“Il y a Perge! Maintenant il y a Sequential Dreams”
1 Journey to the Heart of Time 22:52 2 Across Dimensions (avec Altocirrus) 15:22 3 One Thousand Years (avec Johan Tronestam 6:00 4 Arrival Point (avec Synthesist) 5:27 5 Distant Signals (avec David Bruce Davis 5:27 6 Brave New World 7:25 7 Descendants 14:04 Sequential Dreams (DDL 76:38) (TD's E-rock Berlin School)
Il y a Perge! Il y a maintenant ce consortium international de musiciens émergents, Sequential Dreams. Composé en collaboration d'Altocirrus, Johan Tronestam, Synthesist et David Bruce Davis; Kuutana puise son inspiration et calque sa musique dans les paysages soniques de Tangerine Dream, période Green Desert à Exit tout en faisant un clin d'œil au fougueux rock électronique des années Seattle. Offert dans un format téléchargeable, la pochette de Andreas Schwietzke est tout simplement sublime, LOST DIMENSIONS est une ode électronique à saveur futuriste où un voyageur du temps échappe à un danger imminent sur Terre en voyageant 1 000 plus tard dans le futur. Mais ce n'est pas cette histoire qui retient notre attention sur cet album. C'est la musique! J'ai rarement entendu une musique sonner aussi près de Tangerine Dream que ce 6ième opus de Sequential Dreams. Ron Charron a épié les sonorités du Dream à travers ses âges, reproduisant avec succès les riffs métalliques, les solos d'Edgar, les séquences de Franke et les percussions de Camaa dans une mosaïque de rythmes et d'ambiances qui ne renie en rien ses sources d'inspirations.
Une flûte aux doux parfums du mysticisme de Legend flotte dans l'ouverture de Journey to the Heart of Time. C'est très éthéré, même si un petit mouvement de rythme ambiant secoue ses os qui sautillent furtivement. Les percussions qui tombent partagent le décor avec des nappes ronflantes dont les ondes vampiriques ondulent lentement. Il y a un filet de séquences qui s'active nerveusement en arrière-scène, mais l'amorce de ce long titre fleuve reste voilé de mystère. Les couches de synthé jettent un aura arabique. Elles sont au cœur du premier mouvement transitoire de Journey to the Heart of Time qui se dirige vers un up-tempo structuré sur des percussions électroniques nerveuses. Le est rythme vif et saccadé avec des séquences qui oscillent lourdement et des percussions dont les échos des roulements tissent une structure qui a des parfums de Green Desert. La guitare de Kuutana fait très Edgar Froese avec des solos éthérés qui roulent en boucles alors que les riffs de clavier incitent nos souvenirs à se remémorer les années Exit. Il y a des parfums arabiques qui rôdent tout autour, détonnant de ce décor futuriste. Mais on s'en fout. Seule la musique importe! Et elle est bonne. Si Journey to the Heart of Time s'avère être un difficile combat afin d'y assimiler tous ces charmes qui transitent autour d'une longue structure divisée entre des phases de rythme légèrement modifiées, entre du up-tempo et du down-tempo, entre des passages ambiants plus ou moins brefs, Across Dimensions frappe en plein dans le mille. Composé avec Altocirrus son ouverture est séduisante avec ce chapelet de séquences qui oscille dans un mouvement ascendant ambiant. Des riffs de clavier et des brises de voix enjolivent cette présentation où le mouvement de séquences délie peu à peu un filet légèrement stroboscopique. L'approche fait toujours très TD, le but résolument recherché par Sequential Dream, et le rythme fond en une structure plus fluide avec un beau mouvement de séquences que Kuutana fait fondre dans des parures soniques à l'image des années Virgin du Dream. Ron Charron a fait tout un travail de moine ici en décortiquant les sons et les ambiances du Dream de cette époque pour les recréer dans une parfaite illusion. Tout est dans le ton! Le rythme épouse les tempêtes des séquences et percussions de Franke alors que la guitare et les nappes de clavier respirent les rêveries de Froese et le romanesque de Schmoelling. La 2ième partie est tout simplement jouissive avec des séquences taillées dans de la verrerie et dont la fragilité harmonique résiste aux frappes de percussions. Ici nous plongeons dans l'univers de Stratosfear (par moments nous y sommes) avec des riffs de guitare acoustique et ces ambiances empruntées aux mystères de 3 A.M. at the Border of the Marsh. Mais Kuutana reste dans l'originalité en concoctant des rythmes et des ambiances qui s'inspirent de cette période, notamment un superbe solo de synthé, tout en ayant un cachet très personnalisé. One Thousand Years, composé avec Johan Tronestam, de même que Brave New World sont des rock électroniques nerveux qui sont inspiré des années Seattle et TDI, notamment Mars Polaris pour Brave New World avec des rythmes nourris par un jeu de percussions très près du style de Iris Camaa. Bien que centré sur la même approche de rock électronique, Distant Signals se démarque par ses séquences lourdes et juteuses qui oscillent pacifiquement dans des riffs résonnants, des brises de flûtes ornées de voix éthérées et par un backgrounds psychédélique s'inspirant des bonnes années de Pink Floyd, comme de White Eagle. Descendants se pare de ces éléments métalliques avec une longue structure stationnaire où séquences et percussions tissent un rythme nerveux qu'un synthé caresse de belles nappes enveloppantes. Un mélange de Green Desert et White Eagle! Un mélange qui fait de LOST DIMENSIONS un incontournable pour les amateurs de Tangerine Dream, toutes périodes confondues. Il y a Perge et il y a maintenant Sequential Dreams!
Sylvain Lupari (16/12/15) *****
Disponible au Borders Edge Music
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