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Writer's pictureSylvain Lupari

SCHULZE & GERRARD: Dziekuje Bardzo (2009) (FR)

Un très bon album, trop long, qui est absolument plus magique en DVD

CDI 69:57

1 Shoreless Two 28:23

2 Bazylika NSJ 41:34

CDII 53:39

1 Godspell 20:25

2 Shoreless One 33:14

CDIII 48:10

1 Ocean of Innocence 41:32

2 Spanish Ballerina 6:38

Synthetic Symphony SPV 306872

(3CD 171:56)

(Ambient and Sequenced Rhythms)

Il y en a qui trouve que l'union artistique Schulze/Gerrard a fait son temps et que l'ami Klaus devrait passer à autre chose. Je suis partagé sur cet avis, surtout après avoir entendu ce DZIEKUJE BARDZO. Certes je m'ennuie de ses longues errances improvisées où Klaus Schulze déjouait les pronostics en balançant un album qui trompait le temps et qui nous entraînait bien au-dessus de l'au-delà. Par contre, je crois qu'il y a encore de belles choses à sortir de ce duo dont les duels et harmonies transcendent ce que Schulze peut nous faire imaginer avec ses chœurs virtuels. Si Lisa Gerrard avait endormi le Maître sur Farscape et pas totalement sur Rheingold, Schulze malmène la diva des chants sans paroles sur cet album enregistré en concert avec des passages divinement séquencés où la voix de sa muse est aussi agressive et mordante qu'à l'époque de Dead Can Dance. Ce qu'il faut retenir de DZIEKUJE BARDZO est qu'il s'agit d'un coffret 3CD qui regroupe 2 concerts donnés en 2 jours; l'un à Berlin et l'autre à Warsaw les 12 et 13 novembre 2008. Pour des raisons sentimentales à KS, soit 25 ans après Dziekuje Poland, le concert de Warsaw est nettement plus inspiré. Donc, selon moi un album double comprenant le concert de Warsaw plus, en prime, Spanish Ballerina, aurait amplement suffit. Mais Schulze étant Schulze dans tous ses excès et qui sait que tous ses concerts sont piratés (d'où la naissance des Silver, Ultimate, etc…Edition), il a préféré sortir un coffret 3CD avec les 2 performances qui se ressemblent à quelques variations près. Donc, voilà pour ce qui est de la polémique de certains chroniqueurs de MÉ qui pensent que l'union Schulze-Gerrard a fait son temps.

Les 3 premiers titres sont tirés du concert donné à Warsaw, le 13 novembre 2008, soit à peine 4 mois après le concert de Loreley (Rheingold) et Klaus Schulze sort son armature de sonorités hétéroclites où voix et racles de gorges baignent dans un étrange climat de pastorale musulmane sur un doux synthé aux vocalises angéliques. Vers la 9ième minute une fine séquence se dessine sur Shoreless Two. Elle flotte tout en multipliant ses arques teintées de légers sifflements de brume sur une autre séquence qui ondule dans une superbe fusion séquentielle que peu d'artistes osent amadouer. Une danse des cymbales s'ajoute au mouvement dont l'ondulation a pris le dessus rythmique. Une chorale de murmures éthérés se greffent à cette douce symphonie sise sur des rythmes chaotiques, mais symétriques, à l'ombre d'un synthé qui découd ses solos autant abrasifs que cosmiques. C'est comme le trait d'union du monde perdu de l'analogue à celui plus pragmatique et robotique qu'est le numérique. Et ondule le rythme sous des solos torsadés qui étirent le rythme sur une dizaine de minutes. Le temps d'embrasser une longue finale éthérée aux doux fils soie musicaux où Klaus étale toute les possibilités architecturales de ses synthés. Bazylika NSJ est la 1ère communion Schulze/Gerrard sur ce nouvel album du tandem. Un long titre divisé comme Shoreless Two avec son intro et sa finale angélique, entrecoupées d'un segment des plus audacieux pour une performance vocale où les folles séquences de Schulze marinent sur de solides percussions et une voix absolument magique qui mord à plein poumon sur un rythme endiablé. Divine, l'intro nous démontre la puissance des cordes vocales de Mme Gerrard que Schulze appuie superbement bien de ses chœurs synthétisés. Un opéra cosmique où la cantatrice surplombe un univers irréel avec une superbe fusion voix stimulées et artificielles. Magique, la voix de Gerrard emprunte diverses intonations avant de planer doucement vers l'ouverture des séquences hybrides qui sautillent de toutes parts vers la 18ième minute. Et là nous assistons à un duel musical où le rythme, qui ondule avec agressivité, se mesure à des orchestrations lentes mais fluides et des séquences syncopées où Schulze pousse Lisa Gerrard dans le fin fond de ses remparts, repoussant les limites d'une simple cantatrice. Une diva qui étale tout l'envoûtement de sa voix sur une finale plus éthérée.

Godspell clôture la performance de Warsaw avec un titre divisé en 2 temps et mouvements. Les 10 premières minutes s'attaquent à un rythme minimalisme qui pulse et ondule telle une ascension cosmique sur de belles percussions qui martèlent une structure progressive enjolivée par une superbe performance vocale. Un titre où l'improvisation vocale est aussi impressionnante que celle des synthés et des séquences dans des mouvements hallucinatoires. Avec la quiétude et la sublimité de sa voix, Lisa Gerrard alimente à elle seule toutes les fantaisies oniriques de la 2ième portion de Godspell où les violoncelles artificiels gravitent autour d'une voix aux milles intonations qui nous berce dans une infinie oisiveté de l'âme. Enregistré la veille, le concert de Berlin offre des structures similaires au concert de Warsaw, à quelques variations près. Ces variances sont plus présentes sur Ocean of Innocence où de lourds accords résonnants oscillent lourdement sous les complaintes d'une Lisa Gerrard qui semble être sans limites. Une douce voix céleste sur de lourdes réverbérations aux cercles de résonnances claustrophobiques, elle est dans un superbe délire vocal alors que graduellement Ocean of Innocence emprunte les douces sentes de Bazylika NSJ, ainsi que ses lourds rythmes débridés. Spanish Ballerina se démarque avec son intro remplie de voix anarchiques avant qu'une douce sérénade Espagnole ne vienne fignoler cette folle ouverture.

Le seul défaut de DZIEKUJE BARDZO est qu'il offre 2 concerts qui se ressemblent trop. Si on a les moyens du culte, il n'y a pas de problèmes quoique cela demeure une exploitation éhontée du fanatisme. Cela restera le problème de conscience de Klaus D. Mueller. Par contre, le concert de Warsaw est une merveille où les élans gargantuesques de KS sont finement appuyés par une superbe maîtrise des cordes vocales de Lisa Gerrard qui a sans doute avalé un synthé dans son enfance. Une splendide voix qui embrasse toutes les folies de Klaus Schulze qui lui en revanche, s'acquitte superbement bien des émotions de sa muse. Un bel album, trop long, qui est absolument plus magique en version DVD qui ne présente que le concert de Warsaw.

Sylvain Lupari (16/09/10) ***½**

Disponible chez Groove nl

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