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Writer's pictureSylvain Lupari

SCREENER: Ataraxia (2020)(FR)

Pour un nouveau venu, Screener surprend par sa dextérité à construire des couche d'ambiances dans un album fait pour charmer et déranger un peu

1 Sentrifuga 4:49

2 Kedos 8:20

3 Residential 10:01

4 Branta 6:30

5 Brevard 4:45

6 Promethium 4:15

7 Atticus 7:29

(DDL 46:12)

(Dark Ambient, drones, melodious)

Une nappe d'un bleu angélique accueille une floppée d'accords d'une guitare électrique pensive en ouverture de Sentrifugia. Le mouvement est aussi tranquille qu'un regard du haut d'une montagne, voyant tout sans rien cibler. Des modulations, tissées dans la subtilité, simulent des élans mais surtout concèdent à ce paysage ambiant un niveau d'émotivité que seules des âmes à la dérive peuvent sentir tout au long de leur peau. En plus de faire dans la Berlin School, la MÉ cosmique et progressive, le label Cyclical Dreams fait aussi dans le style ambiant mélodieux, comme troublant. Très troublant même! Un genre New Age progressif où la musique est au service des sens et des frissons. Screener est un projet de l'artiste, genre homme à tout faire dans l'art, Edmund Osterman de Cincinati en Ohio. Comédien, humoriste, documentariste, scénariste et musicien. Il est aussi membre du groupe de musique expérimentale Home Learning dont il partage ses visions avec celles d'un autre artiste du label Argentin, Tom Schmidlin aka Pagination. J'ai d’ailleurs commencé à apprivoiser son style Dark Ambient de son album For Why et dont ma chronique est due pour bientôt. Mais revenons à la musique de ATARAXIA, qui signifie; être dans un état de profonde quiétude, découlant de l'absence de tout trouble ou douleur. Et il faut mentionner que Screener a frappé dans le mille ici! Kedos suit avec cette onde musicale de couleur azuré qui cette fois-ci accueille les larmes d'une guitare électrique frotté avec un Ebow. Le signal est ensuite passé à travers une pédale de vibrato et un effet de réverbération. Le son est fascinant avec ses murmures mélancoliques. On l'entend souvent dans l'album avec une effet d'harmonisation. Je me disais qu'il y avait un peu de Robert Rich dans cet album…Le mouvement est d'une exquise sérénité pour nous amener aux portes de la dérive astrale, tandis que la beauté de Kedos est couchée sur cette nappe par la présence d'arpèges dont le débit aléatoire chasse ces fortes respirations des drones sonores qui ont infiltré les ambiances. Des drones tantôt musicaux ou intimidants de fausse rage, notamment à la toute fin de Kedos. Residential prend ce qu'il y a de plus beau dans Kedos pour l'étendre dans une sublime mosaïque de sérénité où les notes de piano dansent avec leurs ombres sur un des beaux moments de sérénité que j'ai entendus cette année.

Branta nous rappelle que Edmund Osterman affectionne le côté expérimental avec le projet Home Learning. Voici un titre minimaliste sombre avec une ambiance à ne pas sortir seul la nuit et qui est rempli de frottements, de faux battements, de larmes difformes qui se collent en jérémiades spectrales. Il y a aussi une faune à sous-bruits dans cette musique sombre. Bref, tout le côté de la frayeur est rassemblé autour des éclats aléatoires d'une perle musicale sautant depuis le tout début dans ce décor paranormal. Cette perle, surtout son écho, brilleront aussi dans l'ouverture de Brevard. Cette succulente ballade électronique offre des accords imitant le son d'une harpe que des doigts gracieux pincent dans une ritournelle ascendante qui cherche à fuir des battements sourds. Les ombres de ces battements, de même que les gémissements de synthé, éveillent le souvenir que cette superbe ballade électronique était précédée par les ambiances sordides de Branta. De fait, nous sommes dans les ambiances les plus sibyllines de ATARAXIA. Et ce n'est pas cette chute aux abysses de Promethium qui va nous prouver le contraire. Les vents dominants hurlent dans cet univers de perdition qui nous amène à Atticus et son décor londonien sous une pluie dans une nuit complice des ténèbres. Le synthé tisse des chants sombres où le mot tristesse doit être réinventé. Une lueur bleu se met à scintiller et flirter avec ce ténébreux chant des ombres, ramenant ainsi ce désir de réentendre Sentrifugia et ainsi écrire une autre histoire à propos d'un album qui sait très bien voguer entre deux univers qui se nourrissent de leurs reflets, de ces fils imperceptibles qui doivent à tout le moins établir ce contact entre nos deux réalités.

Plus beau que sombre, plus musical qu'expérimental, ATARAXIA démontre tout le potentiel de Cyclical Dreams pour faire découvrir la vaste étendue de l'art de la MÉ. Il y a beaucoup de potentiel sur ce premier album de Screener. La longueur du temps, à peine 46 minutes, est aussi très importante pour un album de ce genre où la MÉ de Edmund Osterman est au service de l'art.

Sylvain Lupari (21/03/21) *****

Disponible au Cyclical Dreams Bandcamp

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