“Un gros album de E-rock alternatif flirtant avec le côté sombre de la musique gothique et industrielle”
1 The Train in Vain 3:38
2 Happy Brain Reset 4:21
3 Around a Square 3:33
4 Fear & Anger Machine 3:57
5 Slow Groove in Dminor 3:38
6 A Split in the Matrix 5:17
7 Polluted by Machines 3:20
8 A Fever with no Cure 9:38
9 Clean Air Factory 4:02
(DDL/CD(r)) (Electro Beat, IDM, Industrial EM)
Il faut l'avouer, Drifting Forward a été une grosse surprise l'année dernière. Eh bien Godfried Stockman et Christian Fiesel récidivent avec un album encore plus percutant. CLEAN AIR FACTORY est un gros album de rock électronique alternatif qui flirte avec l'obscur côté de la musique industrielle gothique. Les deux musiciens s'en donnent à cœur joie avec une éclosion de sons alambiqués qui procurent une surréelle enveloppe de musique abrasive qui enveloppe les genres punk, trip-hop et krautrock dans un univers où le psychédélique côtoie à merveille le côté obscur d'une ambiance propice à rendre toutes oreilles addictives. Une excellente et ambitieuse réalisation du label Allemand SynGate!
The Train in Vain étale en partant toute la richesse sonore que Sonic Research Society entend mettre dans ce CLEAN AIR FACTORY. Très court titre, il exploite à fond ses 3:38 minutes avec une ouverture construite sur deux textures; une qui développe une ondulante et répétitive boucle harmonique, l'autre plante une suite de riffs de clavier tombant sèchement en une forme de staccato. Ces deux éléments se font envelopper d'une brume orchestrale et picorer par des cliquetis avant de se faire matraquer par de robustes percussions qui résonnent comme une ligne de basses pulsations lourdes. Aussitôt ces éléments en place, le rythme se met à serpenter en un mouvement circulaire saccadé pour épouser un mouvement stroboscopique qui sautille dans une riche zone musicale. Le rythme teutonique est à la croisée de Kraftwerk et du krautrock. Sonic Research Society n'a pas tout à fait compléter son ornementation musical et ajoute des lignes de pépiements circulaires, des accords qui fondent sur place et d'autres éléments qui vont et viennent enrichir une structure cousue dans la créativité. C'est beaucoup de sons et une gradation d'un rythme ficelé à une texture sonore évolutive pour un si court titre. Et c'en est ainsi pour les 8 autres titres qui occupent les presque 42 minutes d'un album tout simplement brillant. Happy Brain Reset suit avec une structure nettement plus allumée par des percussions qui ont de la gigue dans les frappes et un effet d'écho résonnant qui sort du rythme. La basse et le caisson grave sont lourds et résonnants alors que le synthé justifie sa présence par de beaux solos harmonieux et des boucles psychédéliques qui semblent nous murmurer un dialogue secret. Ça me fait penser à du trip-hop revampé dans une texture gothique-industrielle. Around a Square est plus atmosphérique du genre musique lugubre pour donjons et crimes barbares. Le nappe de basse rampe comme une bête sournoise alors que les deux artistes multiplient les effets de synthé et ces effets sonores qui surdimensionnent ce décor psybient ténébreux. Avec son rythme et lourd, lent qui est construit sur des percussions convaincantes et des riffs de clavier acides, Fear & Anger Machine est du pur néo-punk industriel. La musique est assez entraînante avec une lourdeur mécanique qui accueille une voix cybernétique parlant à travers un vocodeur. À partir d'une ouverture aussi nébuleuse que vaporeuse, Slow Groove in Dminor fini par se développer en un bon hip-hop alternatif. Le rythme cahoteux est cerné d'une enveloppe de voix chtoniennes alors que le synthé développe une belle mélodie spectrale qui sonne comme un violon appelant l'au-delà.
Premier titre dépassant les 5 minutes, A Split in the Matrix suit avec une envolée d'arpèges qui ondule en un envoutant mouvement ascendant. On croirait entendre une trainée de flocons sombres suivre le corridor imposé par des nappes de synthé dont le timbre de trompette apocalyptique est plus nasillard que grésillant. Les deux éléments sont en contrastes avec le débit fluide des flocons et ces nappes qui coulent au ralenti. Cette union des deux éléments entre dans une phase atmosphérique à la porte des 2 minutes. A Split in the Matrix épouse par la suite une procession qui sautille dans les brumes et harmonies flottantes de synthés plus sibyllins que lyriques. Un violoncelle ajoute une touche assez macabre par la suite, guidant les ambiances vers une structure de rythme saccadée qui pulse dans un autre décor gothique. Polluted by Machines nous fait taper du pied dans un rock alternatif électronique aussi créatif qu'entraînant avec une énergie pour de la musique de danse industrielle dans un environnement aussi riche et original que dans The Train in Vain. Il y a beaucoup d'éléments et d'ambiances dans cet album qui pourraient se retrouver dans une bande sonore pour films de peur. Et du haut de ses plus de 9 minutes, A Fever with no Cure les rassemblent tous. Ce titre pour le moins lugubre débute avec lourde et oblongue nappe de basse qui régurgite ses gargouillis sur un lit de brume résonnante. Une ligne de basse séquences y pulse. Son mouvement ascensionnel tisse un rythme élastique qui ondule sous des airs de synthés qui sont avares de mélodie lyrique. Des effets de sabots qui résonnent sur du béton ajoutent un élément percussif qui charme l'oreille dans ce festival de musique glauque qui rappelle étrangement certaines ambiances de Fever Ray dans son album Fever. Des arpèges plus limpides se mettent à tinter, un peu comme si ils étaient délicatement frappés sur un xylophone. Le rythme devient obsédant avec son côté caoutchouteux qui lui donne un élan continue. Les synthés font crisser leurs ondes fantomatiques dans cet environnement où les armes de l'effroi se cachent dans les recoins les moins inattendus. Un très bon titre qui exploite au maximum ses ambiances macabres dans un contexte de psybient noir et abrasif. La pièce-titre termine cet étonnant album avec un rythme qui pulse sous d'épaisses nappes de synthés abrasives, un peu comme une guitare crachant de longs riffs agonisants. Des percussions dansent la claquette sur les bourdonnements des basses pulsations, donnant une texture de rythme inachevé à un rock industriel des plus décapant. Un gros titre énergique et abrasif qui érafle les oreilles sans pourtant leur enlever tout désir de continuer à écouter ce rythme infernal. À réé couter un album dont la démesure est aussi surprenante que la direction artistique de Sonic Research Society. Chapeau messieurs Godfried Stockman et Christian Fiesel pour ce rafraichissant album tout à fait inattendu!
Sylvain Lupari (15/09/22) ****½*
Disponible au SynGate Bandcamp
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