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Writer's pictureSylvain Lupari

SENSITIVE CHAOS: March of the Timeshifters (2015) (FR)

Différents tons, différentes ambiances et différents rythmes, la musique est un superbe mélange où nous ne pouvons pas nier à quel point c'est bon

1 March of the Timeshifters 7:26 2 Gypsy Moth Dance 8:22 3 The Romance of Train Travel 7:26 4 Cream and Variation 5:48 5 The Heliosphere is a Harsh Mistress 6:05 6 Voyager Surfs the Interstellar Seas 7:59 7 March of the Timeshifters (Radio Edit) 7:00 8 Gypsy Moth Dance (Radio Edit) 6:19 9 The Romance of Train Travel (Radio Edit) 6:32  10 Voyager Surfs the Interstellar Seas

(DDL/CD 70:00) (Electronic NeoFolk)

Dans cet univers des longues structures improvisées et inachevées du Berlin School ou de ces rythmes polyphasés très mathématiques de l'ère numérique ainsi que de ces longues odyssées cosmiques ou encore de leurs penchants ambiants, la musique de Sensitive Chaos arrive à se loger entre nos oreilles avec une facilité déconcertante pour le genre. Pour un peu que nous aimions la musique, le style aux saveurs très éclectiques et aussi très éthéré de l'univers de Jim Combs est comme une dose de réconciliation dans cette quête de domestication de tous ces genres. Entre du jazz et du classique champêtre, de l'après pop et du folk ambiant, la musique de Sensitive Chaos vogue ici entre des parfums de Broekhuis, Keller & Schönwälder, pour le côté tribal électroacoustique et surtout pour les caresses de Josie Quick au violon, et de Osamu Kitajima, pour ces approches de blues cosmiques aussi sensuel que très éthéré.

Une rosée sonique imbibé de délicats woosh et de wiish chatouillent nos oreilles en ouverture de la pièce-titre. Une ligne de séquences basses s'extirpent de ces particules irisées. Bien que semi-vives, ses pulsations, jumelées à de discrets effets de percussions genre Tablas, sculptent une structure de rythme lent, comme un Berlin School ambiant, qui épouse à merveille les longues marches des âmes solitaires dont les pieds lourds peinent à gravir les dunes des sables. Des effets électroniques et d'autres de réverbérations, ainsi que des brises de voix discrètes, ornent cette lente procession où les oscillations sculptent un genre de blues tzigane qu'un violon caresse de ses larmes lyriques, poussant continuellement March of the Timeshifters vers un crescendo très orchestral nuancé par un savoureux effet de lento. L'effet est aussi cinématographique que très onirique. Le violon crache des coups secs aussi intenses que dramatiques et qui épouse la gradation d'une structure qui dévoilera une douce violente avec de délicats effets de saccades. Et que serait l'univers de Sensitive Chaos sans ses carillons qui tintent avec autant d'harmonies? S'ils ferment la marche de March of the Timeshifters, ils ouvrent aussi les portes de Gypsy Moth Dance qui découvre une belle structure de rythme arquée sur des pulsations basses, qui résonnent comme un gros tuba baryton, des accords de clavier et des gazouillis de synthétiseurs qui se chamaillent sur une figure de rythme légèrement bondissante. Le lien avec les dernières musiques de Broekhuis, Keller & Schönwälder, dans la série Repelen, n'aura jamais été aussi évident qu'ici. Notamment lorsque la structure s'emballe avec une approche festive où le violon de Josie Quick est roi des ambiances d'un rythme très vivant, très enjoué et aussi très Folk.

The Romance of Train Travel est un beau titre qui exploite une approche plus ambiante avec un zest de…. Gospel. Les lignes de synthé tressaillent comme des sanglots sur une structure qui tangue sur les coups des percussions sobres. J'entends même une petite mélodie séquencée qui halète sur cette fine approche un brin stroboscopique. On dirait même que la guitare pleure et que ses larmes de cristal chantent avec cet archet qui danse sur les cordes du violon, alors que le saxophone égare un air de fête plutôt mélancolique. Les saveurs qui se mélangent dans ce titre en font un truc assez unique. J'ai adoré! Cream and Variation est une belle ritournelle qui va vous manger le fond de l'oreille. C'est un genre de comptine pour enfant débutant avec un piano qui étend les accords d'une mélodie minimaliste obsédante dans les gargouilles d'une ligne de basse qui palpite comme un gros monstre. L'ambiance est très intimiste, on dirait une mélodie jouée dans une chambre par un orchestre de chambre, où tous les éléments s'additionnent; synthé sifflotant, violon pleureur, brises de l'EWI et murmures de berceuses obscures afin de créer l'organigramme parfait pour apaiser le plus turbulent des chérubins. La finale, arrosée de percussions claniques et de chants aux fragrances Africaines, a éveillée en moi le désir de réécouter The Songs of Distant Earth par Mike Oldfield. The Heliosphere is a Harsh Mistress offre un rythme pesant, divin qui me fait penser à ce blues cosmique de Osamu Kitajima dans The Source (Heavensen). C'est moins acoustique et plus sensuel mais tout autant onirique, il y a beaucoup de similitudes entre ce titre et la pièce-titre, et les ambiances sont récupérées dans le voyage astral de Voyager Surfs the Interstellar Seas, un beau titre ambiant nourri de particules soniques où une savoureuse ligne de basse fini par ramper et nourrir l'essence des percussions avec un rythme qui se libère dans une structure près du free jazz. L'album conclut avec 4 versions, éditées pour radio, des meilleurs moments de MARCH OF THE TIMESHIFTERS. Sauf qu'on a oublié Cream and Variation et The Heliosphere is a Harsh Mistress. Oui! Un solide album qui redéfinie les frontières de l'éclectisme sonique. C'est comme être à la Nouvelle-Orléans, un soir de mardi gras, à écouter du Jazz, du Folk, de la musique de chambre et de la MÉ sur les berges des bayous.

Sylvain Lupari (18 Septembre 2015) ****½*

Disponible au Sensitive Chaos

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