendance cinématographique dans la première partie de DIE UNENDLICHKEIT DES AUGENBLICKS, ce n'est rien comparé à ce très (trop?) long titre qui coiffe la moitié de cet album. Tout d'abord la narration! Excellente avec une approche théâtrale dans le ton de la voix de Roland Paroth. La musique d'ambiances épouse d'ailleurs l'intensité et les émotions affichée par la lecture de textes conçus par le romancier Allemand Jean Paul en 1797. Il y a beaucoup de passion dans la lecture de Mr Paroth, rendant ainsi la musique tout à fait adéquate. Le seul bémol est que la langue choisie est l'Allemand, à juste titre je crois. Je n'ai donc rien compris! Mais en toute justice, la lecture de Roland Paroth est magnétisante et on arrive à comprendre les moments de catastrophes et autres. Il faut l'entendre pour se faire une idée. Et les 37 premières minutes de cet album méritent amplement que l'on entende le reste.
Sylvain Lupari (12 Juin, 2019) *****
Available at Spheric Music, CD Baby, Syngate and Groove
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