“Il y a des bons moments et d'autres moins bons, mais ça s'écoute bien”
1 Syn-Code-A 22:55
Syn-Rain 2:02
Syn-Voices 3:42
Syn-Awakening 6:20
Syn-Jungle 1:55
Syn-Virgin 2:59
Syn-Emotion 5:58
2 Syn-Code-Z 23:20
Code-Ocean 6:48
Code-Thunder 5:32
Code-Visions 4:13
Code-Life 2:45
Code-Future 4:04
3 Syn-Code-Sunset 9:27
Innovative Communication – IC 710.064
(CD/DDL 55:02)
(Ambient, Orchestral New Berlin School)
Un grand projet ambitieux de Software, SYN-CODE est une Symphonie pour ordinateurs et molécules d'ADN que Peter Mergener et Michael Weisser ont interprété en concert avec le support de Toni Schneider (flûte, saxophone), Herbert Seer (guitare) et Pam Lambert (voix). Cet album en demi-teinte à diviser les critiques comme le public du projet de musique électronique (MÉ) germanique avec deux faces, A et B, qui montraient le meilleur comme le moins bon de ce mythique duo qui a mis le New Berlin School sur l'échiquier de la MÉ.
Une ombre sonore ténébreuse transporte la voix chuchoteuse de Pam Lambert jusqu'au premier tonnerre de Syn-Rain. Des premiers arpèges, déguisés en perles musicales, se mettent à flotter dans cette introduction atmosphérique du 3ième album du duo Allemand que la pluie traîne jusqu'à Syn-Voices et ses nappes de voix séraphiques. La flûte de Toni Schneider rayonne de ses airs éthérés. La tonalité s'apparente pourtant assez bien aux nappes de synthé du duo germanique avec des harmonies ambiantes qui se faufilent entre divers éléments de percussions tombés d'on ne sait où. C'est ainsi qu'on glisse vers Syn-Awakening. Titre résolument doux, une guitare acoustique domine ses premiers instants. Le synthé dessine ses fausses feuilles descendant des cimes, premier indice de rythme, alors que clavier, guitare et flûte s'arriment en symbiose, poussant cette mélodie lunaire vers des percussions qui structurent une ballade ambiante. Les pads de synthé, uniques aussi à Software, font du va-et-vient, comme un DJ jouant le même style sur sa table tournante. On pressentait un mouvement de rythme se dessiner derrière ce paysage électronique. Il prend plus de place avec ces mouvements ondulants du séquenceur qui arrive à sculpter une figure de ions sautant en alternance un à la suite de l'autre. Cette première phase accroit sa présence avec les percussions robotiques et une vélocité qui rend le mouvement plus poétique que rythmique. Le dernier droit de Syn-Awakening laisse entendre de belles mélodies soufflées par un synthé dans un univers où tout flotte en suspension. L'ambiance introductive de Syn-Jungle est très représentative de son titre avec des échantillonnages de vie animale africaine et des pic-bois géants sculptant des signaux, dans des tonalités de bois, aux habitants de la région. Des tam-tam proposent un rythme lent, quasiment anesthésiant, qui ouvre la porte à ces pads séquencés qui vont et viennent derrière cette séquence de rythme ascendant qui a laissé sa marque dans le New Berlin School. Cette séquence traverse la frontière de Syn-Virgin qui continue ce rythme lunaire avec ces percussions éparses aux tonalités de bois. Le synthé tisse des solos larmoyants qu'une chorale reprend avec de beaux fredonnements. Les orchestrations s'invitent une seconde fois pour tisser ces staccatos nerveux et harmonieux dans une texture musicale ambiante à faire rêver la tête dans le Cosmos. Syn-Emotion clôture la section Syn-Code-A avec ce rythme escaladant de sa démarche veux-veux pas une structure ambiante sous les lamentations de violons concordant leurs complaintes. Le synthé tisse à nouveau d'autres beaux solos qui donnent un peu plus de boost à Syn-Emotion qui est un très beau titre dans l'univers Software. Dommage pour sa finale et ces cris de bêtes électroniques qui jettent un peu d'ombrage à l'évolution du séquenceur, mais pas tant autant que ces timpanis qui font un tapage titanesque. Et c'est dans les doux murmures de Pam Lambert que se termine une bonne première partie de cet album qui emprunte une tout autre tangente dans Syn-Code-Z.
Si tout coulait avec fluidité, il en va autrement de cette seconde partie de SYN-CODE. Dans une introduction conçue pour le titre, soit bruits des vagues et babillements de chérubins, Code-Ocean propose une figure plus classique avec une procession d'un accord sautant que le synthé accompagne de ses zigzags harmonieux. Le titre exploite en fait les éléments classiques des synthés de Mergener & Weisser avec des nappes de violons brusques et orageuses qui perdent de leur étoffe quelques secondes après la 3ième minute. Dès cet instant, Code-Ocean s'étend sur les rivages de la sérénité avec une belle séquence de rythme ascendant qui reçoit des accords épars ainsi que des harmonies flûtées. Un autre mouvement séquencé s'installe en créant un étonnant remous qui va et vient, alors que le synthé dessine ces zigzags harmonieux qui se noient dans des orchestrations plus musicales ici. Disons qu'il y a de la créativité au pouce-carré ici! Sur Code-Thunder aussi, mais pas au même niveau. Le titre se perd dans un gros rock électronique qui flirte avec le synth-pop et la mélodie facile avec la présence de Herbert Seer et ses solos de guitare déchainés. Ça crée un drôle de micmac sonore tout à fait incompatible avec les ambiances de cet album. Mais ça du plaire au public en place! Isolons ce titre sur un autre album, et l'effet serait facilement plus agréable dans ce rock qui fait très Tangerine Dream, surtout que Code-Visions est un titre ambiant qui se transforme sous les lamentations de Toni Schneider qui est superbe au saxophone. Ses airs suivent une structure de rythme qui définira celles de Digital-Dance. Les premiers moments de Code-Life offrent une autre douce structure plus acoustique avec un piano hésitant à suivre un faible écoulement d'un débit rythmique qui s'atténue dans de belles orchestrations jumelées à des voix éthérées. Parlant voix, une voix sensuelle plutôt suggestive caresse nos oreilles en même temps que la musique augmente sa passion, tout en restant ambiante. Une guitare acoustique, à tout le moins sa tonalité, s'est emparée de la finale et faire le lien avec Code-Future qui reste bien ancrée dans une vision orchestrale à la fois belle et trop insistante. Mais la réaction de la foule semble avoir apprécier cette prestation de SYN-CODE par Software et ses musiciens invités. Syn-Code-Sunset est la dernière partie de cet album. C'est un monument de musique ambiante orchestrale avec des élans passionnels des orchestrations qui ne font pas déborder la musique vers du rythme électronique. Ça s'inscrit sans hésitation dans les mailles de Syn-Code-Z.
Après deux solides premiers albums, SYN-CODE est la première d'une série de déceptions qui vont se trouver sur ma route Software au fil des découvertes de son univers. Il y a de bons moments et d'autres moins bons, mais ça reste un bon album qui s'écoute assez bien. Je vous rappelle que vous pouvez dorénavant vous procurer la discographie de Software sur leur page Bandcamp.
Sylvain Lupari (14/11/21) *****
Disponible au Software Bandcamp
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