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Writer's pictureSylvain Lupari

Spyra InSPYRAtion (2019) (FR)

Updated: Nov 12, 2023

Spyra retourne à au Berlin School avec sa vision unique d'Électronica

1 Zeitstaub 29:27

2 Flying Thoughts 15:31

3 Lux Aeterna 10:18

4 Aerial Vox 19:13

(CD 74:29)

(Berlin School & Electronica)

L'histoire, l'évolution de Spyra démontre que le musicien Allemand aime garder son auditoire sur le qui-vive. Celui qu'on a longtemps surnommé le Klaus Schulze de la nouvelle décennie aime bien étaler son savoir faire en visitant toutes les zones de la MÉ, du Berlin School à de la musique ambiante, en passant par de l'EDM et même un petit tour de musique pastorale. Et chaque album suscite réflexion mais fini par combler les amateurs de MÉ. La question est de savoir quand, et après combien d'écoutes? Même le sublime Dunst ne charmait pas à la première écoute. En 2017, il concoctait un album pour le moins étrange, pour ne pas dire énigmatique, avec les participations de Mani Neumeier, Konstantin Athanasiadis et Roksana Vikaluk. Requiem - Eine Musik Für Den Herrenabend nous amenait vers des territoires de musique sombre avec une vision pastorale qui limitait les explorations et improvisations d'une MÉ plus typique de la Berlin School. Même sans ces dimensions, la musique de cet album commandait quelques écoutes avant de bien l'assimiler et de tomber sous ses charmes austères. Il faut dire que le bouillant Lux Aeterna, présent sur cet album, avait tout les outils pour nous amener vers un sommet musical dont nos sens avaient grandement besoin. C'est à ces instants que l'union musicale entre Spyra et Roksana Vikaluk était consumé. InSPYRAtion est un enregistrement du concert donné par Der Spyra et Roksana lors d'un festival de musique à Solingen, Allemagne. Et il est à des milles de cet album avec une musique nettement plus énergique avec en prime une vision plus Berlin School. Mais quand, et après combien d'écoutes…

C'est avec un gros fracas de réverbérations que Zeitstaub enveloppe nos oreilles. Des lignes s'échappent de ce noyau sonore, dont une approche lumineuse qui chatoie comme une eau limpide et qui fait danser ses clapotis sonores en une symphonie de prisme chantant. Une ligne plus réverbérante couche ce léger tumulte, Zeitstaub embrasse alors une phase plus éthérée avec la voix de Roksana dont les murmures célestes viennent en conflit avec des nappes de synthé parfumés des orchestrations flottantes de Vangelis. La voix est haute et les armures du synthé sont à l'opposées. Les deux approches dévient vers une autre phase de Zeitstaub qui reste emmuré dans des ambiances sibyllines. La première ossature de rythme naît d'une fontaine de cliquetis avec une ligne de séquences qui monte et descend en ajustant sa course par la vélocité du séquenceur et de sa structure circulaire. Des nappes de synthés, assez angéliques, emmitouflent ce mouvement que nos oreilles oublieront quelques minutes plus loin. Déjà, une autre ligne du séquenceur enlace ce mouvement alors que les nappes de synthé deviennent plus denses, comme plus musicales aussi. Cette ligne se dandine, amplifiant la forme polyphasée que Zeitstaub couchera pour ses prochaines 20 minutes. Cette structure qui monte et descend sur un ruisseau de séquences toujours actif dans le décor, amasse différents effets et autres séquences dont les formes incomplètes donnent un poli plus bigarré à ce rythme qui sera la principale arène entre le synthé, et ses solos fantomatiques, et la voix de Roksana et ses murmures de Diva interstellaire. À ce propos, j'avais écrit dans la chronique de Requiem que ce duo serait probablement plus audacieux que le tandem Schulze & Gerrard à cause de la vision plus progressive de Spyra. Et ce Zeitstaub confirme ces écrits.

Le ruisseau qui enjolivait son décor scintille aussi en ouverture de Flying Thoughts, ainsi que ce mouvement onirique du séquenceur. Le rythme devient léger avec une forme sphéroïdale spasmodique où des carillons se mettent à danser, comme ces figurines géantes animées par des souffleurs. Un piano dépose légèrement ses notes dans ce décor séraphique qui porte la signature de Spyra. Ces notes errent sans but alors que la ritournelle séquencée maintient les charmes, et l'intérêt pour mes oreilles, jusqu'à ce qu'un gros aspirateur avale ce duel vers la 7ième minute. Dès lors, Flying Thoughts plonge dans un capharnaüm de tons et d'effets. Des petits pas courent partout, la ligne de rythme séquencé est clairement en mode survie alors que le piano étend son charabia dans une 2ième partie où l'improvisation mange carrément l'inspiration. Malgré quelques lueurs harmoniques, cette section est la plus difficile de InSPYRAtion. Lux Aeterna est aussi énergique que sur Requiem. Ce mélange d'EDM et de concerto pour voix affligées débordent vers Aerial Vox, un solide titre qui change de peau, comme un serpent musical et ses mutations. Son intro propose un piano, nettement plus musical, qui est un rejoint par un clavier lumineux et ses arpèges de verre bleuté. Des effets de percussions tracent un genre Lounge alors que de la brume vaporeuse donne un aspect de nébulosité propre au style Berlin School. Le rythme s'anime pour devenir un up-tempo qui n'est pas tout à fait mature et qui est plutôt dans le style psybient avant d'embrasser une phase de musique de danse, dans le style Spyra, avec de très bons solos de synthé. La finale devient toxique et débouche vers un Électronica plus pur avec Roksana au chant dans un style Electro-Orient. Le rythme se tranquillise pour atteindre une finale éthérée qui décrète la fin d'un concert dont les 2 derniers titres feront oublier les 2 premiers qui à leur tour, deviendront ces titres qui nous conduiront avec joie vers la 2ième partie plus entraînante de InSPYRAtion.

Donc, quand et après combien d'écoutes j'ai apprécié ce dernier album de Spyra? Mis à part la 2ième partie de Flying Thoughts, ça s'est fait assez vite…Mais pour finir, et pour un album en concert, ça reste un autre très bon album de Spyra. Difficile de survivre à Dunst!

Sylvain Lupari (02/07/19) ***½**

Disponible chez Groove

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