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Writer's pictureSylvain Lupari

SOFTWARE: Chip-Meditation Part I (1985) (FR)

“Computer music structuré par des ordinateurs, Chip-Meditation Part I est le début d'une nouvelle époque dans le domaine du genre de MÉ dans le style Berlin School”

1 Julias-Dream 8:04 2 Self Similarity-Life 11:19 3 Frontiers-Of-Chaos 5:55 4 Chip-Meditation 13:22 5 Voice-Bit 1:03 6 Byte-By-Byte 7:14 7 Winds-Of-Time 7:24 8 Short-Wave 3:05 IC 710.050 (CD/DDL 57:26) (Ambient beats & New Berlin School)

L'univers de Software se résume à des taches sonores, à des cellules électroniques qui se métamorphosent en phases de rythmes quasi ambiants où la dématérialisation des cellules engendre la naissance de structures protéiformes. On regarde la pochette de CHIP-MEDITATION PART 1 et on comprend de facto que le duo Mergener/Weisser nous entraîne dans un monde féérique où les sons n'auront jamais eu une telle radiance. En ce qui me concerne, il s'agit de l'envol de ce duo qui offrira encore quelques très bons albums entre 84, Beam-Scape de Mergener/Weisser, et 1989 et qui allait changer la face du Berlin School. CHIP-MEDITATION PART 1 fait partie des classiques du genre. C'est un album qui avait tout pour bien vieillir! Et c'est exactement le cas, puisque plus de 30 ans plus loin je l'écoute encore avec toujours autant de plaisir.

Devenu un titre incontournable dans l'univers de Software, Julias-Dream s'accroche à nos oreilles avec des brises creuses. Leurs souffles sifflants flirtent avec les parois d'une grotte et font tomber des larves sonores qui éclatent d'une autre mutation encore plus pétillante. Un séquenceur sculpte un rythme ambiant qui vient par secousses, structurant un mouvement flottant qui murmure une mélodie cosmique devant un rideau de tonalités qui faisaient écarquiller les oreilles à l'époque. Des sons digitaux exploités par des instruments digitaux! Des pulsations, des riffs de clavier et des cliquetis donnent un accélérateur à cette structure qui nous fait maintenant taper du pied. Le rythme teutonique de Julias-Dream coule avec plus de fluidité lorsque des solos ectoplasmiques flottant comme les tentacules d'une pieuvre géante qui susurrent des chants cosmiques. Les pas incertains qui forment le rythme ambiant de Self Similarity-Life s'extirpent d'une sombre masse gélatineuse. Délicat, le rythme reste retenu par des effets de synthé qui se développent lentement en nappes chloroformiques. Des brumes anesthésiantes flottent aussi comme des ombres chinoises d'un pantin sans doigts alors que le rythme accélère graduellement la cadence. On ne tape pas du pied, mais on savoure ces solos armés d'une tonalité aussi froide que le cosmos et à la fois aussi mielleux que du suc extraterrestre. Les signaux sonores qui jaillissent de partout, et dans chaque structure de CHIP-MEDITATION PART 1 sont des amuses-oreilles qui nous tiennent constamment dans un état d'ébahissement. Ces effets sonores et ces solos dispersent leurs auras astrales dans le rythme sédentaire de Frontiers-Of-Chaos, qui sonne comme un message morse dicté par ordinateur.

La longue pièce-titre nous amène dans l'univers très abscons de Software. Son intro est calquée sur le modèle de Julias-Dream, sauf que les murmures et les effets organiques sont plus amplifiés, plus nourris. Des effets réverbérants, comme des ondes de chants, ornent en plus cette introduction qui voit naître aussi une structure de rythme de cette masse sonore luxuriante. Le mouvement épouse une danse de castagnettes qui volettent comme des lucioles sur du speed et libérées de toutes contraintes artistiques. Le rythme effectue de larges boucles oscillatrices qui vont à contre-courant de la nervosité de chaque particule de rythme alors que les solos, toujours aussi délicieusement ectoplasmiques, chantent comme des ondes de Martenot coincées entre deux surfaces rugueuses, donnant ainsi cette exquise tonalité acuité. Et le rythme frol dans une danse astrale qui prend véritablement son envol avec l'ajout d'autres séquences qui déploient un filament spasmodique, témoignant ainsi de l'impact de Software dans l'évolution de la MÉ. Voice-Bit terminait ce vinyle, que j'avais acheté à l'époque, avec un court 63 secondes d'un monologue Allemand. Une réédition en CD, de haute résolution, a été éditée par le label IC en 1990 avec l'ajout de 3 titres et de 20 minutes d'une MÉ hautement colorée. La formule reste la même, seul le rythme est devenu plus entraînant! Byte-By-Byte est un bon Berlin School avec une structure sphéroïdale armée de séquences tant rythmiques qu'harmoniques. Un peu comme si le séquenceur aurait avalé le synthétiseur, ou son contraire. Je penche pour le contraire à cause des solos. Toujours est-il que cela donne deux lignes de rythmes, même trois par moments, qui s'expliquent dans une flore tonale. On retrouvera ce titre dans d'autres collections de Software. On ne peut résister au rythme vif et saccadé de Winds-Of-Time, ni à ses effets percussifs qui nous amène vers une autre dimension d'écoute. Et c'est pareil pour les solos bien anesthésiants et pourtant acrobatiques qui roucoulent sur cette structure vive. Il y a un bel effet d'intensité dans l'évolution rythmique de ce titre qui est un de mes préférés de Software. Short-Wave conclut la réédition CD de CHIP-MEDITATION PART 1 avec une armada de nappes chloroformiques-cosmiques sur une structure qui ressemble beaucoup à du Robert Schroeder. Un album convaincant et un album-phare que les critiques de l'époque nommeront comme étant désormais le New Berlin School!

Sylvain Lupari (13/02/19) *****

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