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Writer's pictureSylvain Lupari

Spyra Staub (2014) (FR)

Updated: Nov 12, 2023

Staub est un étonnant album où le génie de Spyra est sans équivoque

1 Dusk 6:54 2 Staub 9:22 3 Glacier 7:50 4 Etude 6:09 5 Ecce Homo 12:17 6 Flur 7:21 Butterfly Collector | BFLY009

(CD 50:10) (Retro & New Berlin School)

Voilà plus de 4 ans que Spyra n'avait pas chatouillé nos oreilles de ses tonalités complexes. La dernière œuvre en lice fut le très ambiant 0B41H. Un album où Spyra entraînait ses fans dans de longs corridors soniques dépourvus de rythmes, de séquences. Structuré sur les tonalités éclectiques du Juno 6, STAUB est avant tout le fruit d'une réflexion sur la MÉ, de ses racines à ses derniers bourgeons, que Wolfram Spyra exorcisait depuis la parution de 0B41H. Errant comme un prédateur nocturne entre les USA et l'Ukraine en passant par l'Angleterre et la Pologne, le synthésiste Allemand colligeait une foule d'idées. Sa proie? Le Juno 6! Extirpant des séquences prismiques qui se fondaient dans le chaos de rythmes inconséquents et en perpétuelles métamorphoses, Spyra montait graduellement le canevas d'un fascinant album où les rythmes ambiants des années vintage étaient dorénavant confrontés à de séduisantes mélodies contemporaines. Composée, jouée et enregistrée en une seul piste de nuit, la musique de STAUB offre une fascinante dualité entre la noirceur et la limpidité. C'est un étrange ballet truffé de chorégraphies contrastantes. C'est aussi une séduisante ode pastorale où les ombres rampent sur de naïves mélodies qui cherchent à s'ancrer aux portes de nos oreilles.

Et ça débute avec le très sombre Dusk et ses ondes de basse vampiriques qui terrorisent une lignée d'ions sauteurs. Ces séquences basses estampillent les ambiances d'une série de petits pas furtifs qui sautillent aussi vivement que paisiblement dans les sourdes impulsions d'une ligne de basse et de ses sinistres réverbérations. Bien que très agité, comme les pattes d'un canard sous l'eau, le rythme de Dusk demeure délicieusement ambiant. Spyra exploite les possibilités du Roland Juno 6 avec une autre série d'ions qui scintillent dans des tons plus lumineux et virevoltent comme des feux-follets cherchant une sortie dans une forêt maculée d'un noir sinistre et enveloppant. Une délicate mélodie émerge de cette étrange dualité entre la noirceur et la limpidité, dévoilant les charmes d'une musique secrète dont le crescendo, toujours paisible, s'appuie sur cette série de petits pas qui s'excitent dans une finale où des élytres de métal éveillent des tonalités plus lumineuses et dont les coups vifs ne viendront jamais à bout de ce long manteau noir que la ligne de basse à déployée tout au long de Dusk. Une série de touches galopantes perce le silence statique de la pièce-titre pour gambader dans un pattern de rythme alternatif. Séquences basses et claires ajustent leurs danses statiques, alors que des ombres noires cernent cette fragile approche de ritournelle qui ondule si harmonieusement dans un pattern rongé par une enveloppe sibylline. On sent l'approche improvisée de Spyra qui sait comment retourner un 10 sous sans que l'œil ne suive le mouvement. Ça reste fluide mais relativement ambiant et les séquences tintent de tonalités écarlates dont les reflets se perdent dans l’ambiguïté des ombres noires. Avec sa cavalerie de séquences qui scintillent comme les réflexions d'un soleil froid sur une immense banquise, Glacier est aussi glacial que son appellation. Si la structure des séquences est ingénieuse, la tonalité qui en ressort peut érafler les ouïes sensibles au chaos sonique.

Etude est un petit bijou que me rappelle les œuvres de Peter Baumann. Les séquences sont délicates. Elles battent de leurs tonalités contrastes; limpides et basses, mélodieuses et rythmiques, dans les chants nasillards du synthé, fusionnant un rythme ambiant qui tournoie délicatement dans une enveloppe synthétisée archi-mélodieuse. Une flûte très Baumann vient emmitoufler ce délicat mouvement de ballet où des séquences tournoient aussi innocemment qu'une âme pure à l'orée d'un champs de vice. C'est le genre de mélodie envahissante qui nous rappelle combien la MÉ peut être divine. Ecce Homo est le titre le plus paisible sur STAUB. Il y a de beaux moments ici qui rappellent ceux de Klaus Schulze et de sa période Mirage. Notamment avec ce concerto de séquences limpides qui chatoient dans un beau passage minimaliste. Bien que les séquences, toujours nourries de tonalités claires-obscures, se déchaînent avec de vifs mouvements et ruades, le rythme reste accroché aux oscillations désordonnées d'une ligne de basse dont les résonances éveillent des fragrances d'une orgue ténébreuse. Impression qui perdure tout au long de Flur dont l'intro est meublée d'une étrange marche funèbre. À l'instar des sombres fluctuations qui nourrissent les énigmatiques ambiances de STAUB, les ombres des ondes de la ligne de basse crachent du feu grésillant. Le mouvement adopte plus de fluidité avec de souples oscillations qui vont et viennent dans une étrange enveloppe baroque où le temps semble se fracturer entre plusieurs époques.

Quand la simplicité s'habille de complexité, ça donne STAUB. Étonnant et fascinant, ainsi que dur parfois pour les oreilles, Spyra offre tout le duel d'une MÉ qui se nourrit de ses antipodes. C'est un album rempli d'ambiances nocturnes, de mélodies absconses et de rythmes dont les murmures intérieurs amputent toutes formes de déchaînements qui est l'égal des nuits de tourments où les idées se noircissent d'une enveloppe créatrice que le jour ne peut égaler.

Sylvain Lupari (8 Décembre 2014) *****

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