“Le plus bel album de Sophos dont la complexité s'apprivoise avec enchantement”
1 Scientia 9:22
2 Beyond the Limit 9:22
3 So we know 4:40
4 Messier Catalogue 10:06
5 Dark Energy 5:13
6 New Particles 4:29
7 Apeiron 12:03
8 Gravitational Waves 8:30
(DDL/CD(r) 63:47)
(Progressive EM)
MUEON c'est l'union de deux mots grecs anciens, Mueo : Initiation aux mystères et Eon : Dieu du Temps Infini. C'est aussi le tout récent album de Sophos qui propose ici rien de moins qu'un étonnant album de musique électronique (MÉ) progressive qu'il dédie à la mémoire de Vangelis, la principale source d'inspiration pour Ulises Labaronnie. Suivant les grandes lignes du très bon album Oceanica, ce MUEON à tout pour plaire aux fans d'une MÉ sophistiquement complexe avec des structures en constant mouvement qui jouent entre des phases de rythmes discontinus et évolutifs ainsi que des passages harmonieux et ambiants qui sont divisés entre une vision céleste et une autre plus sibylline. Les textures musicales sont toujours très riches avec des lignes de rythmes adjacentes qui roulent en parallèle et/ou qui s'entrecroisent dans des schémas rythmiques qui flirtent avec le style de Chris Franke, au niveau du dribblage des séquences, et avec de l'Électronica. Idem pour les textures d'harmonies qui sont également évolutives avec des passages entrecoupés par des regains rythmiques ou des phases atmosphériques plus brèves qu'étirées.
Avec une structure de rythme caoutchouteuse qui fait du slalom entre diverses tonalités d'accords et de séquences, Scientia démarre cette nouvelle aventure musicale de Sophos sur les chapeaux de roue. Bien installé sur une séquence de basses pulsations, le rythme est enjolivé par des tonalités de tintements de bouteilles vides avant de se faire harponner par des percussions qui l'attirent vers une vague forme d'Électronica. Les nappes de synthé établissent un périmètre de brume mélodieuse qui cerne l'approche mélodieuse du clavier. Le musicien argentin sculpte ici une structure en constant mouvement dont les modifications passagères reviennent s'ancrer à la première structure de rythme. Ces changements attisent la curiosité de l'écoute, notamment ces courtes phases nébuleuses où l'impression que la musique et son rythme fondent sur place ainsi que ces effets cosmiques qui lui donnent une touche plus progressive, sinon psychédélique. Malgré ces modifications éphémères, la structure reste somme toute très entraînante avec de constants rappels que Ulises Labaronnie aime bien élaboré des passages alambiqués, même dans ses moments les plus accessibles. J'aime bien le jeu du séquenceur qui fait dribbler ses séquences sautillantes et ces nappes de synthé brumeuses qui charment comme du bon Tangerine Dream des années Schmoelling. So we know semble sortir des sessions de ce titre avec une vision rythmique plus accentuée vers une approche mélodieuse. Un titre court qui a du punch et qui est très agréable à découvrir. Beyond the Limit propose une structure stationnaire avec des accords bas et leurs vibrations qui traînent initialement dans un décor sibyllin. Un mouvement de rythme ambiant et sphéroïdal se dessine dans le décor, créant une mélodie cadencée qui tournoie en plaquant une ver-d'oreille rythmé entre les oreilles. Que ce soit par des battements de séquences, basses-pulsations et/ou éléments de percussions électroniques, Sophos lie toujours ces phases de rythmes discontinues à des éléments cadencés plus mélodieux du clavier. Peu à peu, ces éléments rythmiques se greffent à cette lente introduction qui s'accroche de plus en plus au pouvoir du débit irrégulier des basses pulsations animées. Le titre exploite aussi une vision Électronica, plus du genre de EDM, avec des percussions technoïdes qui pulsent dans une vision musicale plus cybernétique.
Messier Catalogue est un peu une fusion des deux premiers titres de MUEON. Sophos exploite divers patterns de rythmes alternatifs dont le débit changeant flirte aussi avec une forme de MÉ plus près des parfums de l'Électronica. Les visions mélodieuses changent aussi d'aspect avec des phases purement angéliques et d'autres plus atmosphériques. Le synthé est plus dominant ici avec de bons solos harmonieux. L'enveloppe de Dark Energy est représentative de son titre avec une nappe de basse ténébreuse qui vibrionne d'une présence satanique. Le séquenceur active un rythme qui sautille vivement sur place, élaborant au final un lent et long mouvement circulaire, alors que le clavier laisse une empreinte mélodieuse ésotérique. Le mouvement rampant de la ligne de basse et les effets sonores tramés dans l'écho de certains accords créent une musique idéale pour film de tension! Mis à part ces lentes nappes de synthé qui traînent oisivement dans les décors de MUEON, la lente ouverture de New Particles est le premier élément tangible de l'influence de Vangelis sur Sophos. L'univers est rempli de ces petits cristaux sonores qui nous amènent aux frontières de Antartica. Le rythme se déploie sur un mouvement zigzagant du séquenceur, une mélodieuse ligne des basses pulsations et de sobres percussions électroniques pour flirte avec les rythmes entraînants de la EDM. Apeiron est un titre purement expérimental avec un soupçon oriental dans le développement de son mouvement qui tangue entre les albums Beaubourg et Invisible Connections du regretté musicien Grec. Ce n'est effectivement pas ma tasse de thé 😊! Gravitational Waves termine ce nouvel album-téléchargement de Sophos avec une dernière structure inspirée de Vangelis. Exploitant le rythme discontinu des premières structures de MUEON, la musique respire un peu plus de cette ouverture vers une vision atmosphérique plus complexe tout en s'arrimant à un rythme technoïd plus près du rock électronique que des planchers de danse. Le synthé sonne comme du Vangelis alors que le séquenceur exploite les visions de Chris Franke. Au final, ça donne un titre légèrement plus complexe, tout en étant solidement entraînant par moments, avec du Vangelis sur du Tangerine Dream. Comment ne pas aimer?
Je vous mentirais si je vous disais que ce MUEON est un album qui captive dès la premières écoute…même les premières écoutes. Certes sa découverte initiale laisse entendre de beaux flash qui nous incite à récouter ce dernier album de Sophos. C'est au fil des écoutes, je l'ai écouté au moins 8 fois avant d'écrire sur l'album, que l'on découvre sa richesse et qu'on accroche littéralement sur sa musique. Remarquez que les courts titres aident beaucoup. C'est sans doute le plus bel album de Ulises Labaronnie dont la principale qualité est d'être harmonieux, à tous les niveaux, même dans sa complexité qui s'apprivoise avec enchantement.
Sylvain Lupari (13/09/22) ****½*
Disponible au Cyclical Dreams Bandcamp
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