“Cet album mélange à merveille des ambiances de film du genre Blade Runner autre musique de Vangelis”
1 Morning's Light 7:38 2 Nightflight 8:07 3 Memories of Tomorrow (November 2019 Mix) 9:38 4 Deckard's Dream 7:19 5 Times Remembered (Robot's Dream Version) 8:24 6 Star Field 7:29 7 Mare Tranquilitatis (Orbital Flight Mix) 6:10 8 Rachel's Dream 8:00 9 Beneath (Ambient Version) 6:33 10 JFK (Memorial Mix) 7:20 SynGate Wave | CD-R SD01
(DDL/CD-r 76:42) (V.F.) (Melodic Electronica, cinematic ambiences)
SynGate étend ses tentacules vers d'autres genres musicaux. Après la division Luna, destinée à la musique d'ambiances expérimentales qui a été mise sur pied à l'automne 2012, l'estimé label Allemand vise une MÉ plus mélodieuse à caractère épique. De belles histoires mises en MÉ! Le dernier album de Bouvetoya, Blue Planet Talisman, inaugurait ce label qui fut mis sur pied au tout début de 2016. Inspiré du film Blade Runner, MIDNIGHT est le 2ième album de cette nouvelle division de SynGate. Mark Dorricott et Stan Dart, que l'on a entendu avec Alien Nature dans Accelerator, surfent à peu près sur les mêmes vagues de sons. C'est par le biais de Soundcloud que les 2 musiciens se sont rencontrés. Très attiré par le piano de style Jazz Chill de Mark Dorricott, Stan Dart l'a convaincu de faire un remix d'une de ses compositions, In A Silent Way. Devant le succès de ce remix, le duo a entrepris de faire un premier album (Events) qui était entièrement inspiré de la musique de Mark Dorricott que Stan Dart remodelait et remixait dans une enveloppe très lounge avec même quelques titres assez dansables. Events a reçu un bel accueil des critiques et du public, encourageant les deux complices à travailler sur un nouveau projet. Ayant tous les deux une très forte attirance pour le film Blade Runner, Stan Dart débutait une nouvelle chasse à la musique de Mark Dorricott afin d'en faire des remixes dans l'esprit de la musique du film culte de Ridley Scott. L'idée de base était de faire une musique qui serait une suite à la musique de Vangelis. Stan Dart pigeait donc dans le catalogue de musique d'ambiances de Mark Dorricott afin de créer une musique qui répondait à la vision des deux musiciens qui voulaient à tout prix resté hors des emprises de la musique de Vangelis.
Un peu comme la nuit qui s'évade, une lourde et sombre nappe de synthé nimbée d'une chorale séraphique ouvre les ambiances de Morning's Light. Dès les premières minutes de MIDNIGHT, on se sent avalé par les ombres d'une ville sans soleil. Des arpèges légèrement musicaux ornent cette lente descente de la nuit. Peu à peu, les ombres se dissipent et les explosions de gaz industriels entachent ces ambiances alors que les arpèges retrouvent les couleurs d'un piano qui peine à forger une mélodie et, plus tard, d'un clavier qui émiette sa mélodie fantôme dans des orchestrations qui se fondent à cette lourde nappe dont les parfums d'orgue ténébreux contraste avec les chants sibyllins d'une chorale sans ombres. Le ton est donné et nous pénétrons dans les couloirs opalescents de cette histoire. Si Nightflight est tout autant ambiant, il offre une délicate structure de rythme flottant avec de fins cahots forgés dans une ligne de basse hésitante. Ce rythme volant supporte une nuée de lignes de synthé tatouées de bruines grisaillantes ainsi que des notes d'un piano pensif qui erre comme des prismes dans une nuit ornée des moroses harmonies flottantes volées à un saxophone solitaire. Memories of Tomorrow (November 2019 Mix) se nourrit des mêmes mystères que Nightflight, sauf qu'ici le saxophone est remplacé par la voix de la chanteuse espagnole Miss King et que le piano est résolument en mode mélodie ambiante. C'est du lounge ambiant où la voix de Miss King nous transporte vers les secrets de la nuit. C'est avec Deckard's Dream, une composition originale de Stan Dart, que le rythme soulève les ambiances de MIDNIGHT. Nous entrons dans une section où l'électronica et l'Ambient House est paré de beaux arrangements et de rythmes sphéroïdaux. Une ligne de piano étend une suite de notes qui volètent en cascades. Dansant dans les résonances de ses ombres, ces notes tissent une structure de rythme ambiant avec deux lignes qui entrecroisent leurs destinées harmoniques. C'est une très belle intro qui ancre sa courte mélodie dans nos neurones. Des soupirs d'une ligne de basse amène une dimension plus dramatique alors que le piano continue de défiler ses lignes d'harmonies dans un background enrichi d'ombres soniques flottantes. Les cliquetis et les pulsations qui tombent forgent un très bon mid-tempo qui s'enrichit de percussions sobres. Des lignes de voix et d'orchestrations transportent ce genre d'hymne à la joie avec ce très beau piano qui s'est maintenant infiltrer dans nos neurones. C'est un très beau titre, très accrocheur, avec des arrangements qui nous donne le frisson. Et maudit que le piano est envahissant!
Il revient nous hanter de nouveau dans Times Remembered (Robot's Dream Version) et sa structure de rythme qui tournoie comme un long lasso stroboscopique. Les effets saccadés, la ligne de basse légèrement pulsatoire et les percussions qui claquent comme des sabots de bois forgent un mid-tempo un peu plus rapide que Deckard's Dream alors que les effets ajoutent une touche plus surréaliste. Le titre est entrecoupé par un piano très mélancolique qui étend sa tristesse dans des parfums de voix. On accroche aussi aisément sur ce titre. Toujours très omniprésent, le piano de Mark Dorricott émiette des notes qui tombent des nues de Star Field pour tournoyer dans des voiles de brume et de voix. Des pulsations s'extirpent de ces voiles pour forger un rythme légèrement palpitant où les notes de piano volètent comme de minuscules coups de ciseaux. Le rythme qui suit est un genre de Hip-Hop très pondéré qui débouche sur un genre d'Acid Jazz. On nage toujours dans la section Électronica de l'album avec le rythme nerveux de Mare Tranquilitatis (Orbital Flight Mix) et ses battements dont les effets circulaires supportent la mélodie ascensionnelle du piano qui livre ici un beau duel harmonique avec une guitare. Ici comme ailleurs, les arrangements sont denses et maquillent cette structure de rythme sec et nerveuse d'un séduisant enrichissement. C'est sans doute la principale force de cette deuxième collaboration Dart/Dorricott. Rachel's Dream est une autre composition de Stan Dart qui démontre sa capacité à sculpter des rythmes vivants qui se nourrissent fort bien des arrangements. C'est vivant et très entraînant avec des nuées de violons en staccato et des lignes de synthés enveloppantes qui enserrent un rythme destiné à un plancher de danse et de transe. Beneath (Ambient Version) calme un peu la fougue des 45 dernières minutes avec une structure méditative dont les battements et les arrangements rappellent le dernier rendez-vous de Jean-Michel Jarre avec Ronald McNair. Ici, le saxophone est remplacé par des roulements de percussions et le délicat piano ambiant de Mark Dorricott. JFK (Memorial Mix) revient sur la phase des rythmes accrocheurs avec une structure très entraînante à la genre Franky Goes to Hollywood où le piano, toujours séduisant, vole ses notes à Star Field. C'est de la musique de danse bien faite, énergique et saccadée, avec de très bons effets et arrangements qui clôture un album dont l'un de ses nombreux charmes est sans doute son identité hybride entre des rythmes Électronica et des ambiances cinématographiques qui amènent MIDNIGHT, et l'auditeur, à un autre niveau.
Sylvain Lupari (12 Avril 2016) *****
Disponible au SynGate Bandcamp
Comments