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Writer's pictureSylvain Lupari

Rudy Adrian A Walk in the Shadow Garden (2023) (FR)

Les doigts hésitants de Rudy tissent des mélodies embryonnaires qui trouvent leur chemin dans la béatitude de notre écoute

1 A Walk in the Shadow Garden 5:10

2 Clouds Over Fields 6:07

3 Dawn Redwood 3:54

4 Hemlock Grove 4:59

5 Of Mosses and Liverworts 6:05

6 Maple Glen 7:46

7 Rising Mist 6:18

8 Dark Waters 6:31

9 Perchance to Dream 8:56

10 Beechwood 1:29

11 Conversations with a Gardener 7:26

(CD/DDL 64:41)

(Ambient music)

Album d'ambiances sur le rapport très intime entre un promeneur complimenteur et les délices d'un jardin aux milles merveilles, A WALK IN THE SHADOW propose la vision très poétique de Rudy Adrian sur 11 structures sans vie rythmique. L'univers est en suspension et la nature nous interpelle avec une enveloppe d'effets sonores, parfois organiques, tantôt acoustiques et électroniques, reliés à la vie d'un jardin. De sa faune aviaire et arthropode. De ses secrets et de ses ombres. Rudy Adrian marche sur les sentiers de As Dusk Becomes Night pour nous offrir en A WALK IN THE SHADOW un complément plus que tangible. Les synthés multiplient les ondes vibratoires, sculptant des vents vivants qui prennent différentes teintes et formes afin de créer ces ambiances qui nous soufflent ces rêveries sur le pouvoir de notre imagination. Ces ondes, ces vents et des brises flûtées recouvrent des mélodies flottantes et inachevées. Elles sont sculptées par des mains pensives sur un clavier, un piano ou sur une guitare acoustique. Ces mélodies émiettent leur destin dans une faune organique et dans ses stridulations qui ont une délicieuse texture percussive, imaginez un marteau-piqueur lyrique. Ces éléments fleurissent avec majestuosité dans cette fresque musicale où les beautés de cette vie ne tiennent que sur le mince fil qui connecte l'univers du musicien néo-zélandais à la porte de notre imaginaire.

On devine un bleu azuré dans le ciel, ne serait-ce que pour ces cerceaux électroniques qui se dissous en de longs filaments organiques dans l'air ambiant, de la pièce-titre. Le lien avec une forme de langage aviaire obsède les sens avec ces roucoulements qui s'émiettent par de fines lignes saccadées. Les ambiances se remplissent d'accords de guitare acoustique jetés ici et là et dont les résonnances fuient vers un essaim de stridulations. Des coups de percussions manuelles et de maracas (shakers) tombent au compte-goutte, stigmatisant le regard de nos oreilles vers les ombres d'une vie insoupçonnée qui est la genèse d'un jardin. Flirtant un peu avec le côté ombrageux de son précédent album sur Spotted Peccary, Clouds Over Fields est un titre de méditation pure avec des brises de synthé, et quelques ondes de wiisshh, qui flottent et se déplacent comme des vents poussés tranquillement et dont les différentes teintes et formes musicales bichonnent des champs à perte de vue aisément peints dans notre imagination. La musique, comme les ambiances, sont des caressent aux oreilles! Avec ses vents qui se déplacent aussi lentement, Of Mosses and Liverworts est du même genre. Le mouvement est aussi lent, aussi méditatif avec des tintements astraux et des souffles de flûtes et des brises plus sombres, un peu comme celles d'un hautbois, qui murmurent une élégie. Peut-être un peu plus spirituel, à cause des tintements de clochettes astrales, et plus sombre, à cause de ses bises caverneuses, Dawn Redwood propose une structure en suspension, comme dans A Walk in the Shadow Garden. Le clavier remplace la mélodie inachevée de la six-cordes acoustique dans une vision plus ténébreuse, voire dramatique, avec des croassements organiques et cette ombre obscure qui plane dans le décor. Ces éléments lui apportent en contrepartie une texture plus cinématographique qui peut faire un lien avec les ambiances de la série télévisée du même titre.

Il y a beaucoup de lignes de mélodies inachevées, en suspension, dans les panoramas musicaux de A WALK IN THE SHADOW. Et ce clavier qui fait tinter ses accords pensifs dans Maple Glen sonne comme la plus belle nostalgie antarctique de l'univers de Vangelis. Cette froideur chatouille nos oreilles dans une faune sonore où insectes et oiseaux paradisiaques fredonnent et murmurent entre les vastes nappes de synthé qui bordent cette ambiance mélancolique lorsque la nuit absorbe le jour. Un très beau titre! Ces arpèges de verre et de glace scintillent aussi dans le très obscur Dark Waters dont les maracas ont cette texture de percussions chamaniques. Les ondes bourdonnent ici, créant une atmosphère plus sordide et donnant une texture un peu plus bouddhiste aux accords égarés pensivement par des doigts rêveurs sur le clavier. La basse y ronronne, comme les râles inconfortables d'une créature de nuit guettant les visiteurs à venir sur le bord de ces eaux sombres. Perchance to Dream est du même genre, mais offre une vision plus onirique avec une gradation émotive dans la procession mélodieuse du clavier. Les vents y bourdonnent avec moins de nuances ténébreuses et avec plus de musicalité atmosphérique. Entre la quiétude de ses vents chauds et l'aspect plus ténébreux de ses brises nocturnes, Rising Mist accroche à nos oreilles une teinte plus obscure. Les stridulations des insectes de nuit et leurs chants crépusculaires coulent comme un ruisseau de billes sur des accords de guitares et de piano éparpillées toujours avec autant de modération. Beechwood est un court et tranquille prélude à Conversations with a Gardener qui a les mêmes tintes lyriques et le même niveau émotif que Perchance to Dream.

Écouter A WALK IN THE SHADOW deRudy Adrian sur le bord d'un lac lors d'une soirée illuminée par un feu de camp doit être un délice absolu! Le musicien sculpteur d'ambiances sylvestres nous offre ici un autre très bel album si on apprécie une musique méditative lyrique, puisque la poésie sans mots transpire par ses 11 titres. Avec ses doigts hésitants, il tisse des mélodies embryonnaires qui trouvent leurs cheminements dans la béatitude de notre écoute. Les univers organiques et de la musique ambiante fusionnent ici avec une ombre de rythme filiforme qui existe seulement dans l'oreille de celui qui la fait battre. Très beau! Très poétique!

Sylvain Lupari (17/05/23) ****¼*

Disponible chez Spotted Peccary Music

(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

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