“Amira est le nouveau chapitre de la carrière montante de Sequentia Legenda qui évite merveilleusement le piège de la redondance de la musique minimaliste”
1 Amira (Short Version) 9:54 2 Amira (Long Version) 21:36 3 Somewhere 20:48 Sequentia Legenda Music
(DDL 52:18) (Minimalist New Berlin School)
Sequentia Legenda a créé tout une onde de choc avec la parution de son immensément poétique Blue Dream au tout début de 2015. Très actif sur les réseaux sociaux, le musicien français annonçait en début d'automne la parution de son second opus qui était inspiré et dédié à l'amour de sa vie, AMIRA. Et autant vous avez été séduit par Blue Dream, autant vous serez envahi par l'approche très magnétisante de cet album. Tout d'abord, les approches sont identiques même si les confrontations, tant rythmiques qu'harmoniques, sillonnent le parallélisme.
La pièce-titre, autant la courte version que la longue, débute par un mouvement de séquences qui fait scintiller des ions organiques au-dessus de délicats tam-tams en bois et dont les fragiles tic-tac se perdent dans l'invasion d'une ligne de basse lourde. Lourde et ambiante, cette ligne étend un long fleuve de rythme ambiant où se greffent des pulsations bondissantes, des séquences aux ombres furtives et, surtout, des nappes de voix qui suivent constamment les subtiles modulations des phases de rythmes méditatifs. C'est ainsi que nous avons la subtile impression que la musique de Amira suit constamment une amplification progressive. Pourtant le titre évolue délicatement, alourdissant même son statut de musique pensive avec de sobres percussions électroniques. On peut dire que le mouvement est délicatement saccadé, par moments vous aurez même l'impression d'entendre un cavalier des temps modernes faire trotter son cheval et ainsi étendre le parfum de sa poésie amoureuse, avec la multiplication de boucles de rythme hypnotique qui crépitent dans son enveloppe de crescendo. Des nappes de violons astrales harmonisent leurs effets de chatouilleur de frissons avec ces nappes de voix qui haussent par moments leurs harmonies éthérées, suivant ainsi la courbe d'émotions, parfois troublantes, des orchestrations. C'est enivrant et on se laisse facilement envelopper par ce mouvement somme toute assez répétitif.
Somewhere est sans contredit le plus beau titre d'AMIRA, même si les ressemblances peuvent altérer notre jugement initial. De belles nappes de voix flottantes, très Schulze en passant, étendent la voluptuosité de son ouverture. Ça fait très Français des années cosmiques en même temps que très Schulze des années Body Love. Intense, le mouvement est criblé d'effets électroniques qui arrosent copieusement les délicates modulations de la ligne de basse et de cette chorale en demi-teinte avec des parfums astraux qui se dissolvent dans d'autres plus chthoniens. Des bruissements stimulent notre perception. On a l'impression d'entendre des percussions qui suintent comme l'écoulement des eaux sur les imperfections des grottes. Et d'autres percussions, je dirais des battements arythmiques, raisonnent ces ambiances lourdes en dessinant une figure de rythme qui reste bien lové dans son linceul d'ambiances, tant mortuaires que cosmiques. Et peu à peu, la structure de rythme solidifie sa présence avec des battements plus nourris poussant Somewhere aux portes d'un bon rock cosmique des années vintage, mais avec une tonalité contemporaine, un peu après la barre des 10 minutes. Notre âme se connecte à ce rythme mou qui est enrobé de boucles ondulantes, de cerceaux aux formes de boomerang, de nappes de voix et d'effets cosmiques. Un rythme qui suit la tendance des riffs électroniques, accentuant une cadence minutieusement installée dans son cocon minimaliste et dont la signature de Sequentia Legenda parvient à maintenir hors d'un état anesthésiant. Une signature qui charme depuis Blue Dream et qui devient un genre d'objet d'obscur désir qu'on ne peut expliquer mais qui fait foutrement son effet.
Sylvain Lupari (20/02/16) *****
Disponible au Sequentia Legenda Bandcamp
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