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Writer's pictureSylvain Lupari

SKOULAMAN: Dreaming of the Future Reflecting the Past (2014) (FR)

Un bel album rempli de rythmes analogues et de tonalités cosmiques qui séduiront ceux qui s’ennuient toujours des douces années vintage de la MÉ

1 Dreaming of the Future Reflecting the Past 11:55 2 Without Boundaries 9:18 3 Sardegna Coasts 8:33 4 Islands in the Ocean 10:20 5 Arabian Arp 7:59 6 Orbital Moves 9:06 7 Voices of an Analog 7:37 8 Sardegna Roads 6:31 9 Far Away Worlds 5:28 Skoulaman Music

(DDL/CD-r 76:51) (Cosmic EM of the analog years)

La magie des réseaux sociaux! C'est par le biais d'une vidéo mise en ligne par mon bon ami Rob Hartemink que je me suis intéressé à l'univers de Skoulaman. Musicien/synthésiste Holandais qui affectionne les mouvements minimalistes muent par réverbérations, Skoulaman fait parti de cette génération d'artistes qui ont été influencé par une MÉ analogue des années 70. De Tomita à Jean Michel Jarre, en passant par Tangerine Dream, Vangelis et même Mike Oldfield, la musique de Skoulaman traverse ses phases identitaires jusqu'à DREAMING OF THE FUTURE REFLECTING THE PAST. Un 4ième album où le style Berlin School s'arrime à une MÉ aux essences plus contemporaines. Le mariage est fumant. Le résultat est étonnant d'une fraîcheur qui se ressource de ses vieilles fragrances avec une approche très cosmique où naissent et gravitent des figures de rythme aux fines permutations. Chronique d'un très bel album qui va vous enivrer jusqu'à sa dernière seconde, tant par ses mouvements de séquences que ses nappes de synthé très lunaires. Des délicats arpèges, moulés dans des teintes un peu sombres, sautillent délicatement dans les harmonies d'une ligne de synthé parfumée d'une essence flûtée. Dès les premiers accords de Dreaming of the Future Reflecting the Past, nous sentons que nos oreilles pénètrent un univers sonore rempli des charmes des années analogues. L'approche est minimaliste et délicate, voire onirique. Les séquences sautillent avec de fines alternances dans la cadence, tissant un paisible mouvement ondulatoire qui parfois épousera les délicates sinuosités suggérées par les discrètes impulsions d'une ligne de basse. Le synthé divise ses parfums harmoniques avec des larmes un peu stridentes qui se détachent des brumes de flûtes, exposant même des notes solitaires qui sonnent comme une guitare pensive dans des bancs de brouillard manipulés par de beaux arrangements orchestraux. Ce qui saute aux oreilles est ce sentiment du souci des détails qui anime l'écriture musicale de Skoulaman. Rien n'est laissé au hasard et chaque phase s'enrichit de la précédente avec de belles variations dans les teintes et les tons. On remarque donc à peine la progression de Dreaming of the Future Reflecting the Past qui accélère un peu sa cadence vers la 5ième minute. Le pas est plus sure et enrichie la perception d'ascension qui est toujours parfumée d'un synthé dont les multiples fragrances promènent nos souvenirs à travers les âges de la MÉ. Ça démarre très bien! L'approche de Skoulaman est très cartésienne, à la limite de la simplicité. Ses rythmes sont noués dans les spirographes des mouvements de séquences linéaires et/ou rotatoires dont les ombres, les échos et les subtiles décalages entre les montages commandent les obéissances à l'envoûtement. Plus vif, plus fluide Without Boundaries étiole ses inlassables boucles circulaires dans une figure de rythme plus incisive mais toujours statique sous les concerts d'arpèges qui tintent dans les sillons des langoureux solos de synthé. Après une approche très bohème en Sardegna Coasts, qui est un titre relativement relaxant, Islands in the Ocean nous projette dans les mouvements de Empetus de Steve Roach. Superbe, le titre étend des lignes de rythmes qui accolent leurs approches harmoniques comme dans un longue montagne russe dont les pentes modérées ondulent dans le cosmos. Les effets électroniques embrassent un peu le genre Jarre. On poursuit la folle course des mouvements séquencés avec Arabian Arp et ses vives ruades qui oscillent dans un dense magma de tonalités cosmiques. Le contraste entre les lentes enveloppes orchestrales et les vifs mouvements de séquences est aussi savoureux que ceux dans les mouvements et évolutions des structures de séquences, comme dans Orbital Moves. Tantôt tranquille et tantôt agité, le mouvement affiche ses nuances avec des tonalités argentées qui scintillent dans un univers en constant mouvement. Ici comme ailleurs, les synthés larmoient constamment, étendant de lentes nappes morphiques dont les fragrances nasillardes me font penser à Remy, par ricochet à Klaus Schulze, et contrebalancent à merveille le flux variable des structures de séquences. Voices of an Analog perpétue les douceurs de Orbital Moves, mais dans un superbe lento. Quoique lent, le débit est furtif avec des pulsations plus basses qui sautillent doucement dans des nuages de brume. Une délicate mélodie éclot à travers les larmes des synthés, conférant à Voices of an Analog l'étiquette du plus beau titre ambiant que j'ai entendu en 2015. Sardegna Roads n'a rien à voir avec Sardegna Coasts. Ici, le rythme est plus que vif. Il oscille, il ondule avec vélocité, multipliant boucles sur boucles dans une structure très ambiocosmique gorgées de nappes de voix et où tintent des arpèges qui tentent de dessiner sur une enclume une mélodie astrale. Les contrastes sont aussi fascinants que la subtile gradation ascensionnelle du morceau. Far Away Worlds termine cet opus de Skoulaman avec une autre figure de rythme sculpté dans ses contrastes qui étend ses séduisantes volutes dans des corridors cosmiques ornés de scintillements étoilés.

Objet de séduction qui réveille en nous ces délicats souvenirs où la MÉ faisait rivaliser, miroiter ses séquences dans des nappes de synthé morphiques et cosmiques, DREAMING OF THE FUTURE REFLECTING THE PAST de Skoulaman est un album qui plaira assurément aux amateurs d'une MÉ nouée dans des rythmes ambiants qui se chamaillent dans des saveurs d'antan. Si certains y entendront les parfums soniques de Tangerine Dream, c'est assez vrai avec le synthé flûté, et même Klaus Schulze, pour les ambiances d'éther, moi j'entends des influences de Roach, Jarre et même Ulrich Schnauss, pour les petites bribes de mélodies éparpillées à travers ces labyrinthes de rythmes squelettiques, mais par-dessus tout; j'ai passé plus qu'un agréable moment avec les quelques 77 minutes de DREAMING OF THE FUTURE REFLECTING THE PAST.

Sylvain Lupari (22/05/15) ****½*

Disponible au Skoulaman Bandcamp

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