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Writer's pictureSylvain Lupari

Solar Fields Until We Meet The Sky (2011) (FR)

Updated: Nov 29, 2022

Un des plus beaux albums que j'ai entendu, un chef-d'œuvre d'émotions croissant en crescendo qui vous saisira dès la première écoute

1 From the Next End 9:18 2 Broken Radio Echo 3:55 3 Singing Machine 6:55 4 After Midnight, They Speak 3:40 5 When the Worlds Collide 6:33 6 Dialogue with a River 10:06 7 Forgotten 3:15 8 Night Traffic City 9:53 9 Sombrero 5:45 10 Last Step in Vacuum 9:11 11 Until We Meet the Sky 5:01

12 Epilogue 5:15

(CD/DDL 78:52)

(Electronica, psybient)

Solar Fields est le projet musical du synthésiste et ornemaniste sonore Suédois Magnus Birgersson. Depuis 2001, avec la parution de Reflective Frequencies, ce musicien s'est bâti une solide réputation, tout en augmentant son nombre de fans, dans les sphères de la MÉ ambiante et psychotronique. UNTIL WE MEET THE SKY est sa dernière conception. C'est un album étrangement fascinant qui a tranquillement germé lors de la mini-tournée Australienne de 2011. Des idées qui ont pris une forme plus musicale lors d'un voyage subséquent dans les territoires glaciaux de l'Ireland. Ces deux contrastes des continents dépeignent à merveille l'univers de dissimilitude qui entoure ce 10ième opus de Solar Fields où les ambiances parfois apocalyptiques croisent de superbes mélopées angéliques sur des mouvements nourries de séquences libres et indisciplinés qui font planer leurs ombres menaçantes dans un univers stigmatisé d'ondes métallisées. Des ondes irisées qui étouffent et encerclent des tempos fragmentés et isolés, rongés par des approches mélodieuses aussi mélancoliques que méditatives. On écoute cet album comme une longue procession astrale avec des phases qui vont et viennent en crescendo et qui s'étriquent dans des néants astraux tapageurs. Magnus Birgersson a voulu élaborer son petit chef-d'œuvre en une seule longue piste qu'il a découpé en 12 phases qui s'imbriquent dans un décor cinématographique où les rythmes lunaires et les mélodies naissent et meurent de leurs cendres.

Les influences des deux continents s'embrassent avec une filiforme onde synthétisée qui enveloppe le silence. De sombres oscillations en resurgissent, nourrissant les discrets cercles pulsatoires de From the Next End qui tournoient avec la délicatesse des ombres parmi des chœurs et leurs chuchotements de paranoïa intergalactique murmurant dans une faune de bruits blancs. Un bon down-tempo épouse la faible perception oscillatoire d'une intro condamnée par un épais brouillard. Tournoyant avec une envoûtante lascivité, il insuffle une vie parallèle à From the Next End qui reçoit l'offrande rythmique en échappant bien quelques notes limpides ici et là, mais sans jamais s'abandonner à la mince possibilité d'exploser, ne serait-ce qu'un instant. Avec ses des notes de piano errant dans une ambiance de morosité, Broken Radio Echo épouse une approche très mélancolique. C'est un peu comme contempler les ruines d'une cité qui respire à peine sous une pluie acide. Ce mouvement de grisaille apocalyptique se poursuit au-delà de Singing Machine et de ses couches de synthé plaintives qui surplombent une intro sclérosée par une injection de fluides carboniques. Il précède un subtil crescendo qui tranche le débat ambiance/rythme avec des percussions/pulsations qui résonnent telle une suave transe tribale dont l'écho des frappes s'harmonise avec une fusion de chœurs et strates irisés pour se lover au-dessus d’une nuée de sonorités éclectiques. Murmures, gaz en fusion et sonorités de métal en deuil couvrent le très sombre et atonal After Midnight, They Speak avec les notes de piano égarées de Broken Radio Echo qui accompagnent les crépitements d'une autre galaxie. Crépitements qui se jettent dans l'intro de When The Worlds Collide et de sa ligne de basse dont les sourdes ondulations éveillent des strates de synthé qui en épousent les mêmes formes. Des formes aux sonorités ovni qui enivrent et captivent l'intérêt et pour plonge dans un savoureux down-tempo dont le rythme hésitant est noyé dans un bain de sonorités d'un jeu d'arcade. Fumant, le rythme de When The Worlds Collide tergiverse entre la sensualité de Massive Attack (Mezzanine) et celle des robots gobeurs d'orgasmes de Gary Numan. Tout est éclectique et métallique, sauf les émotions qui transgressent la raison d'un titre à l'apparence si froid mais qui cache tant d'émotivité. C'est un gros coup de cœur qui se réfugie dans la limpidité des accords scintillants de Dialogue with a River et sa délicate intro où les reflets du soleil sur une rivière simule un lit d'arpèges scintillant avec l'innocence de sa pureté. Un gros nuage vrombissant perturbe cette quiétude, modifiant l'axe de sérénité de Dialogue with a River qui s'éprend d'un bref rythme lourd et spasmodique avec des percussions sèches dont les frappes meurtrissent les auras des elfes ululant.

Un lent prélude au superbe à Night Traffic City, Forgotten poursuit cette promenade sous les ponts d'une cité en ruine où l'on entend une ondée crépitée parmi les résonances d'une multitude de cerceaux dont l'écho se perd dans une onde de synthé anonyme nous conduisant vers un bref rythme indécis. Et c'est dans ses bruines que le rythme mou de Night Traffic City ondule en épousant les fines pulsations, percussions et fins accords mélodieux d'un clavier aux tonalités hybrides. La mélodie est belle et accrocheuse. Le rythme est coulé dans des ambiances vaporeuses avec des cymbales feutrées et cette fusion de percussions/pulsations métallisées qui sonnent comme des gaz radioactifs. Et le débit est de force oscillatoire 3.5, 5 étant le maximum de débilité de transe-zombiesque. Mais il y a toujours cette ambivalence dans les rythmes et les fluides harmoniques qui rend tout éphémère, fragmenté ou en constante évolution. Et c'est le canevas de UNTIL WE MEET THE SKY. Magnus Birgersson se sert de chaque recoin et de chaque moment pour créer une diversion et donner une nouvelle direction à chacun de ses titres. Ainsi le rythme de Night Traffic City passe sous un long tunnel et perd ses transmissions qu'il regagne graduellement avec un puissant crescendo; chœurs angéliques, cymbales papillonnantes, basse lourde et lignes de synthé dramatique. Le tout s'éclaircit et la structure rythmique épouse une nouvelle tangente, en respect avec toute la dimension de bipolarité des rythmes et mélodies qui fourmillent dans le cœur de cet album. C'est un superbe titre. Sombrero nous plonge dans des ambiances très sombres avec ses accords de piano et clavier qui résonnent dans le néant, avant de nous faire sursauter en tombant avec force dans un rythme aussi inattendu que tranchant. Les cerceaux planants de Last Step in Vacuum nous incitent à rejoindre les bras de Morphée. Un délicat rythme se forge au travers une brume angélique. Des percussions de bois transpercent la nappe de violons célestes, éveillant un tempo échoïque qui se campe sur de bonnes percussions pulsatoires et traçant les lignes d'une stupéfiante mélodie futuriste qui se balance entre 2 univers. Des chœurs angéliques entourent ce tempo, empêchant toute fuite de cet étonnant crescendo aussi émouvant que désarçonnant. Car ce qui suit restera gravé dans vos oreilles pour fort longtemps. Last Step in Vacuum est le long et délicieux prélude harmonique qui recueille chaque note disponible afin d'alimenter nos émotions et faire craquer notre âme dans le rythme lourd et la mélodie surréelle de la pièce titre. Et si on n'a pas le frisson de nos émotions, si on ne refoule pas une larme et si on n'éteint pas le chandelier de nos tourments en sentant les percussions martelées le rythme de nos pulsations et en entendant les spectres hurler de douleur et de désolation sur le rythme lourd, lascif et tellement harmonique de Until We Meet the Sky qui s'écroule sous un tonnerre de stries déchirantes… c'est qu'on y est déjà au ciel! D'ailleurs, les vents d'éther et de métal qui sifflent dans Epilogue sont là pour nous le rappeler.

UNTIL WE MEET THE SKY est un chef-d'œuvre d'émotions croissant en crescendo qui vous saisira dès la première écoute. Dubitatif et méditatif, Solar Fields tisse un imaginaire sonore inépuisable où des sonorités explosent de partout, entourant des rythmes et ambiances prisonniers d'une fascinante poésie d'un univers parallèle. Celui de Blade Runner! Les bribes de mélodies qui errent ici et là, s'accrochant à des rythmes qui naissent et s'évaporent dans des atmosphères de ruines apocalyptiques, sont l'équivalent des œuvres d'un poète à la recherche de lumière. C'est un autre joyau du label Lyonnais Ulimae Records; un label qui ne cesse de m'étonner, tant par la qualité de ses œuvres que de par leurs présentations. Ce label a trouvé le moyen de fusionner l'art électronique. De fusionner l'ambiant et le techno en présentant des œuvres cataclysmiques qui bousculent le courant de la MÉ. Exactement comme UNTIL WE MEET THE SKY bouscule les structures avec une œuvre remarquable qui respire d'un autre genre de vie ambiante. Chapeau Magnus!

Sylvain Lupari (25/02/12) *****

Disponible maintenant au Solar Fields Bandcamp

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