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Writer's pictureSylvain Lupari

SECONDFACE: Wardens of the Mist (2022) (FR)

Il y a des bons moments sur cette ode ténébreuse ambiante comme il y a quelques longueurs

1 Dawn Mist 5:26

2 Harbinger 5:40

3 The Gathering 7:23

4 Windblown 5:58

5 Rays of Light 6:05

6 Forgotten Path 6:49

7 The Depths 7:17

8 Entity 7:06

(DDL 51:48)

(Cosmic Dark Ambient)

Décidément, Exosphere est en mode musique ambiante cosmico-ténébreuse avec deux albums-téléchargement du genre à sortir back-à-back en mai et en juin. Cette fois-ci l'œuvre nous vient du Danemark par la musique de Frank Vilbæk Jensen, alias SecondFace. Le musicien de Aarhus possède une solide feuille de route dans le merveilleux univers de la musique électronique (MÉ) avec des albums qui butinent dans le genre Goa-trance à de l'Électronica. Mais c'est plutôt un album tranquille et noir, une ode à la Mer de la Tranquillité qu'il propose aux oreilles des fans assidus du label californien avec WARDENS OF THE MIST, un titre très révélateur de son contenu. Nous sommes dans un univers cosmique dépeint habilement par une musique d'ambiances ténébreuses. Et pas juste un peu! Exactement l'idée qu'on peut avoir du Cosmos. La musique et ses bourdonnements propage une texture fortement goudronnée par une multiplication d'ondes de synthé qui s'agglutinent en une compacte masse sonore et qui se déplace comme le plus lent des aïs. Des reflets plus ambrés se détachent de ces rocs de brume ébène, apportant une vie sonore qui fait rayonner les 8 structures de WARDENS OF THE MIST qui se partagent les 52 minutes d'un album qui ne renouvelle pas le genre.

C'est donc une onctueuse ligne de bourdonnement qui trace l'ouverture de Dawn Mist. Empruntant la forme d'une nappe de basse rampante, elle s'étend comme une menace tout en irradiant une texture plus lumineuse d'où surgit des arpèges qui se dodelinent pour bien visser une mélodie lunaire dans un décor cosmique. La luminosité de ces arpèges sur un fond de bourdonnement à de quoi séduire sur ce titre qui libère aussi des ondes de voix séraphiques. Cette constante dualité entre les zones sombres et les irradiations plus translucides donne un cachet particulier à cette œuvre dont les ténèbres sont ainsi toujours habitées par une présence plus lyrique. On observe le même phénomène sur Harbinger qui propose une texture d'ambiances dystopiques à la Blade Runner avec des explosions industrielles dont les résonnances feutrées aident à obscurcirent son plafond sonore. Le mouvement est lent avec une masse sonore très épaisse qui est poussée par d'énormes rafales granuleuses de woosshh. Peu importe la densité de cette noirceur éternelle, il y toujours des miroitements céruléen qui s'en extirpent. Dans The Gathering, cette clarté prend la forme de crissements spectraux derrière un barrage de bourdonnements. Le lent déplacement des bancs de rocs réverbérants conduit à une lente valse dans le Cosmos et son manteau d'ébène. Très représentatif de son titre, Windblown séduit de par des effets sonores qui sont hors contexte mais aussi pour ses nuages goudronnés de bourdonnements plus massifs qui résonnent comme des lamentations de paquebots annonçant un passage difficile. Il y a des ondes de synthé qui ont cette couleur tonale de Chronos, superbe album de Michael Stearns, tant ici qu'à plusieurs endroits dans WARDENS OF THE MIST. On peut appeler cela des faibles rayons de lumière, et non Rays of Light n'en est pas plein! C'est un titre un peu moins sombre mais dont la masse de réverbérations noir-piano voyage aussi lentement que dans les 25 premières minutes de l'album.

Après Dawn Mist, Forgotten Path est le titre le plus attrayant de ce premier album de SecondFace sur Synphaera Music. Son nuage de radiations toxiques est moins ténébreux et offre un spectacle auditif qui se distancie des derniers titres avec un contour plus musical qui ceinture sa lente évolution entre les zones sombres et lumineuses, soit le purgatoire de WARDENS OF THE MIST. The Depths continu sur cette lancée où le côté opaque de l'album fait place à une poésie sans mots mais avec des strophes délicatement posées par des murmures sans souffles, sans vie. Nous sommes dans le meilleur de cet album avec ces lents mouvements entrecroisés qui font dériver nos sens entre deux univers qui se confrontent de leurs textures tonales. En fait, c'est comme une excursion d'un vaisseau spatiale dans des zones plus musicales avant qu'il ne reparte dans ces territoires où la noirceur suffoque toute clarté, comme dans Entity qui boucle la boucle d'un album conçu sur la thématique de science-fiction. D'un voyage sans retour vers les territoires les plus noirs du Cosmos. Il y a de bons moments sur cet album comme il y a quelques longueurs.

Sylvain Lupari (19/07/22) ***½**

Disponible au Exosphere Bandcamp

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