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Writer's pictureSylvain Lupari

Starterra Edge of Eternity (2023) (FR)

Un univers de rythmes ambiant en constamment en mouvement

1 Edge of Eternity 12:24

2 Cosmic Drift 10:06

3 The Sigil 9:58

4 Incantation 12:02

5 Terraformation 9:26

(DDL 53:56) (V.F.)

(Ambient Pacific School)

L'année 2023 s'achève tranquillement et j'allais oublier de vous parler de ce merveilleux petit bijou de Berlin School ambiant, le genre Pacific School quoi, de Starterra. Lancé sur le portail Aura, EDGE OF ETERNITY marche dans les entiers de Transformation Cycles. Le panorama est quasiment identique avec cette vision de psybient modéré et de chill-out cosmique. On retrouve ces jets de gaz cosmique, ces routes intergalactiques ornées de poussières d'étoiles, ces lits de basse bourdonnants, ces chants de synthé aux trompettes célestes et/ou aux airs apocalyptiques irradiés dans un univers de rythmes fractionnés en de courts ou d'oblongs mouvements qui sont appelés à disparaître pour revenir avec un subtil changement de peau. On retrouve ainsi une diversité de rythmes ambiants où les séquenceurs structurent des mouvements parallèles qui s'entrecroisent dans des chorégraphies oniriques pour bercer nos oreilles au-delà les étoiles. C'est ainsi d'ailleurs que débute cette 3ième collaboration entre Chris Bryant et Don Tyler.

Une onde sonore montante est à l'origine de la pièce-titre. On entend d'étranges pépiements qui se perdent sur des orchestrations à la Vangelis. Des jets de gaz confirment que nos oreilles sont à la porte du Cosmos, alors que s'agitent quelques accords rythmiques qui battent en suspension. De lourdes trainées de la basse résonnent tout en peignant un panorama cinématographique dramatique. Le séquenceur émiette toujours des arpèges qui sautillent ici et là, tentant de joindre les bouts afin de lancer un premier duel rythmique. Edge of Eternity traverse par contre une longue phase atmosphérique de 3 minutes, après la 4ième minute. Le séquenceur sculpte alors un mouvement stationnaire avec des ions qui sautent mollement en alternance entre des lames d'effets sonores qui donnent l'impression d’accélérer son mouvement. Après une ouverture typique où peindre en musique le Cosmos relève d'une hérésie artistique, Cosmic Drift s'éveille doucement sur le mouvement scintillant d'une nuée d'arpèges défilant comme une rivière de prismes en suspension. Le rythme va et vient en jouant sur une permutation sonore, allant de faible à élevée, sur un lit de basse synthétisée qui ajoute une profondeur ténébreuse à cet oblong rodéo cosmique du séquenceur. Des jets de gaz, des arpèges qui brillent comme des ombres réfractaires, des harmonies de synthé qui roulent en forme de boucles et des scintillements organiques ajoutent une dimension science-fiction industrielle à la lente évolution de Cosmic Drift qui, si on y pense bien, propose une musique qui est en harmonie avec son titre. Une autre ligne de ce rythme passif émerge peu avant la 5ième minute. Son mouvement disloqué court en traçant des zigzags qui tournoient en de délicieux effets stroboscopiques dans une lente finale toujours agrémentée par cette scintillante flore tonale typique aux œuvres du label Exosphere.

Un bourdonnement plus musical sillonne un océan de poussières d'étoiles en ouverture de The Sigil. L'ombre de la basse vibrionne plus lourdement, en même temps que des accords pétillent dans ce vaste corridor cosmique et que des complaintes de synthé complètent ce climat de tension cinématographique. Les jets de gaz pullulent. Un délicieux mouvement du séquenceur en émerge d'ailleurs quelques secondes avant la 3ième minute. Sculptant un rythme minimaliste qui relance l'écoute après un zigzag stroboscopique, ce rythme se fractionne en 2 parties. La seconde, plus en mode ascendant, dessine un hypnotique rodéo astral, plus harmonique que rythmique, qui berce nos sens tout près de Sigil. La finale nous fait dériver en état d'apesanteur dans un univers sonore qui respecte les dimensions hétérodoxes du duo Californien. Incantation accueille nos oreilles avec son lit de bourdonnements où gémissent des complaintes de synthé. L'environnement fait très Vangelis, exception faite de ce caractère très industrialisé des ambiances tissées par Starterra. Le titre s'éveille donc lentement dans un autre de ces décors qui a les teintes et les formes d'éruptions volcaniques. Le séquenceur active une ligne d'arpèges légèrement cadencés qui sautillent mollement dans ce panorama cosmique surréaliste. Le timbre des séquences varient entre la couleur du grésillement et celle un peu plus sombre des basses séquences. Ce premier rodéo intersidéral nous guide vers la 5ième minute, là où le séquenceur illumine les oreilles et active les sens avec une tonalité de téléphone interstellaire qui résonne sur un lit de drones plus lourd et percutant qu'au début. Nous dérivons dans une phase plus atmosphérique avant que le rodéo astral ne revienne dans une dimension plus évolutive où ce rythme ambiant transforme sa forme et sa tonalité, toujours en restant ancré dans cette vision de Pacific School qui traverse les 54 minutes de ce 3ième effort du duo Bryant-Tyler. Terraformation termine EDGE OF ETERNITY avec un mouvement plus vif du séquenceur. Et cette première ossature est stationnaire et est surtout un prélude à ce que le séquenceur active une seconde ligne de rythme minimaliste et dont les boucles répétées rappellent le magique univers de Chris Franke. Terraformation se développe avec plus d'intensité, y allant même d'un vif et lourd mouvement de séquences papillonnées vers sa finale, rappelant que l'univers de Starterra est toujours en mouvement.

Sylvain Lupari (24/12/23) *****

Disponible chez Exosphere Bandcamp

(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

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