“Cet album est une bouffée d'air frais où la musique pastorale va très bien avec les effets de monastères décrépits et d'une forme latente d'Électronica”
1 Pre Scriptum 2:14 2 Introit 5:14 3 Kyrie Eleison 7:52 4 Dies Irae 5:41 5 Domine Jesu Christe 2:37 6 Sanctus 8:35 7 Agnus Dei 8:24 8 Lux Aeterna 9:28 9 Post Scriptum 1:34 Ersten Kasseler Herrenabend
(CD 51:41) (Avant-gardist Music)
C'est au prestigieux festival de musique d'ambiances de Gorlice, en Pologne, que l'on a pu entendre le duo très éclectique de Roksana Vikaluk et Spyra. On peut trouver un extrait sur l'album XV Edition Mpm Ambient Festiwal Gorlice (Live). C'était en 2013. Depuis, Spyra nous avait offert le stupéfiant Staub en 2014. Et puis, à part quelques prestations du duo à différents évènements artistiques, silence! C'est donc avec excitation que j'attendais ce fameux REQUIEM. Et comme à chaque fois, partir à la découverte de la musique de Spyra est un voyage au pays des surprises et des trucs difficiles à assimiler en une première écoute. Mais la clarté des tons, ce mélange de cantique et d'électronique et cette voix très éthérée, on dirait un ange, de Roksana Vikaluk ont débloquer ce tiroir nommé: ouverture d'esprit. Et c'est ainsi que j'ai tombé dans les milles et uns charmes de ce REQUIEM - Eine Musik Für Den Herrenabend.
Composé par le percussionniste de l'album, Mani Neumeier (il a aussi composé Post Scriptum), Pre Scriptum attire nos oreilles avec des tintements carillonnés qui pétillent dans un univers d'humidité. Ces ambiances sont le parfait, et fascinant, prélude à Introit. On reconnait les touches de Spyra qui dessine une structure mélancolique. Les réverbérations du martèlement du clavier se veut un douillet lit musical qui attend les incantations de la nouvelle diva de l'électronique Roksana Vikaluk. Le mouvement oscille entre tendresse et fureur, de par la dureté des touches de clavier, avec de bons élans d'émotivité, forgés par une bonne ligne de basse, pour atteindre une forme de sérénité avec le saxophone de Konstantin Athanasiadis. Kyrie Eleison récompense déjà notre ouverture d'esprit avec une belle ouverture minimaliste à la Philip Glass. Le mouvement trouve sa débâcle en mi-parcours avec un piano qui isole ses larmes dans une épaisse faune de bruits blancs et de cognements spectraux. Le piano est très beau et attire ces éléments de tapages vers une finale plus musicale. Dies Irae est un titre qui demande plus qu'une écoute! Le piano étend une ritournelle virginale sous les brises d'un synthé et de ses soupirs aussi tranchant qu'une lame d'acier. Cette dualité éclectique est amplifiée par des mouvements de basse mais est aussi amadouer par une splendide chorale angélique. Une air d'harmonica infiltre le mouvement qui est devenu plus musical avant qu'une ligne de basse, des cognements durs et explosifs ainsi qu'une voix de terreur nous amène au grenier d'un vieux monastère et de ses secrets les plus viciés. Cette finale très théâtrale domine les belles ambiances liturgiques de Domine Jesu Christe. Un vrai cantique religieux! Comme il se doit, Sanctus est un titre d'ambiances sombres qui gagne en intensité avec la voix très charnelle de Roksana Vikaluk. La patience est de rigueur afin d'amadouer ce lourd mouvement pourtant très réaliste. Agnus Dei est une perle de tendresse avec son duel piano/synthé. L'apothéose de REQUIEM atteint sa finale avec l'excellent Lux Aeterna, un titre très vivant qui éclate de son enveloppe d'Électronica cernée par une voix plus qu'aérienne de Vikaluk. Un pur délice! Post Scriptum termine cet étonnant album avec une suite logique et plus musicale que Pre Scriptum.
Malgré mes commentaires à l'effet qu'une ouverture d'esprit est souhaitable pour déguster REQUIEM, il n'en demeure pas moins que c'est effectivement un bel album avec un duo qui pourrait devenir plus intéressant que celui de Schulze/Gerrard à cause de l'audace de Spyra qui aime évoluer hors des sentiers battus, et les immenses capacités de Roksana Vikaluk, tant avec sa voix que son piano électrique. Éclectique, certes, cet album est une bouffée d'air frais où la musique pastorale se moule très bien aux effets de monastères décrépis et une latente forme d'Électronica qui souffle nos oreilles. Un autre grand album de Spyra qui excelle dans l'art de réinventer son style.
Sylvain Lupari (04/10/17) ***½**
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