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Writer's pictureSylvain Lupari

Rudy Adrian Atmospheres (2014) (FR)

C'est une musique ambiante très douce où Rudy Adrian utilise les vents et ses éléments pour remplir nos oreilles de belles phases de sérénité

1 Apple Tree Bay 5:36 2 Atmospheres 4:14 3 Willow Bank 4:13 4 Blue Horizon 4:52 5 Through a Cave into Another World 6:02 6 Amber Skies 5:30 7 Beyond the Silver River 8:09 8 Temple on an Island 9:33 9 Dreams of Subantarctica 11:12 SpottedPeccary  SPM2601

(CD/DDL/Spotify 59:22)

(Ambient soundscapes)

Ça faisait longtemps que l'on avait entendu parler de Rudy Adrian. Depuis 2010 en fait, avec l'album Distant Stars. Toujours fidèle à ses espaces ambiants, à ses paysages soniques sans mouvements, le synthésiste Néo-Zélandais inonde nos oreilles avec un concert de vents qui chantent toutes ses couleurs oniriques. ATMOSPHERES est un album tranquille. Très tranquille et aussi intimement envoûtant. Hormis quelques secousses ambiosphériques très nuancées, ce dernier album de Rudy Adrian est une chorale alizée où les vents revêtent leurs habits de turbulences passives comme celles de voix aussi éthérées que la couleur des rêves.

Les sons sont exceptionnellement riches et la musique nous entoure dès les premiers coups de rames de Apple Tree Bay et de ses lignes de synthé qui harmonisent les chants des vents dont les poussées éraflent les couleurs de l'arc-en-ciel, déportant de fines particules carillonnées qui scintillent sur une ligne de basse aux épars balbutiements passifs. Les ambiances sont tissées serrées. Il n'y a pas de trous vides avec cette symphonie des vents et ses hurlements qui parfois font entendre les chants des sirènes des bois. Une discrète et délicate flûte éparpille ses brises au travers cette lente valse linéaire, témoignant d'une richesse sonore qui capte toute notre attention. Ces textures et ses éléments sonores en perpétuels batailles entre la passivité et l'émotion font de chaque titre des puzzles soniques où les couleurs de l'intensité sont refoulées dans d'enveloppants mouvements ambiants. La pièce-titre est tout aussi passive et les ambiances plus pénétrantes avec des vents qui sifflent avec une étonnante musicalité. Avec ses lignes de synthé qui déchirent le silence de ses ailes de zéphire, ses voix perdus dans les nuances des griffes alizés et ses carillons qui scintillent comme de la neige emprisonnée entre des courants aériens contraires, Willow Bank et Temple on an Island sont des monuments de recueillement. Idem pour le très tranquille Amber Skies et ses fines nuances alizées qui murmurent des souffles aussi chaleureux que les souvenirs d'un ami disparu. Moulé dans ce même moule méditatif, mais orné de chants de baleines, Blue Horizon enchante aussi. Through a Cave into Another World nous amène vers une dimension plus shamanique avec des crotales, des carillons et des incantations spirituelles qui flottent au-dessus des délicates perles d'un piano pensif dont les accords se sont perdus au fil des vents. Avec des ambiances très enveloppantes, parfois dramatiques, Beyond the Silver River est un titre aussi magnétisant que Through a Cave into Another World où les fines implosions d'une ligne de basse créent de passifs remous ambiosphérique. Les crotales qui sillonnent comme des vents à la recherche d'un obstacle sont aussi séduisants que les chants des moines cachés dans la bruine des vents. On retrouve les chants magnétisants de ces crotales sur le très enveloppant Dreams of Subantarctica. Le plus long titre de ATMOSPHERES est aussi tranquille que les 8 autres, mais il s'y dégage une émotion encore plus intense. Les vents crient plus qu'ils ne sifflent alors que tout doucement une voix elfique s'élève au-dessus des eaux, murmurant un doux chant qui tranquillement nous amène là où nos intuitions et celles de Rudy Adrian s'entremêlent passivement.

La plus grande force de ATMOSPHERES est cette solide perception de voir, de sentir les paysages soniques de Rudy Adrian. C'est un bel album de musique ambiante où la force et la couleur des vents ainsi que les ambiances, tant éthérées que tribales, créent d'ensorcelants contrastes qui coulent dans nos oreilles comme une corne d'abondance de plénitude ambiosphérique où les airs des brises prennent les formes de nos intuitions. Depuis sa découverte, il m'accompagne dans mes dodos, rejoignant ainsi les grandes œuvres tranquilles de Steve Roach et Michael Stearns.

Sylvain Lupari (22/03/14) ***½**

Disponible chez Spotted Peccary Music

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