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Writer's pictureSylvain Lupari

SKOULAMAN: Next Step in Evolution (2018) (FR)

Voici un bel album musical avec des rythmes flottants qui se faufilent aisément entre nos oreilles et jusqu'au fond de nos tympans

1 Colored Glass 11:26 2 Foreign Woods 13:56 3 EC2 12:38 4 Rumble 13:57 5 Ocean and Air Guitar 8:07 6 Colored Glass Alternate 17:49

(CD/DDL 77:56)

(Netherlands School)

Le soupir affligeant d'un synthé très Vangelis allume une introduction onirique en dérivant paresseusement entre des prismes scintillants et des accords qui hésitent entre une avenue mélodique ou une errance cosmique. La délicatesse dans le dépôt des notes sur un clavier est fidèle à la signature de celui qui fut une belle révélation en 2014 avec Dreaming of the Future Reflecting the Past. L'approche est plus près des étoiles avec cette sensation d'apesanteur qui tempère ce lit de matières bruiteuses qui grignotent nos oreilles, alors que le séquenceur tisse une formule rythmique qui va et vient, jouant au chat et à la souris avec notre ouïe, avec un effet élastique dans son emprise ascensionnelle. Le ton est donné à Colored Glass puisque NEXT STEP IN EVOLUTION s'appuie sur ces mouvements de séquences lents, et parfois un peu plus fluides, qui servent la cause à des structures d'ambiances et d'harmonies construites sur la base d'improvisations. Une autre ligne de séquence fige ses ions plus limpides qui tournoient dans une enveloppe stationnaire, donnant la liberté à la guitare de Rik van Kroonenburg de lancer des riffs et des solos, en simultané avec le synthé, qui voyagent à travers les brumes séraphiques et autres effets de synthé qui ancrent la musique de Hans Van Kroonenburg, aka Skoulaman, une galaxie pas trop loin de celle de Gert Emmens. Avec ses séquences un peu brumeuses, forgeuses de rythmes séraphiques, la musique de Skoulaman a pris tout son envol avec son dernier album, Andros Awakenings. NEXT STEP IN EVOLUTION suit la tangente avec une organisation scénique qui flirte avec cette approche du direct sur une base d'improvisation qui ne brime en rien sa vision de poésie sonique dont le large spectre de rayonnement respire les douces rêveries de Vangelis. Comme dans cette introduction de Foreign Woods où le clavier couche une berceuse lunaire pianotée avec cette sensation de petits coups de marteaux métalliques sur un xylophone en verre. Le débit varie celui des jets de brumes. Le rythme qui vient après la barre des 5 minutes de cette rêverie cosmique rappelle celui de Software, les orchestrations de brume aussi, dans les années 85 à 88. Les séquences tournoient comme des carrousels illuminés de cents lumières dans une structure qui vagabonde entre ces lignes phosphorescentes et ces lignes de voix célestes qui accentuent la profondeur des effets de brouillard. EC2 suit avec des échantillonnages de nature vivante où chants d'oiseaux roucoulent sur les reflets lumineux d'une eau vivante dans son lit de rocailles. Des nappes de synthé très larmoyantes tombent et étendent une ombre réverbérante, sculptant une fascinante ode funèbre. C'est à cet endroit que l'on sent cette approche de prise en direct de cet album. Rarement, un artiste aura été aussi proche de mes oreilles! Les résidus de cette élégie flottent et forment des cerceaux soniques flous qui se mettent en transe saccadée.

C'est ainsi qu'une première phase de rythme naît dans EC2 Toujours très tendre et poétique, Hans Van Kroonenburg couche des accords mélodieux dont les tintements parcourent une ombre sournoise qui a pris la place des cerceaux et restructure le rythme sous l'égide d'un synthé et de ses lignes apocalyptiques. Des séquences grasses et juteuses prennent alors place, amplifiant la genèse rythmique qui devient comme les pas d'un gros géant maladroit courant à gauche et à droite de nos oreilles. Des arpèges plus lumineux ajoutent la touche harmonique à ce titre qui émiette très bien ses 12 minutes. Cette structure de séquences roule le rythme un peu plus lent dans Rumble dont l'illusion qu'il gagne en vélocité est superbe. Le grondement provient des multi-lignes de synthés dont les violences échappent des nappes de voix aussi célestes que les orchestrations ainsi que des solos vampiriques et harmoniques. Un gros titre électronique sculpté sur le modèle de la Berlin School! Le préambule est court pour Ocean and Air Guitar. Après les échantillonnages de vagues mourant sur les rives, ce mouvement de séquences qui monte et descend sans vraiment de conviction retourne bercer ce rythme hypnotique qui fait le joint entre les structures de NEXT STEP IN EVOLUTION. Une structure idéale pour coucher aussi une ambiance des plus éthérées, donnant une chance à Rik van Kroonenburg de déposer ses solos tantôt rageurs et tantôt anesthésiants dont les réponses de son père se traduisent par des solos plus aériens et des bancs de brume où chantent mille étoiles. Encore une fois, c'est très beau! Profitant de ses 18 minutes afin de bien structurer son ouverture et la morphologie de sa structure évolutive rythmique, Colored Glass Alternate est une reprise du premier titre de NEXT STEP IN EVOLUTION sans la présence du fils de Skoulaman à la guitare. Les solos de synthé remplacent les complaintes de la six-cordes électrique et des filets de séquences supplémentaires, ainsi que de très beaux effets percussifs, ajoutent une belle profondeur à une structure plus vive, plus fluide à cette version qui m'enchante bien plus que Colored Glass.

Encore une fois, j'ai passé de très bons moments avec la musique de Skoulaman. Simple et sans détour vers une forme de complexité, la musique de NEXT STEP IN EVOLUTION est belle et se loge très bien dans le fond de nos tympans. On y rêve aisément et on se surprend à apprécier sa légèreté tant l'aspect musical et harmonique est important dans le vaisseau Skoulaman. On ne peut pas ne pas aimer, comme on ne peut crier au génie! Ça coule et roucoule entre les oreilles, comme une belle soirée de poésie sonique.

Sylvain Lupari (11/05/18) ****¼*

Disponible chez Groove nl

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