“Un très bel album avec 3 titres évolutifs qui sont comme des brises fraîches en pleine canicule”
1 Leonardo's Flight 29:06
2 Helix Pteron 15:46
3 Grande Nibbio 10:48 (Bonus Track)
(DDL 55:40)
(Minimalist, New Berlin School
Un bourdonnement expose des filaments de distorsions et des torsades pleines de réverbérations qui composent des élans saccadés, créant une illusion rythmique qui se perd dans ces bancs de brumes cosmiques qui irradiaient les œuvres de Klaus Schulze, période Inter*Face à Miditerranean Pads. Il faut encore établir un parallèle entre Sequentia Legenda et Klaus Schulze? Eh oui… Très à l'aise dans son cocon musical, Laurent Schieber n'en sort que pour tisser ses longues œuvres minimalistes où tout évolue avec la parcimonie de la subtilité. Cette fois-ci, le musicien Français scrute les horizons plus contemporains de son idole de jeunesse en flirtant avec ses tonalités des années 80 à 90. Et c'est inspiré par un codex de Leonardo da Vinci, que CODEX ON THE FLIGHT OF BIRDS a été conçu. Un très bel album avec 3 titres évolutifs qui sont comme des brises fraîches en pleine canicule.
La brume mystique étend son manteau bleu métallique qui mue en orchestrations lunaires. Il y a encore des flottements de tonalités distordues lorsque des battements séquencés sculptent le rythme légèrement saccadé de Leonardo's Flight. Ce premier jet rythmique répétitif évolue avec des fines nuances dans la permutation des ions séquencés qui gambadent avec des teintes et des hauteurs différentes, tant dans le son que dans le rythme. Des tic-tacs, ou des cliquetis, se collent à cette ascension avec des tonalités plus lumineuses et résonnantes, donnant cette douce impressions que le rythme grimpe en intensité alors qu’il est bel et bien linéaire. On dirait ces glockenspiels électroniques de la période Audentity et Dziekuje Poland de Klaus Schulze avec Rainer Bloss. Ce faisant, Leonardo's Flight dépeint avec justesse les envies, comme les retenues, liées à la crainte de Leonardo qui aimerait bien voler. L'objectif de Laurent est atteint en plein dans le mille avec cette longue ouverture qui berce nos oreilles déjà captivées par ce titre. Le rythme est saccadé et régulier comme une horloge cadencée. L'épaisseur des nappes de brume est comme un dense banc de nuages qui freine à toute tentative de voler. Nous dérivons vers une phase ambiante autour des 11 minutes. La brume est quasiment lyrique avec son épaisse asthénosphère où se cachent un gros nid de distorsions et d'élans refoulés, comme dans l'ouverture, qui gobe des précieuses minutes au titre qui prend de plus en plus les allures d'une phase psybient nourri d'éléments statiques. Ces éléments forment des cerceaux sonores dont les échos s’entrechoquent afin de structurer des secousses et effets stroboscopiques. Le rythme revient 5 minutes plus loin. Cette fois-ci, des percussions servent de protéines rythmiques alors que le séquenceur nous fait penser à la marche de PTO, mais en plus contemporain. Un autre moment de brume et Leonardo's Flight n'est plus qu'un souvenir. Mais quel beau souvenir!
C'est aussi du tumulte que naît Helix Pteron. Des orchestrations et des arrangements symphoniques d'une orchestre ajustant ses cordes recouvrent une lente introduction où chantent des cymbales et résonnent des pulsations. Des percussions (y-t'il un batteur dans le studio?) et des riffs de clavier saisissent déjà le rythme naissant qui progresse comme la marche de Leonardo, mais avec plus de lourdeur théâtrale. Le principe est le même, soit introduction et intermède de brume orchestrale entre deux phases de rythmes minimalistes. Mais on s'y plait! C'est un bon titre, assez surprenant même, démontrant une nouvelle tangente de Sequentia Legenda qui donne plus d'espace musicale à la batterie. Grande Nibbio est un titre en boni sur CODEX ON THE FLIGHT OF BIRDS. Et même s'il n'est pas lié à son histoire, son ADN musicale est quasi identique à cette approche, c'est plus nerveux ici, de rythme finement saccadé de Leonardo's Flight. Pas d'ouverture ambiante, mais du rythme pur qui scintille et sautille jusqu'à dissolution dans les brumes éthérées de sa finale.
Vous êtes un fan de Sequentia Legenda? De Klaus Schulze? De musique minimaliste avec une délicieuse inclination cadencée? CODEX ON THE FLIGHT OF BIRDS est un très bel album qui répondra à vos attentes. Des solos de synthé, et l'aventure serait encore plus exceptionnelle.
Sylvain Lupari (15/01/20) ****¼*
Disponible au Sequentia Legenda Bandcamp
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